Pénibilité du travail : accord à la SBM?
Le syndicat Hôtels, cafés et restaurants a envoyé à la direction de la SBM un projet d’accord pour une reconnaissance de la pénibilité du travail dans certains métiers. Le dossier est sur la table.
Un combat peut en cacher un autre. À la Société des Bains de Mer (SBM), le plan social n’était pas encore totalement ficelé – il l’est désormais avec 227 départs volontaires et 4 contraints (lire ci-contre) – que le syndicat Hôtels, Cafés et Restaurants de Monaco (HCR) menait déjà une autre bataille en parallèle : la reconnaissance de la pénibilité du travail subie, selon leurs dires, au sein des métiers de l’hôtellerie et de la restauration du groupe.
« Lors de la deuxième phase des négociations, les salariés nous ont mandatés pour maintenir nos accords et améliorer les conditions de travail, qui se sont encore dégradées à l’issue des départs massifs », souligne Giuseppe Dogliatti, secrétaire général du syndicat HCR.
Chaleur excessive, travail de nuit, horaires décalés…
Le 11 février dernier, la direction de la SBM était destinataire d’un projet d’accord relatif au compte professionnel de pénibilité et compte épargne temps. Un système déjà existant en France, plus connu sous l’acronyme « C2P » (1).
Si le contenu du projet est tenu secret par le syndicat, celui-ci en dévoile toutefois les grandes lignes. Trois critères rentreraient en ligne de compte : « les contraintes physiques, le rythme de travail et l’environnement physique, listent Élodie Lutherer, femme de chambre à l’Hôtel de Paris et conseiller syndical HCR, et Michel Alaux, trésorier adjoint du syndicat et délégué syndical à l’Hôtel de Paris. Dans les faits, cela s’illustre par la chaleur excessive dans les cuisines, les horaires décalés, les mouvements répétés des femmes de chambre, les charges lourdes portées par les bagagistes, le travail de nuit. Pour ce dernier point, les études françaises disent que le travail de nuit diminue l’espérance de vie de plusieurs années ». Selon des seuils à définir, des points de pénibilité seraient accordés au salarié éligible. « À défaut d’avoir de l’argent, il aura du temps. Les points acquis permettront une réduction du temps de travail, soit un temps partiel, sans que le salaire ne baisse ; un départ anticipé à la retraite ou une formation professionnelle pour se réorienter, détaille Olivier Cardot, secrétaire général adjoint à l’Union des syndicats de Monaco. Dans l’hôtellerie, à 50 ans, les salariés sont usés. Dans ce secteur, on a une recrudescence de commissions de reclassement de salariés, déclarés inaptes. »
Un accord fin septembre ?
Reste à savoir, désormais, si la SBM rentrera dans une nouvelle phase de négociations. Sollicitée, l’entreprise monégasque estime « prématuré » de commenter ce dossier. « La proposition a été appréciée par l’employeur. Il s’est engagé à continuer la discussion sur le sujet de la pénibilité au travail. Un objectif de signer l’accord a été fixé au 30 septembre, se félicite Giuseppe Dogliatti. C’est un énorme chantier. Il va falloir lister tous les métiers, voir où il y a de la pénibilité. Si un compte pareil est mis en place, l’intérêt d’une direction est de supprimer ces points de pénibilité sinon ça lui coûte de l’argent. Exemple : si un salarié travaille dans une cuisine à plus de 30 degrés, et qu’au-delà de ce seuil il peut bénéficier de points de pénibilité, l’employeur baissera la température de la cuisine. »
Et Élodie Lutherer de conclure : « Baisser la pénibilité induit de meilleures conditions de travail, une meilleure productivité, une réduction des accidents de travail, de l’absentéisme, des arrêts maladie. Il faut que les salariés aient envie de travailler dans notre belle société. »