Adrian Ursea : un moral à toute épreuve
Amoureux du jeu, Ursea, qui a été intronisé en décembre, a vu son projet perturbé par les blessures à répétition et les échecs individuels. Mais il ne désespère pas pour la fin de saison
Deux victoires de rang en championnat, ce n’était encore jamais arrivé pour Adrian Ursea en Ligue 1. Vainqueur à Rennes et de Nîmes sur le même score (2-1), le technicien roumain était soulagé d’entrevoir un début de continuité dans les résultats trois mois après son intronisation sur le banc du Gym. Une qualification dans le derby en Coupe de France aurait bonifié la bonne période et confirmé les progrès collectifs entrevus. Un projet tombé à l’eau la veille du match avec la blessure d’Atal.
Monaco en Coupe de France : un couac quasi-inévitable
Déjà privé de Boudaoui, le staff niçois avait bossé toute la semaine sur un plan de jeu qui n’existait plus. « Adrian avait ciblé le latéral gauche monégasque avec la vivacité et la percussion d’Atal en un contre un, souffle une source interne. Youcef ne voulait plus jouer si haut sur le terrain, mais le coach l’avait convaincu que c’était la solution idéale en attendant le retour de Rony. Sans Boudaoui et Atal, l’équipe ne luttait plus à armes égales avec un adversaire qui dispose d’une telle profondeur de banc. » Si Adrian Ursea n’a eu aucun mal à reconnaître la supériorité de son adversaire, il aurait aimé bénéficier du même temps et confort de travail que Niko Kovac pour perfectionner son système et ses principes de jeu. « Vaincre et convaincre », tel a toujours été le credo du technicien de 53 ans, amoureux du 4-3-3, du jeu de possession et du contre-pressing qui permet d’attaquer tout en se préparant à défendre. L’enchaînement des matchs, la Covid et surtout les blessures à répétition ont constamment contrarié ses ambitions. « On a eu pas mal de réussite l’an dernier avec cette cinquième place accrochée. Cette année, on dirait qu’on subit le revers de la médaille », regrette un salarié. C’est simple, en vingt rencontres disputées jusqu’ici, Adrian Ursea n’a jamais pu aligner deux fois de suite la même compo. Si seulement les remplaçants se montraient au niveau des titulaires...
Pelmard, Myziane et Nsoki ont grillé leurs jokers
« Notre priorité, c’est de récupérer les blessés pour relancer la concurrence, remettre de l’émulation dans le groupe » répète le coach niçois sur chaque point presse. En interne, le discours s’est durci après la défaite contre Metz (1-2, 26e journée) et la prestation indigeste de certains Aiglons, Pelmard en tête. Lacunes tactiques, attitude nonchalante, manque d’humilité, l’international Espoirs s’est fait secouer. Son refus de rejoindre Lausanne en prêt cet hiver avait déjà été très mal perçu par le staff, son comportement récent à l’entraînement ne devrait pas lui permettre de refaire une apparition en rouge et noire de sitôt.
De la même manière, Myziane et Nsoki n’ont pas marqué des points dans le derby en Coupe de France par leur apathie, contrairement à Daniliuc et Thuram, deux gamins sérieux et à l’écoute. « Khephren attend sa chance, il fait de très bonnes séances actuellement », a expliqué Adrian Ursea hier en conférence de presse.
Un collectif pénalisé par le manque de leadership
Souvent rassurés par le contenu, l’intensité et le plaisir affichés par son équipe à l’entraînement, le coach et ses adjoints ont rarement ressenti la même satisfaction après une journée de Ligue 1. « C’est jeune, ça manque de personnalité, de leadership », décrypte un membre du vestiaire. Le constat d’échec est forcément lié au recrutement de Morgan Schneiderlin, d’autant que l’ex-international français éprouve aussi des difficultés dans son jeu vers l’avant.
Conscient des manques de son groupe et déjà alerté par la volée subie contre le Red Bull Salzbourg (4-1) début août, Adrian Ursea n’a pas été surpris par la difficulté de ses trois premiers mois à la tête de l’équipe. Parce que tout révolutionner aurait été encore pire à digérer, le coach a misé sur la stabilité dans le projet de jeu et le positionnement de ses hommes. La confiance infaillible de ses dirigeants, l’arrivée de la charnière Todibo-Saliba et les bonnes associations trouvées dans son onzetype lui confèrent désormais bon espoir pour la fin de saison. Claude-Maurice au coeur du jeu et entre les lignes, Rony à droite avec Atal derrière lui, Gouiri qui tourne autour de Dolberg : ce serait le plan rêvé pour recevoir l’OM, la semaine prochaine. Il faudrait d’abord battre Lorient, demain.
« Histoire d’éloigner l’obligation de victoire qui pèse sur nos épaules et tétanise nos joueurs, » espère un salarié du club. Dès lors libéré, le Gym « pourrait jouer au football sans regarder derrière au classement ». C’est actuellement le voeu le plus cher d’Adrian Ursea.