Monaco-Matin

La Bollène-Vésubie : « Si on ne reprend pas, on perd tout »

- Recueilli par AURÉLIE PLESSIS

La tempête Alex a laissé derrière elle de nombreuses cicatrices. Après la solidarité, une fois les caméras parties, il reste encore des séquelles, dans les mémoires, dans les paysages, mais aussi dans les vies des habitants des vallées sinistrées. Frank Reeb-Gruber et Déborah Portail-Reeb-Gruber, qui vivent à La Bollène-Vésubie, ont perdu leur outil de travail, leur garage (Saint-Sébastien, à Roquebilli­ère), cette triste nuit du 2 au 3 octobre. Perdu, pas tout à fait, puisque le local qu’ils occupent est resté intact. 80 % du bâtiment qui abritait plusieurs locaux ont été emportés par la rivière, mais le garage, lui, est toujours là. Il a été frappé d’un arrêté de péril. Le couple se trouve aujourd’hui devant un problème inextricab­le.

Les assurances vous ont-elles indemnisés ?

Nous ne sommes pas considérés comme sinistrés puisque notre local est toujours debout. Mais nous n’avons pas le droit d’y entrer, donc notre activité n’est plus possible. Les assurances ne prennent rien en charge, et pour prétendre à l’assurance pour perte d’exploitati­on, nous devons reprendre notre activité dans l’année qui suit le sinistre. Nous avons touché des aides du Départemen­t et de la Métropole, le premier mois, mais cinq mois après, ça ne suffit plus. Notre crédit court toujours. On doit trouver une solution rapidement, sinon on perdra notre entreprise, notre travail et notre maison.

Un endiguemen­t est-il prévu pour protéger le bâtiment ?

On en entend parler. Les plans devaient être communiqué­s en décembre, mais on n’a pas de nouvelles. Pour construire la digue, il faudra au minimum un an à compter du premier coup de pelle. Mais nous ne pouvons pas attendre un an, nous aurons tout perdu. On est conscient qu’il y a d’autres problèmes : les routes à reconstrui­re, les gens à reloger, le contexte sanitaire, mais là, nous sommes dans l’urgence.

Que vous disent les pouvoirs publics ?

La mairie de Roquebilli­ère s’est battue pour qu’on reste sur la commune. C’est aussi notre souhait. Mais c’est David contre Goliath. Nous pourrions reprendre notre activité, consolider le morceau de bâtiment qui a été arraché. S’ils venaient sur place, les responsabl­es politiques verraient que le danger n’est pas sur notre local. Si M. Ciotti [conseiller départemen­tal] veut, on lui montrera qu’il n’y a aucun risque, on lui expliquera­it. Là, on se sent abandonné.

Qu’espérez-vous ?

Qu’on nous laisse travailler : lever l’arrêté de péril, pour nous permettre de rependre notre activité. Plus on attend, plus nos dettes s’accumulent et plus on perd notre clientèle. Il a été levé pour la maison à côté, pourquoi pas nous ? Le local est sain, il n’y a pas eu une goutte d’eau dedans, ni un mur qui ait bougé, ni même la dalle au sol.

On pourrait aussi nous reloger, au moins le temps de construire la digue. Il nous faudrait juste un local de  m² avec eau et électricit­é en  volts pour reprendre. On est prêt à aller sur d’autres communes de la Vésubie, même à s’il le faut. Nous n’avons plus de solution. Si on ne reprend pas, on perd tout, mais on nous empêche toute reprise, que ce soit sur place ou en nous aidant à trouver à nous reloger, même provisoire­ment. Ne nous laissez pas mourir…

 ?? (Photo A. P.) ?? Depuis la tempête Alex, Frank et Déborah se sentent démunis. Leur garage est toujours exploitabl­e mais ils n’ont pas l’autorisati­on d’y travailler..
(Photo A. P.) Depuis la tempête Alex, Frank et Déborah se sentent démunis. Leur garage est toujours exploitabl­e mais ils n’ont pas l’autorisati­on d’y travailler..

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