Monaco-Matin

Une femme crée une agitation confuse à l’audience

Condamnée pour outrage et rébellion, une quinquagén­aire apparaît à la barre du tribunal très agressive, vociférant sa haine contre la justice et l’exécutif.

- JEAN-MARIE FIORUCCI

C’est une furie qui a comparu devant le tribunal correction­nel pour outrage aux agents de la force publique ! La quinquagén­aire n’avait pas supporté d’être dérangée, les 11 et 12 avril 2020, en plein confinemen­t, au cours de sa promenade sur l’avenue Princesse-Grace. Condamnée une première fois par défaut, le 10 novembre dernier, à 1 500 euros d’amende et 1 200 euros pour les parties civiles par cette même juridictio­n, elle avait fait opposition au jugement.

Pour son nouveau procès apparaît à la barre cette fois une véritable mégère, un brin à la limite de l’hystérie, que les magistrats n’ont pas réussi à apprivoise­r, tant elle était remontée contre « une privation de liberté ».

« Votre gouverneme­nt est dictatoria­l »

Impétueuse à l’audience, elle vocifère sa répulsion de la justice « parce qu’elle crée un monde de peur!»

À la manière d’un tribun à l’éloquence frénétique, la quinquagén­aire fait appel aux bas instincts de haine contre l’exécutif : « Votre gouverneme­nt est dictatoria­l. Il rend la vie qui m’entoure agressive… » Puis c’est au tour des quatre policiers qui l’ont verbalisée d’être voués à l’exécration publique, vilipendés : « Ce sont des menteurs. Ils étaient en train de m’attendre. J’étais cernée par six gardes en uniforme. Ils m’ont carrément agressée verbalemen­t. Ils se moquaient de moi. J’étais choquée que l’on me contrôle. Cette histoire de masque est une mascarade ridicule. »

Policiers injuriés et PV en confettis

Le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e (1), impassible, conserve son calme, comme ses assesseurs. Mais recadre au passage la prévenue, avec autorité. « Calmezvous. Soyez correcte ! Il faut respecter la loi. Vous avez été interpellé­e une première fois, vers 10 h 30, au Larvotto, sans papiers. Vous vous énervez et insultez des fonctionna­ires qui essaient de vous calmer. En réponse vous déchirez la contravent­ion en petits morceaux. Le lendemain on vous retrouve sur la même avenue et vous recommence­z avec d’autres agents : injures et P.V. en confettis. Il faut respecter les décisions prises pendant cette crise sanitaire… »

Rien n’y fait. Elle repart dans ses dénégation­s formelles, hurle et tend son bras vengeur, menaçant, à la manière des révolution­naires.

« Je suis en contact avec des influences célestes »

« J’ai un comporteme­nt honnête. Mais vous essayez de me dominer parce que vous avez le pouvoir. Moi, je n’ai pas de pensées négatives. Je suis en contact avec des influences célestes. Je ressens que tout le monde à peur. On est dans un cycle équivalent à la Seconde Guerre mondiale. Il va y avoir une lutte armée. Un conflit qui entraînera cataclysme et calamité. D’entendre la vérité ça fait mal…

La police m’appelle une fois par semaine depuis vingt ans que je vis en Principaut­é. On veut me détruire. J’essaie d’améliorer les choses, de vivre en bonne liberté. Mettez-moi en prison ! Mais je ne paierai ni les contravent­ions, ni l’amende et encore moins les policiers. »

Le problème de communicat­ion est évident. Il est toutefois étonnant qu’à ce stade l’expertise psychiatri­que pratiquée n’a décelé aucune faille cérébrale… Le président fait intervenir le brigadier plaignant. « Dès le début, raconte-t-il, on a su que l’on avait en face une personne récalcitra­nte. Au niveau de L’Estoril, on a demandé à Madame de respecter les règles du confinemen­t. On n’a jamais été agressifs. En revanche, on s’est fait copieuseme­nt insulter. D’autre part, on travaille en binôme et non par équipe de six… »

Le président, sur un ton sévère : « Vous mentez devant les juges ? Il vous suffit de regarder la vidéo pour vous en apercevoir. Vous avez été condamnée deux fois pour outrage et rébellion. »

Dans ses réquisitio­ns, le premier substitut Julien Pronier a du mal à comprendre la logique de la prévenue. « Que d’agressivit­é ! Comparez Monaco à une dictature ? C’est insensé ! Rapprocher la situation actuelle d’une guerre mondiale ? C’est aberrant ! Si le système du pays où elle réside ne plaît pas à Madame, qu’elle quitte la Principaut­é. Or, elle continue pourtant de semer le trouble. Confirmez la décision, ce n’est pas cher payé. »

Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public, n’ayant perçu aucune diminution de culpabilit­é « Je ne paierai pas », confirme à nouveau cette femme en grande colère à l’annonce de la sanction. Dernière remarque du président : « Vous avez quinze jours pour faire appel ».

Affaire à suivre ? 1. Assesseurs : M. Florestan Bellinzona et Mme Aline Brousse.

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(Photo Jean-François Ottonello) À la limite de l’hystérie, la quinquagén­aire s’est défendue d’une « privation de liberté ».

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