Affaire des « fadettes » : Jean Castex saisit le Conseil de la magistrature
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé hier avoir saisi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour « des présomptions de fautes disciplinaires » concernant l’ancienne cheffe du Parquet national financier (PNF) Eliane Houlette dans l’affaire dite des « fadettes ». Le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti avait lancé en septembre une enquête administrative visant trois magistrats du PNF, dont Mme Houlette, pour « vérifier si des manquements avaient été commis » lors d’investigations destinées à identifier la «taupe» qui aurait pu informer Nicolas Sarkozy qu’il était sur écoute dans une affaire de corruption.
« Possibles conflits d’intérêt »
L’enquête « a conclu à des présomptions de fautes disciplinaires susceptibles d’être reprochées » à Mme Houlette, « plus précisément dans son comportement managérial » , et « de possibles conflits d’intérêts entre son exercice professionnel et ses relations privées », précise le communiqué du Premier ministre. L’enquête visait également les deux magistrats en charge du dossier.
Si « aucun manquement déontologique n’a été constaté » concernant la première, Ulrika-Lovisa Delaunay-Weiss, le Premier ministre a relevé pour l’autre, Patrice Amar, « différents éléments susceptibles de faire naître un doute sérieux quant au respect de ses obligations déontologiques ».
Il demande au CSM d’enquêter pour, « le cas échéant, en tirer des conséquences de nature disciplinaire ». Le PNF avait été mis en cause pour avoir épluché les relevés téléphoniques détaillés (« fadettes ») de ténors du barreau - dont Éric Dupond-Moretti - pour identifier qui aurait pu informer l’ancien président et son avocat Thierry Herzog qu’ils étaient sur écoute.
« Tout à fait pour autre chose »
Dans cette affaire, MM. Sarkozy et Herzog ont été condamnés à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption et trafic d’influence. Contactée par l’AFP, la présidente du syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), Katia Dubreuil, s’est étonnée des raisons avancées par Matignon pour saisir le CSM.
« Ça ne concerne pas l’affaire des “fadettes”. C’est tout à fait pour autre chose », a relevé Mme Dubreuil.