Un caisson hyperbare pliable mis au point à Bandol
Avec son poids plume, d’un encombrement réduit, la chambre de décompression multiplaces développée par la société Tech Plus est optimisée pour une utilisation civile et militaire mobile.
De l’or en hyperbare ! Un caisson de décompression pliable, facilement déployable et autonome… Bon souffle ne saurait mentir ! Au pays de la naissance du scaphandre autonome
cette nouvelle invention vient (1) encore écrire l’avenir de la plongée sous-marine en lettres majuscules.
Cette enceinte étanche est destinée à être mise en pression, comme une cocotte-minute, avec une ou deux personnes à l’intérieur, victimes d’un accident de plongée, de décompression. De l’oxygène ou un mélange suroxygéné leur est ainsi délivré.
Sa mise au point a nécessité un an de recherches et développement et une autre année de test de fonctionnement. Baptisée Oracle, l’étonnante unité multiplaces d’oxygénothérapie hyperbare qui permet notamment la prise en charge précoce d’un accidenté de décompression, a été développé dans le Var par la société bandolaise Tech Plus, dirigée par Laurent Fréani, spécialisée en hyperbare médicale, industrielle et militaire depuis trente-deux ans.
, m de long pour kg
Un travail mené en collaboration avec le ministère de la Défense, le service de santé des Armées et le médecin en chef de la Force d’action navale (Fan). La qualité des partenaires signe celle des enjeux de la nouvelle technologie qui est en phase de tests ultimes avant homologation et commercialisation. L’Oracle a notamment gagné le premier prix de la 13e édition du prix de l’audace, organisé par la Fondation du Maréchal Leclerc de Hautecloque, la mission pour un développement de l’innovation participative et l’aide de la Direction générale de l’armement (DGA).
« L’Oracle présente une grande simplicité de mise en oeuvre, un poids et un volume réduit par rapport au caisson classique, favorisant un encombrement réduit en condition de stockage et en condition d’utilisation civile et militaire », s’enthousiasme
Laurent Fréani, dévoilant la version 3 du prototype.
Application médicale et sportive
Replié, l’engin ressemble à un gros boudin (une bouée ?) d’un mètre de diamètre sur 1,60 m de longueur, pour à peine 200 kg. Déployé et mis en pression en quelques minutes le long de son support (poids total 400 kg) il étire alors sa toile – résistante à la pression ! – de couleur camouflage sur 3,30 de longueur. Une mise en oeuvre étonnante de simplicité. Rien de comparable avec son « grand frère », en cours d’assemblage sur le parking de la société : un caisson hyperbare classique qui en impose avec ses 3,70 m de longueur pour 1,6 m de circonférence et son poids, hors contenant, de 3,2 tonnes ! Sept tonnes avec le container dans lequel il est intégré.
« L’Oracle permet de délivrer une pression entre 0 à 3 bars, cela correspond à celle que l’on trouve à une profondeur jusqu’à trente mètres, soit les standards de la Marine nationale », vulgarise le chef d’entreprise. Un bar de pression, c’est dix mètres de hauteur d’eau » .Le caisson pliable dont l’étanchéité est assurée par des portes autoclaves est modulé en deux compartiments : une chambre principale, sur les deux tiers de sa longueur, dans laquelle une personne alitée peut prendre place et un sas de transfert, d’un autre tiers, qui peut accueillir un médecin. Avec des conditions de pression égale dans les deux compartiments.
Son utilisation est pensée et optimisée pour le militaire et le civil. « Les applications sont multiples, anticipe le chef d’entreprise. Je pense notamment au côté sanitaire : le professeur Jean-Éric Blatteau, qui exerce à l’hôpital Sainte-Anne de Toulon, expérimente un traitement par oxygénothérapie hyperbare pour réduire la convalescence des patients atteints par la Covid. Dans ce cadre, l’Oracle peut être facilement déployé partout pour éviter à des patients d’aller en réanimation. Un travail est aussi mené sur la récupération physique des sportifs de haut niveau. ».
« C’est un petit qui a tout d’un grand », conclut Laurent Fréani. Même dans son prix, « autour de 100 000 euros pour la version de base ». Comptez le double pour un modèle classique. 1. En 1943, c’est à Bandol, devant la plage de Barry, Philippe Tailliez, Frédéric Dumas et Jean-Yves Cousteau menèrent les premiers essais en 1943 du scaphandre de plongée sous-marine autonome.