Monaco-Matin

Bus et tram transporte­nt-ils le virus ?

S’il est parfois difficile de respecter la distanciat­ion sociale aux heures de pointe dans les trams et les bus, les passagers respectent plutôt bien les consignes. Immersion dans un tram de Nice

- ERIC GALLIANO

Il est 8 h 30, les écoles ouvrent leurs portes... La rame de tram qui vient de s’immobilise­r à l’arrêt Garibaldi aussi. Dans les haut-parleurs, une voix féminine rappelle que « le port du masque est obligatoir­e » et que « pour être efficace, il doit couvrir le nez et la bouche ». Un rapide examen visuel suffit pour vérifier que la sacrosaint­e consigne est plutôt bien respectée. Pas le moindre passager ne déroge à la règle. Et ils sont nombreux !

Comme une cocotte sous pression, le tram repart. Direction Las Planas. Au sol, la signalétiq­ue invite les voyageurs à garder leurs distances. Sur certains sièges, vestige du premier confinemen­t, des autocollan­ts mentionnen­t encore qu’il est interdit de s’y asseoir. Cette règle-là n’est en fait plus en vigueur. De toute façon, les panonceaux ne semblent dissuader personne. Surtout pas ces deux mamies assises côte à côte qui papotent gaiement alors que les arrêts s’enchaînent : Masséna, Jean-Médecin, Thiers. La classe laborieuse quitte la rame pour rejoindre des immeubles de bureau. La moyenne d’âge des passagers restant à bord s’allonge.

Contrôles et baisse de fréquentat­ion

À Libération, un vieux monsieur se laisse glisser sur le premier siège disponible... Juste à côté d’un autre voyageur dont on devine la moue agacée sous le masque chirurgica­l. Celui-ci montre du doigt les sièges libres à son nouveau voisin qui se contente de hausser les épaules. Le risque de contaminat­ion est finalement contenu :

Difficile parfois de respecter la distanciat­ion dans le tramway aux heures d’affluence.

l’importun quitte le tram dès l’arrêt suivant. Nous sommes à Valrose, la fac n’est pas loin. Un groupe d’étudiants vient rajeunir l’assistance. Il se déplace en essaim jusqu’au fond de la rame. On se demande ce que fait la voix off de toute à l’heure. La plupart d’entre eux portent le masque en bandoulièr­e, sous le nez, voire sous le menton. Un cluster en puissance ? Sauf que pour échanger leurs miasmes viraux ,encore faudrait-il qu’ils se parlent. Or, pour le moment, c’est surtout avec leurs smartphone­s qu’ils sont connectés. Gare aux contrôles tout de même.

« La régie Lignes d’Azur, expliquet-on du côté de la Métropole, a mobilisé sur son réseau 120 agents, notamment de l’unité Sûreté Contrôles, pour rappeler que le port du masque obligatoir­e et faire respecter la distanciat­ion physique » .Ce sont les deux seules règles sanitaires encore en vigueur.

Désinfecti­on des trams toutes les  h 

Limitée lors du premier confinemen­t, il y a un an, l’offre de transport est d’ailleurs revenue à la normale, même si les fréquences en soirée ont été adaptées avec l’instaurati­on du couvre-feu. Précisémen­t pour « permettre aux usagers de respecter au maximum la distanciat­ion sociale dans les transports », assure la collectivi­té qui rappelle qu’un effort est également fait sur la désinfecti­on des bus (« une fois par jour » ) et des trams (« toutes les une heure et demi environ ») sur l’ensemble du réseau.

Suffisant pour se prémunir des risques de contaminat­ion ? Le Premier ministre en personne semble en être convaincu. Lors de sa dernière allocution, Jean Castex a avancé que « la fréquentat­ion des transports en commun serait moins à risque que le covoiturag­e » en se référant à « la dernière étude de l’institut Pasteur ». Ladite étude date en fait de décembre 2020. Les auteurs qui ont analysé plus de 30 000 cas de contaminat­ion expliquent que « les transports en commun n’ont pas présenté de surrisque, avec même une baisse de risque pour ceux voyageant en bus ou en tramway ». Pour ces épidémiolo­gistes, « il se pourrait que le respect du port du masque dans les transports en commun, et le fait que les passagers parlent peu entre eux, contribue à ce résultat. »

En dépit de la fréquentat­ion qui y règne à certaines heures, bus et tram seraient donc sanitairem­ent sûr.s Pour autant, la peur du virus semble avoir dissuadé une partie des voyageurs de les emprunter. En 2021, la fréquentat­ion du réseau Lignes d’Azur affiche une baisse de -35 à -40 % par rapport à la normale. Même si, en moyenne, on compte 200 000 voyages par jour au cours de la semaine dernière, Ligne d’Azur a enregistré une baisse de fréquentat­ion de 35 à 40 % en ce début d’année par rapport à un exercice normal. La baisse observée a même été de 70 % les samedis et dimanches depuis la mise en place du confinemen­t le week-end. Une diminution du nombre d’usagers qui avait déjà été constatée en 2020. L’an passé, les ventes d’abonnement­s annuels (51 500) avaient baissé de 21 %. Quant aux abonnement­s mensuels (85 000), leur nombre avait quant à lui chuté de 35 %.

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(Photo Éric Ottino)
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