La loi de la jungle
Dans la tourmente de la Covid, dans laquelle nous sommes emportés depuis un an, un nouvel épisode - sur le mode comediante tragediante - se joue depuis vendredi sur la Côte d’Azur.
La circulation du virus s’accélère, l’obligation est faite de nouveau, depuis une semaine, aux commerces non essentiels de tirer le rideau. Dans plusieurs villes de la Côte, Antibes, Cannes, Mandelieu et Menton, les mairies ont décidé cette semaine d’autoriser les commerçants à déballer devant leur boutique. Après tout, les commerçants non sédentaires ont bien reçu le feu vert pour vendre des produits non essentiels sur les marchés. Soumis au stop and go depuis un an, certains petits commerçants saisissent cette opportunité : vendre à l’extérieur c’est toujours mieux que rien. Mais le préfet tonne, un arrêté en lien avec l’état d’urgence sanitaire ne le permet pas. Il enjoint aux maires d’y renoncer.
À Menton et Mandelieu, Jean-Claude Guibal et Sébastien Leroy se rangent à la demande du représentant de l’État. À Antibes et Cannes, Jean Leonetti et David Lisnard résistent. Chacun sa méthode et son tempérament.
Le maire d’Antibes brouille les pistes et les mots jusqu’à ne plus rien y comprendre. Le maire de Cannes, lui, assume sans ciller son refus. Pour David Lisnard, qui s’est convaincu d’un destin national, l’occasion est belle, après l’algarade d’Olivier Véran sur la vaccination des ans et plus, de renvoyer à nouveau dans ses « vingt-deux » un État qu’il juge pesant, se mêlant de tout et brimant les élus locaux, ces chevau-légers de la proximité.
Le préfet est sans doute dans ses petits souliers coincé entre le marteau de l’État qu’il représente et l’enclume des grands fauves décomplexés de la politique locale. Parce que la loi de la jungle ne peut quand même pas tenir lieu de règle de conduite.