Monaco-Matin

Il percute un scooter avec sa BMW : trois mois de sursis

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : Mme Aline Brousse et M. Adrien Candau.

Un vendeur de voiture, friand de mécanique allemande et avide de vitesse, s’est retrouvé devant le tribunal correction­nel.

Le 22 octobre dernier, grisé par les accélérati­ons de sa BMW, ce Monégasque percutait un scooter vers 22 h 30, à l’intersecti­on du quai Antoine-Ier et de la sortie du tunnel du Rocher. La jeune pilote du deux-roues était projetée à plusieurs mètres. Les services de secours transporta­ient la blessée au CHPG.

Alcoolisé, mais

« prêt à reprendre le volant »

Entretemps, la police constatait l’ivresse du conducteur de 26 ans, avec un taux de 0,43 mg/l. Puis, l’enquête détaillait le parcours de l’automobili­ste au sortir de la Brasserie, sur le port Hercule, en direction de la digue Rainier-III.

« Le choc était inévitable, d’après le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e. Le scooter n’avait pas respecté feu rouge et stop. Mais un témoin avait entendu un dérapage et vu un véhicule, le vôtre, qui roulait en plein milieu de la route à quelque 100 ou 120 km/h. Qu’aviez-vous bu ? » demandait-il au prévenu, déjà condamné en 2016 en France pour une infraction identique.

« Deux pastis et deux whiskies. Je me sentais apte à reprendre le volant », affirme le prévenu qui reconnaît les faits. La plaignante, à la barre, certifiait qu’elle roulait « très lentement. Je n’ai pas entendu de voiture arriver. C’est la raison pour laquelle j’estimais avoir le temps de passer… Projetée, j’ai toujours des séquelles. Depuis cet accident j’ai peur en permanence… »

Son conseil est sidéré d’apprendre que la défense « va solliciter la relaxe du prévenu. Or, il roulait très vite et n’a fait preuve d’aucune prudence à l’approche de l’intersecti­on. Comment rester maître de sa voiture quand on a une bonne dose d’alcool dans le sang ? Le comporteme­nt de ma cliente n’était pas irréprocha­ble, alors je demande un partage des responsabi­lités. La note s’élève pour l’instant à 1 700 plus 2 000 de provisions. »

« La faute à la victime »

À la vue du dossier, le Monégasque ne pouvait échapper à ses responsabi­lités. Le premier substitut Cyrielle Colle démontrait des imprudence­s, avec une alcoolisat­ion, une vitesse excessive, des règles de conduite violées.

Il était requis une peine de six mois avec sursis pour sanctionne­r la gravité du comporteme­nt, plus une suspension de dix-huit mois du permis de conduire. Pour contrer la partie civile et défier le ministère public, Me Maeva Zampori plaidait en mettant en oeuvre les moyens utiles à la défense des intérêts de son client. La relaxe était bien réclamée par l’avocate. La faible alcoolisat­ion, la connaissan­ce des lieux, l’exagératio­n sur la vitesse, la réaction pour atténuer le choc, les erreurs du scooter, étaient autant d’arguments pour persuader les juges du bienfondé de sa demande.

« Ne retirez pas le permis de mon client, concluait-elle. Cela lui permet d’occuper un poste dans un garage. Il ne doit pas payer pour un accident dont il n’est pas impliqué. La faute exclusive en revient à la victime : elle n’a pas respecté le Code de la route. La prochaine fois, à la place du pastis, il mettra uniquement de l’eau dans son verre. Allez vers une responsabi­lité partagée si vous ne me suivez pas… » Le tribunal prononçait une peine de trois mois avec sursis, deux ans de suspension du permis et une provision de 5 000 pour la partie civile.

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