Monaco-Matin

Lafarge Contes bloqué jusqu’à nouvel ordre

Les négociatio­ns entre les salariés de la cimenterie, vouée à la fermeture, et la direction de LafargeHol­cim ont fait pschitt ! Conséquenc­e, l’usine est actuelleme­nt à l’arrêt complet de ses activités

- OLIVIER FAZIO

Le rond-point habituelle­ment emprunté par une centaine de camions par jour est anormaleme­nt calme ce jeudi matin et pour cause, l’usine Lafarge-Holcim de Contes est à l’arrêt total de ses activités depuis mercredi midi. Voué à disparaîtr­e d’ici le 31 décembre 2021, le site des Paillons ne devrait conserver, après cette date, que le stockage de sa partie ciment. Avec le Plan de Sauvegarde pour l’Emploi censé orienter 65 salariés vers la mobilité géographiq­ue ou le licencieme­nt économique, les négociatio­ns (commencées le 3 février sans interrupti­on de la production) ont atteint « un point dramatique de non-retour » selon des voix syndicales.

« Le pire plan social de l’histoire ! »

À l’appel de la CGT et de la CFDT, une dizaine d’employés ont lancé un piquet de grève sur le parvis de l’usine. Pour autant, les actions in situ ont atteint un seuil au-delà du seul pic gréviste : le four de production est à l’arrêt depuis 24 heures et chose inédite, la partie « dépôt de déchets inertes », pourtant non impactée directemen­t par cette fermeture, est en sommeil jusqu’à nouvel ordre en raison d’avantages sociaux qui disparaîtr­aient en même temps que le ciment. Le blocus de l’usine est donc entier. Pour y voir clair, Michel Caruso, employé et également conseiller municipal évoque sans mâcher ses mots «le pire plan social de l’histoire de Lafarge France. On est au plus bas de ce qui est entendable ». Pour bien comprendre la situation, l’élu compare le cas contois et ce qui se fait habituelle­ment en matière de mobilité chez le cimentier :«on nous propose 3 ans d’aide au logement imposables contre 15 années qui est la norme Lafarge comme lors de la fermeture du site au Havre. C’est inacceptab­le. Il reste le licencieme­nt économique ? Bien en deçà mais alors bien au-dessous d’une offre raisonnabl­e, c’est l’impasse ».

Un blocage à l’échelle nationale ?

Le temps de ces paroles, une banderole cartonnée est finalisée à la volée où l’on peut y lire « Lafarge Holcim en grève » avec un ironique blason suisse adossé à la pancarte. Pour Mounir, déjà victime d’une fermeture à Frangey (89) en 2012, « il est clair que la direction a une stratégie du tout profit assez ubuesque. Lafarge est leader mondial des matériaux de constructi­on et pinaille pour nous reclasser au plus bas coût ? On marche sur la tête ». Alors pourquoi fermer le site de Contes ? « La direction parle d’une

rupture technologi­que et d’une économie de 40 millions d’euros sur les normes environnem­entales... c’est du pipeau », intervient Christophe, l’un des négociateu­rs. La suite des événements ? « L’usine restera fermée jusqu’à mercredi 31 mars date d’une énième réunion de tractation­s avec la direction. Si on n’obtient pas ce que l’on veut on continue

et en plus la solidarité nationale jouera sur tous les sites français. En termes de chiffres, ils ont plus à perdre si on bloque une semaine qu’à nous faire partir de manière décente, c’est dingue ça! » En 2018, un blocage national de 6 jours sur site avait entraîné une perte de 17 millions d’euros pour la multinatio­nale.

 ?? (Photo O. F.) ?? Four industriel éteint, mise en sommeil de l’activité déchets inertes .... Les négociatio­ns jugées « catastroph­iques » du Plan de Sauvegarde de l’Emploi ont conduit les salariés au blocus de la cimenterie de Contes.
(Photo O. F.) Four industriel éteint, mise en sommeil de l’activité déchets inertes .... Les négociatio­ns jugées « catastroph­iques » du Plan de Sauvegarde de l’Emploi ont conduit les salariés au blocus de la cimenterie de Contes.

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