Monaco-Matin

Braqueur au couteau à Beausoleil : trop petit pour être le coupable ?

- CH. P

» Incroyable, la justice française », lance dépité Abedelmoun­im Touil, 40 ans. En visioconfé­rence depuis la prison, le prévenu vient d’être condamné à quatre ans de prison dont un avec sursis par le tribunal correction­nel de Nice. Il a la double obligation, à sa sortie de détention, de se soigner et de ne pas entrer en contact avec ses victimes.

Un couple de restaurate­urs vietnamien­s de Beausoleil, assis sur le banc de la partie civile, a été menacé le 16 janvier par un homme armé d’un couteau qui en voulait à leur argent. Elle était en train de préparer des plats à emporter. Elle s’est mise à hurler. Lui, courageuse­ment, a tenté de désarmer l’individu. Il a été blessé mais est parvenu à le faire fuir.

Des antécédent­s judiciaire­s

Malgré les dénégation­s du suspect, les deux victimes n’ont pas le moindre doute. L’individu qui apparaît à la télévision – ils osent à peine le regarder –, est bien leur agresseur. La police municipale, qui le connaît en raison de ses antécédent­s judiciaire­s, a également pensé à lui en visionnant les films de vidéosurve­illance. Un individu, bonnet et blouson de cuir noir, faisait les cent pas avant de pousser la porte de l’établissem­ent du boulevard des Moneghetti. Dans sa fuite, il a perdu des tickets de paris sportifs. Abdelmouni­m Touil a été interpellé au domicile de sa mère. On lui a alors signifié qu’il devait commencer par purger six mois de prison, condamné dans une autre affaire de violences. Il a été écroué.

Les enquêteurs ont retrouvé à son domicile d’autres tickets de paris validés au même endroit que les précédents. Sa mère a confirmé qu’il possédait une chemise jaune qu’on croit deviner sous son blouson sur les images enregistré­es. Et un témoin (anonyme) l’accable. « Ma mère ne parle pas bien le français. J’ai une chemise orange mais sûrement pas jaune », se défend-il avec vigueur. Quant aux accusation­s des restaurate­urs, ils se trompent à écouter le suspect qui contre-attaque : « Je n’ai rien à voir. Lui, il fait travailler des étrangers sans les déclarer. Et elle, elle dit comme son mari. C’est culturel. » Autres arguments censés démontrer son innocence : «Onne me reconnaît pas sur les images. Lui dit que je mesure 1,75 m. Je fais 1,83 m. Ce n’est pas un détail. »

Le mystère de la chemise jaune

Une attaque à main armée est passible de la cour d’assises. La justice, pour désencombr­er la juridictio­n criminelle, a requalifié les faits en délit de tentative d’extorsion avec violence. Le procureur Vincent Edel estime que « les éléments à charge sont probants ».

Il requiert 18 mois de prison dont huit mois avec un sursis probatoire de deux ans. Me Sana, en défense, rappelle que son client a toujours été constant dans ses dénégation­s. «Lafameuse chemise n’a jamais été retrouvée à son domicile. »

Le mystère de la chemise jaune n’a pas perturbé le tribunal qui a condamné Abdelmouni­m Touil à une lourde peine à exécuter sur-le-champ. Alors que le prévenu se plaignait de la condamnati­on, le président Alain Chemama lui a rappelé qu’il disposait de dix jours pour interjeter appel.

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