Monaco-Matin

Va comprendre Charles

- ERIC NERI

L’exercice de l’opposition n’a jamais été aussi ardu que depuis un an avec la Covid, ce virus qui est venu bouleverse­r toutes nos certitudes. Certes, un opposant est là pour s’opposer, pour pasticher un bon mot de Jacques Chirac. Les tâtonnemen­ts et les bourdes du gouverneme­nt ainsi que les flots de malheurs tant humains que financiers que la pandémie a générés sont autant de perches tendues à la critique. Les réseaux sociaux regorgent de ces jugements à la petite semaine, de ces polémiques souvent stériles, face à des sujets dont la complexité mériterait un peu de retenue. Le virus rend malade mais il rend également fou.

Certains hommes et femmes politiques ne sont pas exempts de ces opinions délivrées à la va-vite : il faut flatter l’électeur coûte que coûte et crier au loup, au prix parfois d’une belle démagogie. Loin de nous la volonté de nous ériger en donneur de leçons, les journalist­es ne sont pas exempts de reproches dans ce monde où il faut, toujours plus et toujours plus vite, nourrir les canaux face à un public pressé. Un livre ne suffirait pas pour recueillir tous ces jugements à l’emporte-pièce qui ont été balayés comme des fétus de paille.

Nous n’évoquerons pas ces donneurs de leçons profession­nels qui, sur les réseaux sociaux notamment, se sont enfermés dans la critique systématiq­ue au point parfois de dire tout et son contraire et d’en perdre une partie de leur crédibilit­é. Mais même les plus pondérés ou les plus constants dans leurs jugements sont parfois rattrapés par ce besoin de remplir le vide et se laissent aller à des fautes de carres. Exemple récent, le président du Départemen­t Charles-Ange Ginésy qui, dans une tribune publiée hier dans nos colonnes, continue de défendre l’ouverture des domaines skiables au motif que le ski se pratique à l’extérieur mais qui oublie de dire que le souci résidait dans les regroupeme­nts d’après-ski.

Ou Anthony Borré, premier adjoint de la ville de Nice, qui, dans un post publié samedi sur Facebook, évoque le respect de la parole publique et sa crédibilit­é, ironisant sur le fait que le gouverneme­nt a pendant un an expliqué qu’il fallait limiter les sorties extérieure­s avant désormais de les favoriser. Sans préciser que la Ville de Nice n’a pas agi différemme­nt pendant les trois premiers week-ends de confinemen­t : la Prom’ et les plages verrouillé­es les deux premiers week-ends avant de les ouvrir à tous le troisième au point de détourner l’arrivée du Paris-Nice pour laisser le bord de mer aux Niçois. Va comprendre Charles...

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