L’ASM SONNE LES CLOCHES
Le week-end de Pâques a souri aux Monégasques. Fabregas et ses copains ont fait grand bruit hier en écrasant Metz (-). Et ils se retrouvent sur le podium (es) ce matin grâce au nul de Lyon à Lens. La fin de saison s’annonce palpitante.
Il va peut-être falloir acheter des casques à Niko Kovac et sa bande, car il devient trop risqué de laisser cette fine équipe filer à travers la Ligue 1 comme un cycliste dans une descente des Alpes, à tombeau ouvert. Hier, la meilleure équipe du championnat sur l’année civile (35 points empochés sur 42 possibles) a encore délaissé les freins et envoyé Metz dans le décor (4-0).
Portés par un élan
Comme d’autres, les Lorrains ont tenté de s’accrocher et de jouer des coudes, mais ils ont lâché prise après la pause, concassés et usés par cette ASM pétrie de talent et poussée par la main délicate d’Eole. Avec ce vent de dos, qui s’apparente à un élan que rien ne semble pouvoir briser, Monaco est ce matin sur le podium de la L1. Une place de choix que Ben Yedder et les siens n’avaient plus occupé depuis le mois de septembre et la 3e journée. Alors qu’il ne reste plus que sept étapes avant la ligne d’arrivée, l’ASM a remis un billet pour la Ligue des champions dans sa musette. Et vu que Paris accuse une fringale, battu par Lille hier (0-1), et que Lyon a toussé à Lens (11), le titre ne sera bientôt plus un mirage. En jouant avec le feu, les Parisiens n’écrasent plus rien, ouvrent des brèches et attisent les rêves de leurs concurrents. Leader, le LOSC n’est qu’à quatre points mais le discours est toujours aussi convenu sur le Rocher. Jovetic a obtenu un penalty litigieux, Ben Yedder a scoré au bout d’une action qui aurait pu accoucher d’un six mètres - si le centre de Diatta avait été jugé en dehors des limites du terrain -, mais tout le monde cache sous le tapis le brin de chance, la force collective et l’immense bonheur qui pourrait en découler. La superstition a la peau dure et Kovac aime noyer les évidences. Même si tout sourit à ses garçons, il se refuse à évoquer le titre de près comme de loin. « Nous avons une dynamique mais tout peut changer très vite dans le football, a résumé le
Croate hier. Je le sais bien en tant qu’ancien joueur. On doit rester focus. Si on continue dans cette voie, on pourra avoir plus. »
« Dans le foot, si tu n’es pas concentré en début de match ou que tu te crois meilleur que les autres, ça devient dur », a prévenu Fabregas, caution humilité et expérience du groupe.
L’alchimie d’un groupe
L’ex-coach du Bayern tient ses hommes en alerte. Même s’ils ne prennent plus de buts et trouvent constamment les solutions à leurs problèmes, comme hier, lorsque Metz s’est fait plus pressant en fin de première période. «Il n’était pas facile de briser ce mur, a pointé Kovac. On perdait trop de ballons facilement en voulant jouer trop vite. Nous n’avions peut-être pas aujourd’hui (hier) les joueurs capables de nous amener l’équilibre au milieu et c’est pour ça que nous avons inversé nos défenseurs centraux en seconde période, Axel (Disasi) et Guillermo (Maripan). Guillermo n’était pas dans un grand jour avec le ballon et ces petites retouches ont fait la différence. On n’a pas toujours été dans de bonnes dispositions, mais je suis heureux de voir que les joueurs ont eu la bonne mentalité. »
Hier, Kovac a fait débuter Ben Yedder sur le banc, comme à Saint-Etienne. Il a relancé Fabregas dans le onze et un 42-3-1 qui a facilité l’expression de son équipe. Tchouaméni suspendu, Matazo s’est voulu plus qu’une simple roue de secours. Bref, le Croate a eu tout juste. Il se balade et suscite l’admiration de ses pairs, bluffés par ses coups tactiques. «Il a une façon de voir le foot qui est très intéressante, l’a encensé Frédéric Antonetti. Il fait partie des bons. Vous avez peut-être vu un 4-2-3-1 aujourd’hui, mais c’est plus subtil que ça. Avec Kovac, un 4-2-3-1, ça ne veut rien dire. Paris a son niveau reste favori pour le titre, mais Monaco est dur à jouer et a l’avantage de ne pas disputer de Coupe d’Europe. »
Le coach asémiste a su créer une alchimie. Fabregas est champion du monde mais s’assoit sur le banc sans moufter et rayonne quand il entre en scène. Idem pour Ben Yedder, qui bouillonne puis claque un doublé. En Principauté, l’émulation est saine et acceptée de tous. Hier, « NK » a encore justifié ses choix avec des arguments et du flegme, comme la titularisation d’un Jovetic «en feu». Incandescent comme ce Monaco ébouriffant, et qui peut rêver du plus beau des destins.