Les surfeurs veulent un récif artificiel vertueux
Une pétition circule pour demander, au lieu des aménagements de protection du littoral en cours de rénovation, un dispositif qui créerait une vague surfable mais... anti érosion !
C’est une pétition qui veut surfer sur la vague de travaux de protection du littoral mentonnais entamés il y a quelques jours (notre édition de mercredi 24 mars).
Lancée par les surfeurs locaux sur change.org, elle vise à demander la création d’un ou plusieurs récifs artificiels sur Menton et Roquebrune Cap Martin. Avec pour but de créer une vague surfable, propice aux sports de glisse, mais qui aurait aussi pour fonction de protéger le littoral et ses infrastructures des fortes houles. Une grosse vague... qui protège le rivage et réduit l’érosion des plages ? Voilà qui paraît paradoxal. Mais selon les surfeurs, qui s’appuient sur les connaissances d’un océanologue et sur ce qui se fait ailleurs, c’est possible, et ça marche.
Vague progressive
Comme l’explique Jérémy Hugues, surfeur mentonnais, qui porte le projet avec Brett Gradel et Nicolas Jarry : « Les digues sous-marines longitudinales telles que celles de Menton ne freinent que partiellement la houle. C’est mieux que rien, mais ça ne permet pas de stopper complètement la montée des eaux, parce que la vague se casse brutalement contre la digue mais se reforme en partie à l’arrière » estime le surfeur. « Du coup, une masse d’eau se retrouve bloquée entre la digue et la plage, et ne pouvant pas se replier, elle contribue à dévaster les restaurants et la route du bord de mer, malgré la présence de la digue sous-marine ». Même constat à Roquebrune : « C’est pareil, surtout que ce n’est pas très profond : l’été, on a pied, sur cette digue sous marine. Il doit y avoir 1 m 20 de profondeur...» Et Jérémy Hugues d’exposer ce que son groupe propose : « Pour dissiper au mieux l’énergie de la houle, il est nécessaire de faire déferler une vague progressivement dans le sens de sa largeur, pour qu’elle vienne s’éteindre tout doucement sur la plage, créant alors, de plus, une vague surfable ».
Solution « moins chère »
Comment faire ? Pour eux, il s’agit de créer des récifs artificiels aux bons endroits. « Il y a diverses solutions. Il existe des récifs gonflables, ou simplement faits de sacs de sable issu de la mer, pas besoin d’aller chercher des matériaux ailleurs...» Un projet, selon lui, plus pérenne, et plus efficace. «Encassant la vague dans le sens de la longueur, on répartit sa force, et on réduit l’érosion. Et c’est le moyen de voir une plage se reconstruire là où il n’y en avait pas, au niveau du
Borrigo, là où il y a un mur souvent attaqué par les vagues, au point que la route au-dessus soit régulièrement fermée ».
Mais, ils le reconnaissent, ils arrivent un peu après la vague. « Nous n’étions pas au courant du projet lancé par la Carf. Alors, difficile de proposer, maintenant que tout est lancé...» Mais la seconde phase, qui prévoit la création d’une « butée de pied », sorte de digue sous-marine qui permettrait la création d’une plage entre le Borrigo et Roquebrune, étant seulement en cours d’instruction, ils gardent espoir.
« Nous ne sommes pas dans une logique contestataire du projet. Mais nous voulons proposer des solutions alternatives, efficaces et aussi moins coûteuses. Ce type de dispositif coûte entre 500000 et 800000 euros au total, maximum, donc beaucoup moins que le projet global de la Carf...»
Des espèces protégées
Contactée, la Carf estime que les surfeurs n’ont pour l’instant «pas un projet techniquement assez précis pour que nous puissions avoir une véritable opinion ».
Mais Isabelle Monville, responsable Gemapi de la Carf, rappelle : « Nous avons évoqué notre volonté d’implanter des modules de récifs artificiels qui serviront de nurseries à poisson, une fois les ouvrages sousmarins terminés. Mais ces récifs ne suffiraient pas à eux seuls pour modifier la houle et casser suffisamment la vague...»
Elle avance : « Des surfeurs nous avaient suggéré, il y a quelques années, un ouvrage sous-marin plus