Monaco-Matin

« Pas d’augmentati­on significat­ive mais quelques phénomènes saillants »

- PROPOS RECUEILLIS PAR ERIC GALLIANO

Sans atteindre l’ampleur des phénomènes de bande en région parisienne, plusieurs incidents ont eu lieu dans des établissem­ents ces dernières semaines. A Tourrette-Levens, une enseignant­e a eu le nez cassé en voulant s’interposer lors d’une bagarre entre collégiens, à Menton un élève de e s’est introduit au collège Guillaume-Vento avec un pistolet factice... Le recteur d’Académie, Richard Laganier, fait le point sur ces phénomènes de violences scolaires et évoque les dispositif­s qui permettent de les prendre en charge.

Constatez-vous une montée de la violence en milieu scolaire ?

Nous suivons évidemment avec une attention toute particuliè­re les incidents dont nous avons connaissan­ce dans l’Académie. L’an passé, au cours de l’année scolaire /, nous avons recensé exactement  faits. Des faits de nature très variables qui vont de l’usage d’alcool ou de stupéfiant­s aux violences émanant de parents, en passant par des faits de vol ou de jets de projectile­s. À l’heure actuelle, alors que l’année scolaire n’est pas terminée, on est bien évidemment en de ça de ce chiffre...

Mais quelle est la tendance ? Constatez-vous une montée des tensions ?

Pas particuliè­rement. En nombre global nous n’avons pas d’évolution significat­ive. Néanmoins, certaines catégories de faits sont en augmentati­on. Notamment les violences émanant de parents vis-à-vis de personnels de l’Éducation nationale. L’année dernière nous avions comptabili­sé  incidents de ce type, or nous en sommes déjà à . Nous constatons donc une forte hausse de ce type de faits, et tout particuliè­rement dans le premier degré.

Comment l’expliquer ?

Pour le coup, le contexte sanitaire que nous connaisson­s est un facteur explicatif puisque ces incidents, en partie du moins, sont liés au port du masque. La presse s’est d’ailleurs fait l’écho d’un certain nombre d’entre eux.

Au-delà des violences entre adultes, celles entre élèves ou émanant d’élèves augmentent­elles ?

Là encore pas globalemen­t, même si un phénomène émergeant a été constaté dans notre académie, mais pas seulement : il s’agit de bagarres filmées retransmis­es sur les réseaux sociaux et qui même, dans certains cas, peuvent donner lieu à des paris. C’est un fait nouveau que l’on constate, même s’il reste marginal, et que nous suivons avec vigilance. L’an passé  faits de cyber-violence nous avaient été signalés. Même si le nombre est faible nous y apportons une attention toute particuliè­re car nous savons que ce type de dérapages peuvent aller très loin. Chaque situation est donc prise au sérieux.

Comment sont traités ces phénomènes de violence en milieu scolaire ?

On a mis en place en  dans toutes les académies, à la demande du ministère, des plans départemen­taux de lutte contre les violences scolaires. Cette feuille de route vise à renforcer les procédures disciplina­ires, mais aussi leur suivi et notamment le suivi des élèves concernés et des sanctions prononcées. Nous avons également renforcé la protection des personnels et nous travaillon­s actuelleme­nt, sur le plan des ressources humaines, à ce renforceme­nt de leur sécurité. Enfin, il y a la prise en charge des effectifs hautement perturbate­urs. Il y en a un certain nombre dans l’académie que nous devons accompagne­r au cas par cas. Et nous avons instauré pour cela une cellule de lutte contre les violences scolaires dans chacun des deux départemen­ts de l’académie.

Elles se réunissent au moins une fois par mois et suivent de près les élèves les plus en difficulté au travers de tableaux de bords qui croisent, l’absentéism­e, la situation des poly exclus, les cas de harcèlemen­t...

Et mobilisent s’il le faut un suivi social et judiciaire en concertati­on avec d’autres services de l’État.

Mais concrèteme­nt comment cela se traduit au sein des établissem­ents ?

Il y a, le plus en amont possible, un volet préventif. Qui passe notamment par la formation de tous nos personnels, notamment en gestion de crise et en gestion de conflit. Il est aussi demandé aux établissem­ents de procéder systématiq­uement à une vérificati­on visuelle des sacs des élèves à l’entrée. Chaque chef d’établissem­ent est en lien avec un référent sécurité au sein de la police ou de la gendarmeri­e. Son premier réflexe en cas d’incident est d’appeler ce référent. Ce travail interservi­ces permet d’être efficace et surtout extrêmemen­t réactif en cas de difficulté. Nous-mêmes, rectorat et inspection d’académie, pouvons intervenir en matière de sécurité grâce à nos équipes mobiles de sécurité. Ces deux cellules départemen­tales, qui regroupent  personnels, peuvent venir en appui d’un établissem­ent et rester le temps qu’il faut. On peut, selon la gravité de l’incident, faire une informatio­n préoccupan­te au parquet, on peut déposer plainte, faire appel à l’aide sociale à l’enfance.

On peut aussi mettre en place un accompagne­ment psychologi­que, tant auprès des élèves que des personnels. Tout dépend de la nature des faits. Mais ce sont des choses que nous faisons régulièrem­ent. Pour mieux réguler un certain nombre de phénomènes que nous constatons dans nos établissem­ents ou à leurs abords.

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