Crée la controverse Ils n’ont pas encore l’âge de se faire vacciner mais ils y arrivent
Dentistes et vétérinaires vaccineront eux aussi
La Haute Autorité de santé (HAS) a autorisé, hier, les chirurgiens-dentistes et les vétérinaires (uniquement en centre de vaccination) à vacciner contre la Covid-.
« Un tel élargissement permettrait potentiellement à près de effecteurs supplémentaires de participer à la campagne de vaccination contre le SARS-CoV- », précise l’HAS. Actuellement, les médecins, sages-femmes, infirmiers et pharmaciens d’officine sont déjà habilités à vacciner en ville et dans les centres de vaccination. Le chirurgien-dentiste pourra aussi prescrire le vaccin, tous comme les infirmiers. « A la mi-avril, nous aurons vacciné millions de nos concitoyens, les plus âgés et les plus vulnérables. C’est l’écrasante majorité de nos concitoyens qu’on trouve dans les services de réanimation », avait expliqué, jeudi soir, Emmanuel Macron en marge du Conseil européen.
Baptiste est maître-nageur. Il n’a que 46 ans mais il l’avoue : « Oui, j’aimerais bien me faire vacciner. » Ce Niçois qui travaille à Monaco, dans un hôtel, avance des raisons professionnelles. « Dans le cadre de mon métier, je peux être amené à intervenir sur un secours à personne. Or, l’an passé, lors du stage de renouvellement de mon brevet de secouriste, le médecin qui nous a fait la formation, nous a clairement dit de ne pas intervenir en cas de suspicion Covid. Qu’est-ce qu’on doit faire alors ? Laisser les gens se noyer ? »
Cet Azuréen estime qu’il devrait faire partie des professions exposées au risque, « au même titre que les pompiers ou les infirmiers ».
Baptiste invoque aussi un argument économique : «Il serait temps d’ouvrir la vaccination au plus grand nombre parce qu’on ne va pas pouvoir financer éternellement le chômage partiel. Je veux bien entendre que se pose le problème de la gestion des doses, mais il y a aussi des gens qui veulent juste travailler. »
Le maître nageur avoue s’inquiéter pour sa propre « saison ». Il n’aimerait pas attraper le virus pile au moment où enfin l’activité pourra reprendre et se « retrouver en arrêt maladie ». Enfin, il le reconnaît aussi, il aimerait surtout reprendre « une vie normale
Affluence devant le centre de vaccination du palais des expositions de Nice le mars denier.
: sortir, voyager, faire la fête… ».
Fonds de fioles bonnes âmes et erreurs de case
Comme Baptiste, ils sont nombreux à se porter candidat à la petite piqûre libératoire. Certains y ont eu droit. C’est le cas de Monica, 31 ans à peine. Il faut dire que cette jeune Azuréenne souffre d’une maladie chronique. Elle entre donc dans les critères. Ce n’est pas le cas de Christophe, bien qu’il soit légèrement plus âgé. «J’ai55anset aucune comorbidité », reconnaît-il d’emblée. Ce Niçois s’est pourtant fait vacciner hier en fin de journée. «Mon médecin m’a appelé. Je lui avais demandé de penser à moi s’il lui restait une dose », explique le fringant quinqua satisfait de recevoir ainsi son élixir d’immunité même si une question le chagrine tout de même : «Jenesaispas,du coup, si je pourrai faire mon sport demain. » Christophe avale « entre 60 et 100 bornes à vélo chaque samedi ». Comme lui, quelques patients « hors cadre » ont réussi à se faufiler en profitant des fonds de fiole que personne ne veut gâcher.
«Mais il n’y a pas que ça», assure un élu du département. Sous couvert de l’anonymat, ce sexagénaire affirme qu’avant même que le vaccinodrome de son secteur n’ait commencé ses offices, il y a déjà plusieurs semaines, « une bonne âme » est venue lui proposer de se faire vacciner : « Un peu effaré, j’ai juste rétorqué à cette personne que je ne souffrais d’aucune comorbidité », raconte l’élu qui déplore que de telles pratiques puissent avoir cours même si « c’est tellement humain ».
Le docteur Arnau, médecin généraliste à Roquefort-lesPins, lui-même se demande si certains centres n’ont pas « un peu lâché les chevaux » [lire par ailleurs]. Le praticien rappelle d’ailleurs que la première étape du processus de vaccination est censée être « l’établissement d’un certificat d’éligibilité par le médecin traitant ». Car, pour contourner le système, il suffirait parfois de cocher la bonne case dans le questionnaire de prise de rendez-vous. « Ma femme qui pèse 56 kg mouillée a écrit qu’elle était obèse. Bien sûr, personne ne pouvait y croire… Mais comme elle était là, elle a quand même eu sa dose… » Ces exemples d’infractions aux règles de priorisation restent sans doute marginaux. Ce qui l’est moins sans doute c’est l’aspiration du plus grand nombre à se faire piquer. Et dire que les Français passent pour des vaccinosceptiques.
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