Accident de trottinette : il témoigne de sa vie d’après
Stéphane Angenost a télescopé un bus en juin 2019 alors qu’il pilotait un engin de déplacement personnel motorisé. Après coma, hôpital et rééducation, il a repris le guidon… sous protection
Il a le rire et l’humour faciles. « Je sais, je fais peur avec ma tête de Dark Vador ou Daft punk (1) au choix », s’amuse-t-il en enlevant son casque intégral, ses gants et en mettant sa grosse trottinette électrique sur sa cale. « En plus, je porte souvent du noir ».
Le quinquagénaire le dit luimême : il a eu de la chance. Le 23 juin 2019, alors qu’il roulait sur sa trottinette électrique dans la descente de la gare SNCF, il s’est pris « un bus en pleine face. Heureusement, je ne roulais pas vite et le bus était à l’arrêt. » Deux circonstances qui atténuent la gravité de ses blessures et qui lui permettent aujourd’hui de raconter sa vie d’après… au guidon.
Vertiges et surdité partielle
Cet ancien barman de palaces, qui gère des appartements locatifs de particuliers à Cannes, en a usé des trottinettes. Mais depuis 4 ans, c’est toujours la même : « Elle n’est pas responsable de mon accident et en plus elle m’a sauvé la vie , assure-t-il, pas rancunier. Je ne me souviens pas des causes de l’accident. Un témoin m’a dit qu’un clochard m’avait poussé. J’étais chargé : je transportais des casseroles entre deux appartements, je n’ai rien senti. Une chose est sûre, je n’ai pas foncé dans le bus pour éviter quelqu’un. »
Il a passé quelques jours dans le coma et plusieurs semaines à l’hôpital à Nice, puis à Cannes. De ce télescopage, il ne garde pas de séquelles visibles. En revanche, il a perdu en capacité auditive de l’oreille droite et souffre de vertiges pour lesquels il est suivi par un kiné spécialisé trois fois par semaine. Lourd, mais ça aurait pu être pire : « Je pourrais être mort, comme dit mon médecin. Alors je ne me plains pas. »
L’idée d’abandonner la trottinette ne l’a pas effleuré : « Dans mon travail, je me déplace beaucoup d’un appartement à l’autre, la trottinette est plus rapide. Je me gare plus facilement. Et puis il y a un sentiment de liberté extraordinaire. »
Seul changement : gants et casque de moto
Il a changé une habitude cependant : il ne sort jamais sans son casque intégral. « Le casque de vélo ne suffit pas. Je suis le seul à rouler comme ça. Les gens rigolent ou ont un peu peur lorsque je me déplace avec mon casque noir. Mais c’est comme pour tout, il faut se brûler pour comprendre que le feu brûle. » Il a donc compris depuis son accident qu’une bonne protection s’impose. D’autant plus depuis le décret qui oblige les engins de déplacement personnel motorisés (voir la définition par ailleurs) à rouler sur piste cyclable lorsqu’elle existe ou sur la chaussée et non sur le trottoir.
Son accident n’a pas fait de Stéphane Angenost un expert Es-sécurité. Mais, lui, a choisi de s’équiper et d’être hyperprudent. Car la conduite à trottinette au milieu du flot de voitures n’est pas un exercice anodin. « J’essaie d’avoir un radar et d’anticiper sur les décisions des conducteurs autour de moi. Je ne relâche jamais l’attention. Ma trottinette possède des freins à disques, des amortisseurs et de vrais pneus que je vérifie à chaque fois que je la prends. En 2020, je suis tombé parce que j’avais un pneu à plat que je n’avais pas vu ! » Mais ce qu’il aimerait avoir, ce sont des clignotants à l’arrière et à l’avant.
À part ça, il se sent en sécurité sur son engin, même s’il a acheté un scooter à trois roues. Mais pour l’instant, avec ses vertiges qu’il essaie de maîtriser, ce n’est pas encore possible.
1. Groupe français de musique électronique équipé de casques noirs.