La semaine de Claude Weill
Dimanche
Quel psychodrame ! Le «onpeut lui demander de se taire » d’Audrey Pulvar sera bientôt aussi célèbre que le « je vous demande de vous arrêter » d’Édouard Balladur. L’affaire aura occupé tout le weekend. Enflammé les débats. Indignation d’un côté (du PS « canal historique » au RN, en passant par LREM et LR). Soutiens mécaniques de l’autre (EELV et LFI). Et grand embarras de la direction du PS, qui ne peut ni approuver sur le fond, ni lâcher sa tête de liste aux régionales en Ile-de-France.
Pour être franc, on a du mal à prendre tout ça au tragique.
Il est absurde d’accuser Audrey Pulvar de racisme ou de la soupçonner de vouloir instaurer l’apartheid en France. Sommée de se prononcer sur les réunions « en non-mixité » (autrement dit interdites aux blancs), pratique qui heurte l’universalisme à la française et dont l’Unef s’est fait une spécialité, la candidate en campagne voit le piège. Ne voulant ni déplaire au courant woke-indigéniste, ni s’aliéner la gauche républicaine, elle tente la motion de synthèse. Cela donne cette proposition surprenante : les blancs doivent pouvoir assister à des réunions de « racisés », mais qu’ils se taisent. Quoi, le droit de parole serait indexé sur la couleur de peau ? Tollé ! L’esquive se voulait habile. L’effet est désastreux. Voulant éviter un piège, Audrey Pulvar en a creusé un autre et y est tombée. Elle vient de nous faire une Leonarda. Reste un mystère. Par quelle ébriété idéologique les responsables de la gauche en viennent-ils à inventer tous les jours de nouvelles raisons de se diviser et de faire monter les extrêmes ? Pensent-ils que le sujet qui occupe les Français aujourd’hui, c’est de savoir si les étudiant.e.s blanc.he.s (restons dans le thème) doivent pouvoir participer ou non à telles réunions d’un syndicat devenu quasi groupusculaire ?
Lundi
Attention, ça pique ! Selon une étude américaine, les humains possèdent dans leur ADN de très anciens gènes pouvant leur
permettre de secréter et cracher du venin. Tout comme les serpents. Nous n’avons jamais eu besoin d’exploiter cette potentialité, ayant trouvé d’autres moyens d’assurer notre survie (outils, armes, vie en société). Mais si les conditions environnementales l’exigeaient, nous pourrions devenir venimeux ; le matériel est là, tapi dans nos glandes salivaires. Réflexion faite, cela explique bien des choses…
Mardi
Une étude de France Stratégie à laquelle les grands médias ont accordé peu d’écho donne un aperçu inédit de la létalité de l’épidémie de Covid- dans le monde, en se fondant non sur les bilans officiels mais sur la surmortalité réellement observée en par rapport à .
Attention, cette méthode ne donne pas le nombre précis des décès, mais elle permet de mesurer au plus juste « l’effet Covid », si l’on admet que, sauf situations exceptionnelles, le taux de mortalité d’un pays donné est à peu près stable d’une année à l’autre.
Sur pays étudiés (exceptés ceux, comme la Chine, l’Inde et le Brésil, sur lesquels on manque de données
fiables), la France arrive audelà du rang. Sa surmortalité est de ,e %. Loin derrière la Russie (, %), les États-Unis (, %), ou le Royaume-Uni (, %). Avec un taux significativement inférieur à la moyenne européenne (, %), elle fait mieux que tous les pays voisins, à l’exception de l’Allemagne, relativement épargnée par la vague du printemps .
Le pays le plus endeuillé au monde est le Pérou (plus de % de surmortalité). À l’opposé, de nombreux pays d’Asie du Sud-Est n’ont simplement pas été touchés en .
Autre intérêt de cette étude, elle permet de juger de la sincérité des statistiques publiques, pays par pays.
Ainsi, le bilan officiel des États-Unis sous-estime de % la réalité. En Pologne, de la moitié.
En Russie, pour approcher du nombre de morts réels, il faut multiplier les chiffres officiels par ,.
En Égypte, par …
Vendredi
Ah, ils ont le chic pour se rendre odieux ! Après le maire de Bordeaux et ses « arbres morts », celui de Lyon et son Tour de France « machiste et polluant », c’est à la maire de Poitiers de déclencher la tempête. Pour Léonore Moncond’huy « L’aérien, ne doit plus faire partie des rêves d’enfant ». Ceci étant supposé justifier sa décision
de sucrer les subventions aux aéroclubs locaux. Quel merveilleux monde se dessine là, où la politique s’arrogerait de contrôler jusqu’à l’imaginaire des enfants. Pour leur bien, évidemment. Pour leur salut.
Cette dame pensait-elle vraiment ce qu’elle a dit ? La violence des réactions lui aura fait comprendre qu’avec ses semelles de plomb, elle avait marché sur une mine.
Ici palpite un des plus vieux et des plus beaux mythes de l’humanité. Légende d’Icare, appel du ciel, espoir ancré au coeur de l’homme depuis la nuit des temps, depuis qu’un petit sapiens, allongé sur le dos, a rêvé de rejoindre les oiseaux, là-haut…
Alors, oui, Icare s’est approché trop près du soleil et a fini par chuter parmi les mortels. Mais de grâce, Madame, laissez nos Petits Princes rêver du ciel. Pour le dire de façon plus prosaïque, il y a chez les écologistes une inquiétante ambition de rééduquer l’humanité, de la reprogrammer pour la sauver d’ellemême.
Leurs intellectuels les plus écoutés sont si pénétrés de l’imminence de la catastrophe, si convaincus que les peuples ne sont pas prêts aux sacrifices nécessaires, qu’ils acceptent comme mal nécessaire la mise entre parenthèses de la démocratie.
L’instauration d’une tyrannie écoresponsable et bienveillante dont ils sont chargés de hâter la venue. Sans nous.
« Voulant éviter un piège, Audrey Pulvar en a creusé un autre et y est tombée. »