Nouveau tour de vis : Pr Carole Ichai, cheffe du pôle anesthésie réanimation du CHU : « Je ne comprends pas cette décision »
Pour le Pr Carole Ichai, c’est une décision bien tardive et qui n’est pas en adéquation avec la situation présente dans les AlpesMaritimes.
Elle coordonne toutes les hospitalisations en réanimation dans le département dans les Alpes-Maritimes. Et elle ne cache pas sa surprise et sa déconvenue face à la décision de confinement du département. « Cette décision était justifiée il y a un mois, lorsque nous étions à un taux d’occupation de 145 % de nos lits de réanimation, regrette le Pr Carole Ichai, cheffe du pôle anesthésie-réanimation au CHU de Nice. Comment comprendre qu’elle soit prise aujourd’hui, alors que les indicateurs ne sont pas plus graves ? Voire évoluent plutôt favorablement, avec une incidence en légère baisse. Certes la situation est toujours critique, mais nous parvenons à la gérer, grâce aux transferts de malades notamment – une vingtaine au total pour ce qui concerne mon service à Pasteur – qui permettent de désengorger les services. Et la courbe d’amission en réanimation tend globalement à diminuer. Dès la semaine prochaine, si l’accalmie se confirme, et que nous avons un peu de réserve de lits, nous cesserons les transferts. » Une « accalmie », pas l’épilogue du drame qui se joue depuis plus d’un an. « Certes, rien n’est fini, l’épidémie a déjà connu des périodes d’accalmie, suivies de fortes recrudescences. Mais, là, depuis 24 à 48 heures, ça se tasse un peu. »
Face à Macron, pas de réanimateurs niçois
Si la cheffe de la réanimation niçoise estime que l’on a perdu du temps, elle regrette surtout le « traitement » subi par le département. « Pendant un mois, alors que nous étions dans de très grandes difficultés, personne ne nous a aidés. Aujourd’hui, Paris est touchée, et des décisions drastiques sont prises. » De fait, Emmanuel Macron allait mardi dernier à la rencontre de médecins réanimateurs qui lui expliquaient être «au point de rupture » dans leurs services. Des médecins parisiens, marseillais… Mais aucun azuréen, alors que le département se situe en zone écarlate.
« Je n’ai pas été conviée à cette réunion », lâche, laconique, le Pr Ichai. Tout en soulignant que l’île-deFrance connaît actuellement un taux d’occupation de ses lits de réanimation de 105 % (contre 145 % dans les A.-M. il y a 3 semaines). Elle note aussi que les Bouches-du-Rhône qui sont confrontées à une progression importante du taux d’occupation de leurs lits de réanimation, sont épargnées par ces mesures de confinement. Si l’on semble avoir passé un cap dans les Alpes-Maritimes, la cheffe de la réanimation l’associe plutôt à l’évolution naturelle de l’épidémie, par vagues.
« On savait qu’il y aurait des pics, je ne pense pas que l’on puisse établir une relation de cause à effet avec les demi-mesures prises : confinement à 18 heures, confinement du weekend qui ont vu les gens fuir massivement le littoral… »
Tschann :