La grippe saisonnière, grande absente de l’hiver
Alors que la Covid-19 est dans toutes les têtes et qu’elle semble être l’épidémie dominante la grippe saisonnière, elle, paraît éteinte. On vous explique pourquoi.
En général à cette époque de l’année, l’épidémie de grippe saisonnière touche à sa fin. Elle débute souvent fin décembre - début janvier, et dure entre dix et onze semaines. Nous devrions donc être sur la fin de l’épidémie. Mais alors que le gouvernement a enjoint la population à se faire vacciner contre la grippe, à la mi-octobre, où en est-on de l’épidémie de grippe saisonnière qui touche chaque année, entre deux et six millions de Français et donne lieu à environ 10 000 décès ?
Aucun cas grave signalé depuis octobre
Dans son bulletin de surveillance épidémiologique, Santé Publique France relève que depuis le 5 octobre dernier, aucun cas grave de grippe n’a été signalé par les services participant à cette surveillance.
« Dans la situation actuelle, la surveillance de la grippe repose uniquement sur les diagnostics confirmés de grippe : données virologiques, cas graves de grippe admis en réanimation et les signalements d’épisodes d’infections respiratoires aiguës liés à la grippe dans les collectivités
« Quand deux virus épidémiques circulent en même temps, sur un même territoire et ciblent la même population, ils s’opposent... »
de personnes âgées », précise l’organisme.
Dans son bulletin hebdomadaire dédié à la surveillance épidémique de la grippe, l’OMS émet deux hypothèses.
Si l’activité grippale reste à un niveau très bas, c’est « probablement en raison de l’impact des divers problèmes de santé publique et mesures sociales mises en oeuvre pour réduire la transmission du SRAS-CoV-2 », relèvent les spécialistes.
L’impact de la fermeture des écoles
De plus, souligne Santé Publique France, « il est très probable que les mesures de contrôle de la pandémie de la Covid-19 prises par l’ensemble des pays (gestes barrières, mesures de distanciation physique, port du masque, fermeture des écoles, voire confinement de la population, etc.) soient à l’origine de cette situation inédite, sans que l’on puisse toutefois exclure des phénomènes d’interférence virale qui empêcheraient ou limiteraient fortement une circulation concomitante du SARS-CoV-2 et des virus respiratoires saisonniers, comme la grippe ».
En bref, les voies de transmissions de la grippe saisonnière ont été « supprimées » par les mesures barrières.
Pas de place pour deux virus
Mais cette hypothèse pourrait ne pas suffire à expliquer cette absence d’épidémie de grippe saisonnière. Bruno Lina, professeur de virologie et membre du Conseil scientifique avançait en décembre dernier sur France 2, une explication scientifique : « Quand vous avez un virus qui est très installé d’un point de vue épidémique, comme le Sars-Cov-2, il n’y a pas la place pour qu’un deuxième virus vienne co-circuler en même temps de façon aussi abondante ».
Plus précisément : « Maintenant que le coronavirus est implanté sur le territoire, il y a une concurrence entre les deux virus. On parle ainsi d’interférence virale : quand deux virus épidémiques circulent en même temps, sur un même territoire et ciblent la même population, ils s’opposent et c’est le virus qui a le potentiel de croissance le plus important qui prend le dessus », expliquait le spécialiste à 20minutes.