Monaco-Matin

« L’article  de la loi “sécurité globale” sorti de l’Assemblée était abracadabr­antesque ! »

Henry Leroy, sénateur des Alpes-Maritimes

- ÉRIC FAREL efarel@nicematin.fr

Du pain sur la planche cette semaine pour les sénateurs qui examinent depuis mardi la propositio­n de loi sur la sécurité globale et plus spécialeme­nt, hier, son fameux article 24 (1). L’occasion de faire le point sur le sujet avec Henri Leroy, membre de la Commission des lois…

L’article  qui vise à pénaliser la diffusion malveillan­te du visage ou de tout autre élément d’identifica­tion d’un policier ou gendarme en interventi­on a donc été réécrit par le Sénat…

Cet article sorti de l’Assemblée nationale était abracadabr­antesque. Ce que nous prévoyons, c’est créer un délit de provocatio­n à l’identifica­tion d’un policier ou d’un gendarme à des fins malveillan­tes, puni de cinq ans d’emprisonne­ment et de   euros d’amende. Il s’agit donc de protéger les forces de l’ordre mais cela, sans entraver la liberté de la presse. On ne peut plus mettre les journalist­es en cause lorsqu’ils se trouvent dans le cadre de leurs fonctions.

Cette réécriture le rend plus cohérent ?

Absolument et il y a désormais une coordinati­on parfaite entre les articles  et , ce dernier confortant le respect des principes républicai­ns. Bien que destiné à la protection des forces de l’ordre, cette nouvelle rédaction vise à protéger aussi les membres de leurs familles contre l’identifica­tion malveillan­te.

Toujours dans le cadre de la loi « sécurité globale », le Sénat veut instituer une réserve opérationn­elle de la police nationale ?

Oui. Nous souhaitons revenir sur la disparité qui existait jusqu’ici, puisqu’il y a une réserve opérationn­elle dans la gendarmeri­e mais pas dans la police nationale. Cela, c’est très important. Les gens qui vont être recrutés pourront exercer des missions de renfort temporaire des forces de sécurité, à l’exception des missions de maintien et de rétablisse­ment de l’ordre public.

Pour vous, ces réserviste­s doivent être armés…

Oui, ainsi que les gendarmes réserviste­s d’ailleurs, lorsqu’ils seront mobilisés pour des missions qui peuvent mettre leur vie en danger. Par ailleurs, pour renforcer la capacité d’enquête judiciaire de la police et de la gendarmeri­e, ceux qui ont déjà été policiers ou gendarmes pourront exercer des missions d’officier de police judiciaire. C’est une avancée énorme dans le cadre de la sécurité globale. J’ai porté cet amendement signé par une quarantain­e de sénateurs.

Vous semblez circonspec­t sur le fait d’octroyer de nouveaux pouvoirs aux policiers municipaux ?

Avec la Commission des lois, nous avons, en effet, une position très prudente. Pourquoi ? Nous défendons la police municipale, mais c’est une force territoria­le et pas nationale. C’est le maire qui décide de la créer et de l’équiper en termes de tenue, de matériel, de véhicules et qui prend la responsabi­lité de l’armer ou non. Et sa mission, c’est veiller à l’applicatio­n des arrêtés municipaux. Pas d’effectuer les tâches secondaire­s que ne peuvent plus accomplir la police nationale et la gendarmeri­e. Pour être clair, nous ne sommes pas contre un élargissem­ent des pouvoirs de la police municipale, mais à la condition qu’elle reste sous la responsabi­lité du maire et pas sous la hiérarchie du procureur de la République. Cela, c’est une porte ouverte et on ne sait pas ce qu’il y a derrière. 1. L’article 24 a été adopté hier par le Sénat avec 248 voix.

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