Calcul rénal
Les jeunes n’en sont pas plus épargnés que les aînés, les femmes que les hommes (ils en sont même plus souvent affectés)… Avec 10 % de la population touchée, les calculs rénaux représentent la pathologie la plus fréquente en urologie. Et « c’est surtout une maladie qui récidive dans 50 % des cas, dans les cinq à dix ans, faute de prise en compte des facteurs de risque, pourtant parfaitement identifiés », regrettent d’une même voix les Drs Younes Ahallal et Lambert Gury. Les deux chirurgiens urologues exercent en temps partagé entre le CHU de Nice et l’hôpital d’Antibes (1). Et ils consacrent une bonne partie de leur consultation à essayer de sensibiliser les patients à ces facteurs de risque. « 90 % des calculs rénaux sont d’origine alimentaire. En agissant sur ce levier, on peut prévenir aussi bien la survenue que les récidives de calculs rénaux » , encouragent les deux spécialistes (lire encadré).
Les calculs rénaux peuvent rester longtemps silencieux avant de faire parler d’eux. Et ils utilisent alors un langage des plus explicites. « Le plus souvent, c’est une douleur fulgurante dans la région lombaire, survenant d’un seul côté, et irradiant vers les organes génitaux qui va conduire à leur découverte ». La fameuse crise de colique néphrétique qui reste à jamais gravée dans la mémoire de ceux qui en sont victimes. Et pour cause : « C’est une des douleurs les plus intenses ; elle est tellement brutale qu’elle provoque des vomissements. Aucune position ne parvient à la calmer. » À l’origine de cette douleur, une augmentation de pression dans le rein liée à la présence de calculs engagés et obstructifs dans l’uretère.
Si la douleur est le plus souvent un révélateur, « la découverte des calculs rénaux est parfois totalement fortuite, à l’occasion d’un scanner réalisé dans le cadre d’indications toutes autres, comme une pathologie digestive ou gynécologique ».
La suite ? « En cas de douleur, on prescrit du paracétamol et de l’ibuprofène en absence de fièvre ou de frissons. S’ils sont sans effet, on recourt à la morphine. » C’est seulement lorsque ces traitements sont impuissants à soulager les douleurs ou associés à de la fièvre qu’une intervention chirurgicale est envisagée. «On pratique alors une dérivation urinaire en urgence. Concrètement, il s’agit de mettre en place, par voie endoscopique, une sonde reliant le rein à la vessie, en courtcircuitant l’obstacle au niveau de l’uretère. Cela permet de drainer le rein. » Cette intervention, réalisée en urgence, est très rapide – une quinzaine de minutes - et va soulager les douleurs et prévenir le risque d’infection rénale – pyélonéphrite – potentiellement grave. Heureusement, il ne s’agit pas de la situation la plus fréquente : « Lorsque les antalgiques font effet, et que le patient ne manifeste aucun signe de gravité (fièvre et/ou blocage des urines – l’anurie), il n’y a pas d’urgence à proprement parler. En revanche, il est fortement conseillé de prendre rendez-vous pour une consultation. Les patients qui appellent pour ce motif se voient toujours proposer un rendez-vous rapide, dans la semaine. » Consultation au cours de laquelle l’urologue évalue la pertinence d’une intervention et l’approche la plus indiquée. « On ne traite pas les calculs de moins de 4 mm, ils sont spontanément éliminés dans la majorité des cas par la voie naturelle, précisent d’emblée les spécialistes. Au-delà, et même en absence de symptômes, il est essentiel par contre d’intervenir pour prévenir le risque de migration du (des) calcul (s) dans l’uretère et le déclenchement d’une crise de colique. »
Le traitement spécifique des calculs de moins de 2 cm, est la lithotripsie extracorporelle (LEC). «Des ondes de choc sont délivrées qui vont traverser les tissus et converger vers le calcul. À ce niveau l’énergie cumulée des ondes de choc acquiert une puissance suffisante pour fragmenter le calcul en petits morceaux et/ou en poussière qui pourront alors s’éliminer plus facilement avec les urines. » Lorsque ces calculs rénaux résistent à la lithotritie extracorporelle, qu’ils sont nombreux, très durs, ou encore que le patient est obèse (la LEC est alors difficile à réaliser), les spécialistes ont une autre arme à leur disposition : l’urétérorénoscopie souple (URS). « Cette technique, plus récente, passe par les voies naturelles (sans incision, en passant par l’urètre, la vessie puis l’uretère) La fragmentation se fait par une fibre laser directement au contact du (des) calcul (s). »
Lorsque les calculs sont gros (plus de 2 cm), le passage par les voies naturelles ne peut être envisagé. Il faut alors recourir à une troisième technique : la néphrolithotomie percutanée (NLPC). « On réalise une ponction rénale dans le dos par voie percutanée pour avoir un trajet direct jusqu’au calcul rénal. Des ondes pneumatiques sont délivrées qui vont là encore fragmenter le (s) calcul (s). » Que les patients retrouveront alors sous forme de petits graviers dans les urines. « Ces calculs sont récupérés et analysés, le but étant d’orienter le régime alimentaire à mettre en place pour prévenir les récidives. » Référence à la prévention, un champ majeur dans le cas des calculs rénaux, qui ne doit surtout pas être négligé. Car, aussi fréquente soitelle, la maladie n’en est pas pour autant anodine. «Ellepeutsecompliquer d’une pyélonéphrite [infection du rein, Ndlr], voire d’un choc septique. Toutes les semaines malheureusement, des patients azuréens sont hospitalisés en réanimation pour ce motif », alertent les chirurgiens. Des complications d’autant plus fréquentes que les malades présentent des facteurs de risque comme le diabète ou l’obésité. Source supplémentaire de motivation pour changer de régime… alimentaire. 1. Comme tous les urologues exerçant au sein du GHT (Groupe Hospitalier Territorial).