Réforme de la loi ASAP : la petite enfance dans la rue
Hier, sur la place Masséna, à Nice, c’est la sixième fois depuis mars 2019 que les personnels d’accueil de la petite enfance donnaient de la voix dans la rue. À l’appel de la CGT et de la Fédération nationale des éducateurs-trices jeunes enfants (FNEJE), ils sont venus dénoncer une réforme qui créerait des « usines à bébés », comme le pose Céline Lemaire, auxiliaire en puéricultrice à Nice et responsable de la section petite enfance à la CGT. Alors qu’elle devrait entrer progressivement en vigueur au cours du premier semestre 2021, les professionnels du secteur sont loin d’avoir rendu les armes même si la mobilisation est en chute nette (70 personnes ce mardi, contre 300 à 400 lors de la manifestation de janvier). « Entre la Covid et le confinement, les gens ne savent s’ils peuvent manifester. Ils se mettent en grève, mais parfois ils restent chez eux » ,indique Natalia Jullien, coprésidente de la FNEJE Paca.
Des bébés, « entassés comme des sardines »
Sur la place Masséna, baignée de soleil, c’est l’inquiétude qui domine. L’angoisse de voir cette réforme pérenniser un quotidien difficile pour les professionnels de la petite enfance.
« L’État veut accueillir de plus en plus d’enfants dans moins en moins de place » , dénonce Laure Roulin, éducatrice jeune enfant à Mougins et conseillère municipale de Valbonne.
« Ça ne va pas dans le sens de la réalité et si on continue comme ça, on va dans le
Près de personnes se sont mobilisées à Nice hier.
mur ».
Dans le viseur des manifestants des évolutions telles que la diminution la surface d’accueil de 7 m2 à 5,5 m2 par enfant ou encore l’augmentation du nombre de bébés par professionnel. « Ils n’ouvrent pas de nouvelles structures, ils entassent comme des sardines », ajoute Natalia Jullien. «Ils comptent les placards comme surface d’accueil. Avoir un extérieur pour les enfants n’est plus du tout une priorité. Qui a supporté le confinement, le manque de place, l’enfermement. Personne. Mais c’est ce qu’on veut faire subir à nos plus petits. » Le groupe peste contre des conditions de travail déjà dégradées et qui ne feraient qu’empirer : «avecles protocoles Covid on passe notre temps à frotter les murs, les mains des enfants et pas à passer du temps avec eux, avance Natalia, résignée. On touche à l’être vivant on est dans la période la plus fragile et la plus importante de son existence ». Et les pros en appellent aussi aux parents qui souvent « ne voient pas » cette réalité.
Car Laure Roulin l’affirme : « on essaye toujours que ce soit bien. Parce que c’est le plus beau métier du monde ».