Ces restos ouverts pour les routiers et le BTP
Alors que la population n’a plus accès aux tables des établissements de restauration dans les Alpes-Maritimes, certains peuvent encore profiter de ce petit privilège. On vous dit qui et pourquoi...
Routiers, résidents monégasques, frontaliers de l’Italie, clients des auberges et, tous derniers arrivés dans cette liste, salariés travaillant en extérieur dont ceux du BTP... Tels sont ceux qui, aujourd’hui, bénéficient d’une autorisation ou d’une dérogation pour s’attabler et prendre un repas au restaurant. Des privilégiés ? Oui, probablement, si l’on fait référence à ceux qui ont la chance de vivre en Principauté ou à un saut de puce de la frontière italienne. Mais pour les professionnels de la route ou ceux qui, depuis des mois, travaillent sur les chantiers, dans les jardins et dans les transports, sans possibilité de se restaurer au chaud, il est juste logique que cette opportunité leur soit de nouveau permise... En attendant un vrai retour à la normale.
Yan, Guillaume, Cyril. Ces trois frères qui travaillent pour l’entreprise de construction maçonnerie Schippers, à Peymeinade, se sont installés jeudi dernier à une table de la brasserie La Chèvre d’or, dans le village voisin de Cabris. Presque comme si de rien n’était... Et quelques minutes plus tard, ils ont partagé un succulent poulet farci aux cèpes accompagné de pommes de terre au four.
« Remettre la machine en route »
Depuis lundi dernier, la réglementation permet aux salariés du BTP de prendre un repas chaud dans un restaurant. Une opportunité, scellée par une convention passée entre l’entreprise et le restaurateur, qui commence à essaimer dans les Alpes-Maritimes, après avoir fait ses preuves dans d’autres départements. Christophe Martinez, gérant de la brasserie, explique : « Un client qui est dans le BTP m’a envoyé le lien il y a une quinzaine de jours, ce qui m’a permis de m’informer. J’ai complété le dossier et j’ai vu en début de semaine que mon inscription au dispositif avait été validée. »
Et lui qui vend aussi du tabac et des cigarettes dans son établissement, a fait passer le message à ses clients. C’est comme cela que jeudi, il a pu servir ses premiers repas depuis la fin octobre à trois d’entre eux qui avaient réservé.
« C’est quand même bien agréable, commente Yan. On travaille dans le coin mais avant je rentrais à la maison pour manger, et mes deux frères, eux, allaient chez mes parents. Là, on retrouve nos habitudes et je pense que l’on viendra deux ou trois fois par semaine. Je regrette juste que cela n’ait pas été mis en place avant et je pense que d’autres professions que la nôtre devraient également pouvoir profiter des mêmes conditions. Les chauffeurs de taxi, notamment, qui sont souvent en galère pour se restaurer. »
Un avis auquel se rallie Christophe Martinez qui relève que la mesure ne concerne que les entreprises d’une certaine importance, « mais pas les artisans ou les autoentrepreneurs ». Et qui déplore aussi, avec l’arrivée des beaux jours, de ne pas pouvoir ouvrir sa terrasse de soixante-dix places pour l’accueil de cette clientèle ciblée. À l’intérieur, quatorze places sont disponibles et le patron s’est plié au protocole sanitaire exigé : masques, gel, distanciation et cheminement balisé. L’intérêt pour lui ?
Il n’est certainement pas financier. « Mais, dit-il, ça permet de remettre la machine en route en espérant que bientôt, tout pourra recommencer comme avant. »