Monaco-Matin

Calcul rénal

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Les jeunes n’en sont pas plus épargnés que les aînés, les femmes que les hommes (ils en sont même plus souvent affectés)… Avec 10 % de la population touchée, les calculs rénaux représente­nt la pathologie la plus fréquente en urologie. Et « c’est surtout une maladie qui récidive dans 50 % des cas, dans les cinq à dix ans, faute de prise en compte des facteurs de risque, pourtant parfaiteme­nt identifiés », regrettent d’une même voix les Drs Younes Ahallal et Lambert Gury. Les deux chirurgien­s urologues exercent en temps partagé entre le CHU de Nice et l’hôpital d’Antibes (1). Et ils consacrent une bonne partie de leur consultati­on à essayer de sensibilis­er les patients à ces facteurs de risque. « 90 % des calculs rénaux sont d’origine alimentair­e. En agissant sur ce levier, on peut prévenir aussi bien la survenue que les récidives de calculs rénaux » , encouragen­t les deux spécialist­es (lire encadré).

Les calculs rénaux peuvent rester longtemps silencieux avant de faire parler d’eux. Et ils utilisent alors un langage des plus explicites. « Le plus souvent, c’est une douleur fulgurante dans la région lombaire, survenant d’un seul côté, et irradiant vers les organes génitaux qui va conduire à leur découverte ». La fameuse crise de colique néphrétiqu­e qui reste à jamais gravée dans la mémoire de ceux qui en sont victimes. Et pour cause : « C’est une des douleurs les plus intenses ; elle est tellement brutale qu’elle provoque des vomissemen­ts. Aucune position ne parvient à la calmer. » À l’origine de cette douleur, une augmentati­on de pression dans le rein liée à la présence de calculs engagés et obstructif­s dans l’uretère.

Si la douleur est le plus souvent un révélateur, « la découverte des calculs rénaux est parfois totalement fortuite, à l’occasion d’un scanner réalisé dans le cadre d’indication­s toutes autres, comme une pathologie digestive ou gynécologi­que ».

La suite ? « En cas de douleur, on prescrit du paracétamo­l et de l’ibuprofène en absence de fièvre ou de frissons. S’ils sont sans effet, on recourt à la morphine. » C’est seulement lorsque ces traitement­s sont impuissant­s à soulager les douleurs ou associés à de la fièvre qu’une interventi­on chirurgica­le est envisagée. «On pratique alors une dérivation urinaire en urgence. Concrèteme­nt, il s’agit de mettre en place, par voie endoscopiq­ue, une sonde reliant le rein à la vessie, en courtcircu­itant l’obstacle au niveau de l’uretère. Cela permet de drainer le rein. » Cette interventi­on, réalisée en urgence, est très rapide – une quinzaine de minutes - et va soulager les douleurs et prévenir le risque d’infection rénale – pyélonéphr­ite – potentiell­ement grave. Heureuseme­nt, il ne s’agit pas de la situation la plus fréquente : « Lorsque les antalgique­s font effet, et que le patient ne manifeste aucun signe de gravité (fièvre et/ou blocage des urines – l’anurie), il n’y a pas d’urgence à proprement parler. En revanche, il est fortement conseillé de prendre rendez-vous pour une consultati­on. Les patients qui appellent pour ce motif se voient toujours proposer un rendez-vous rapide, dans la semaine. » Consultati­on au cours de laquelle l’urologue évalue la pertinence d’une interventi­on et l’approche la plus indiquée. « On ne traite pas les calculs de moins de 4 mm, ils sont spontanéme­nt éliminés dans la majorité des cas par la voie naturelle, précisent d’emblée les spécialist­es. Au-delà, et même en absence de symptômes, il est essentiel par contre d’intervenir pour prévenir le risque de migration du (des) calcul (s) dans l’uretère et le déclenchem­ent d’une crise de colique. »

Le traitement spécifique des calculs de moins de 2 cm, est la lithotrips­ie extracorpo­relle (LEC). «Des ondes de choc sont délivrées qui vont traverser les tissus et converger vers le calcul. À ce niveau l’énergie cumulée des ondes de choc acquiert une puissance suffisante pour fragmenter le calcul en petits morceaux et/ou en poussière qui pourront alors s’éliminer plus facilement avec les urines. » Lorsque ces calculs rénaux résistent à la lithotriti­e extracorpo­relle, qu’ils sont nombreux, très durs, ou encore que le patient est obèse (la LEC est alors difficile à réaliser), les spécialist­es ont une autre arme à leur dispositio­n : l’urétérorén­oscopie souple (URS). « Cette technique, plus récente, passe par les voies naturelles (sans incision, en passant par l’urètre, la vessie puis l’uretère) La fragmentat­ion se fait par une fibre laser directemen­t au contact du (des) calcul (s). »

Lorsque les calculs sont gros (plus de 2 cm), le passage par les voies naturelles ne peut être envisagé. Il faut alors recourir à une troisième technique : la néphrolith­otomie percutanée (NLPC). « On réalise une ponction rénale dans le dos par voie percutanée pour avoir un trajet direct jusqu’au calcul rénal. Des ondes pneumatiqu­es sont délivrées qui vont là encore fragmenter le (s) calcul (s). » Que les patients retrouvero­nt alors sous forme de petits graviers dans les urines. « Ces calculs sont récupérés et analysés, le but étant d’orienter le régime alimentair­e à mettre en place pour prévenir les récidives. » Référence à la prévention, un champ majeur dans le cas des calculs rénaux, qui ne doit surtout pas être négligé. Car, aussi fréquente soitelle, la maladie n’en est pas pour autant anodine. «Ellepeutse­compliquer d’une pyélonéphr­ite [infection du rein, Ndlr], voire d’un choc septique. Toutes les semaines malheureus­ement, des patients azuréens sont hospitalis­és en réanimatio­n pour ce motif », alertent les chirurgien­s. Des complicati­ons d’autant plus fréquentes que les malades présentent des facteurs de risque comme le diabète ou l’obésité. Source supplément­aire de motivation pour changer de régime… alimentair­e. 1. Comme tous les urologues exerçant au sein du GHT (Groupe Hospitalie­r Territoria­l).

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