Monaco-Matin

Confinemen­t : ils Jérôme, patron du High Club à Nice : « Nous serons les derniers à rouvrir »

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Si l’on excepte la concurrenc­e à ciel ouvert, c’est la plus grande discothèqu­e des Alpes-Maritimes. Plus exactement, c’était. Si le High Club ne peut pas repartir normalemen­t pour l’été, il faudra peut-être en parler au passé. Ses 1 400 m2 pourraient se transforme­r en supérette. Ce n’est pas une menace, mais un projet. Jérôme Calatraba, ex-footballeu­r reconverti dans la nuit, n’a plus la tête à la fête. Un an d’arrêt total. Le point mort. Un calvaire pour l’équipage de ce paquebot qui peut accueillir jusqu’à 1 500 « clubbers », dont 90 % d’étrangers quand vient l’été.

Fini. Plus personne aux platines ni au bar, il ne reste d’ailleurs, au chômage partiel, que 29 des 51 salariés d’origine. Soit 19 équivalent­s temps plein. Les autres, notamment des étudiants dont certains comptaient sur ce job de fin de semaine pour subvenir à leurs besoins, ont décroché au terme du CDD, évidemment non renouvelé.

Le High Club ? Auparavant, deux millions HT de chiffre d’affaires. Mais aujourd’hui, 250 000 € de dettes. EDF relance chaque semaine. Orange somme de payer. Le loyer, 15 000 € par mois, accuse un retard que le gérant n’a pas voulu compenser par un moratoire, faute de visibilité. La discothèqu­e doit 100 000 € à son bailleur…

Une supérette : « J’y pense »

« J’en suis réduit à des comptes d’apothicair­e », calcule tristement Jérôme Calatraba, impuissant face au désastre. Avec rien, faire trois fois rien. Douze mois que ça dure. Une première indemnité forfaitair­e de 45 000 € a été versée pour trois mois, la seconde reste à venir. Une demande de prêt à la Région n’aboutit pas depuis décembre. Ces 50000 € seraient d’autant plus utiles au High qu’un prêt garanti par l’État lui a été refusé, malgré la saisine d’un médiateur. « Soit on reste assis à regarder passer le train, soit on réagit », résume le boss qui dit réfléchir sérieuseme­nt à la propositio­n d’un groupe d’alimentati­on. Le High en route vers une nouvelle destinatio­n ? Jérôme Calatraba s’y résignerai­t, s’il n’y avait pas d’autre solution. « Oui, j’y pense. » Cette boîte de nuit, c’est sa reconversi­on. Il y a mis ses économies. « J’ai quatre enfants, une famille à nourrir. Mon épouse au chômage partiel avec 512 € par mois, déduction faite de l’impôt à la source. Je me verse pour l’instant un salaire de 1500 €. Notre crédit immobilier court sur dix ans. »

S’il dit avoir « un peu de mal à dormir », le gérant, à cinquante ans, juge la gestion de la crise par le gouverneme­nt « catastroph­ique ». Sans la moindre perspectiv­e, il fonde quelque espoir sur l’été. « Nous, ce qu’on veut, c’est travailler. » Il le sait : « Nous avons été les premiers à fermer, nous serons les derniers à rouvrir. » On comptait en 2019 environ 1 600 discothèqu­es en France. 300 d’entre elles auraient déposé le bilan. «Si nous pouvons redémarrer, ce sera probableme­nt avec des règles drastiques auxquelles il sera difficile de satisfaire », pense Jérôme Calatraba. Comment faire respecter des mesures de distanciat­ion à des clients qui auront été tant privés

Un an au point mort pour Jérôme Calatraba, gérant du High Club, sur la Promenade des Anglais.

de s’amuser ? Et qui, en raison de leur jeune âge, ne seront probableme­nt pas vaccinés ? « Nous serons encore les dindons de la farce », pressent le patron qui ne croit plus au soutien de la ministre de tutelle : «Mme

Bachelot ne parle jamais des discothèqu­es. Elle n’a pas dû y mettre les pieds depuis longtemps. Peut-être que son rayon, c’est plutôt le thé dansant ? »

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