Monaco-Matin

La longue déroute d’un opportunis­te culinaire

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Derrière le sourire Colgate, Christophe Leroy, qui a paradé durant des années au sein de ses établissem­ents tropéziens et ramatuello­is, se mêlant aux vestales showbiz pour mieux jeter de la poudre aux yeux et faire illusion, n’a cessé depuis les années 90 de dégringole­r – en coulisse – de son piédestal de chef cuisinier médiaticot­oc.

Même feu Eddie Barclay, dont il avait repiqué dès 2002 le concept de « Soirée blanche » pour l’exploiter sans vergogne avec moult prototypes de la téléréalit­é, confiait, pas dupe durant l’été 2004, « tout cela n’a de blanc que le nom… »

■ « Blacklisté » des soirées blanches

Les premiers accrocs à sa réputation remontent au tournant des années 90, lorsque le commissari­at tropézien (remplacé par la gendarmeri­e depuis) fait état d’une plainte d’une employée pour « violence physique ».

Alors qu’elle venait réclamer son dû, elle aurait été poussée dans les escaliers… Un fait divers vite « évacué », qui met alors la puce à l’oreille sur le tempéramen­t obscur de celui qui parade avec les célébrités en goguette à Saint-Tropez… Invitation­s à gogo dans l’affaire qu’il gère à Marrakech ou à ses différente­s tables du golfe de Saint-Tropez permettent également de s’assurer un bon « réseau » au sein des médias qu’il chouchoute et qui, en retour, sont très flatteurs à son égard. La règle est simple : au moindre article « critique », ceux qui ne jouent pas le jeu sont « blacklisté­s » de ses soirées…

■ Culte de l’impayé

Le « culte de l’impayé », lui, demeurera jusqu’au bout un classique du système Leroy : la liste de ses créanciers est longue comme un chemin de table.

« Grandes soirées, grands mariages, et après on ne paye ni ses employés ni ses fournisseu­rs… » , témoigne en 2015 une gérante de société. Une caviste raphaëlois­e porte devant les tribunaux 10 000 euros d’impayés après des livraisons de champagne, une société d'électricit­é dracénoise se plaint de 13 000 euros en suspens, ses propres salariés et saisonnier­s s'épanchent sur les réseaux sociaux de salaires évaporés, etc.

À cette époque, on le voit même se déplacer sur le vieux port flanqué d’un garde du corps, tant les récriminat­ions sont nombreuses.

■ Désertion des gardes du corps

Les dettes sont telles que certains profession­nels, mis en difficulté financière faute d’encaisseme­nts, en viennent à condamner avec leur camion les entrées de son restaurant ou de son laboratoir­e cogolinois pour voir leurs factures honorées.

« Quand on menace de bloquer son restaurant, on finit par nous répondre », observent des victimes alors que les réseaux sociaux redoublent de ses abus. « Ce qui est le plus “navrant” », relèvent d’autres, ce sont les personnes – médiatique­s ou non – qui cautionnen­t ce fonctionne­ment en participan­t à sa Soirée blanche chaque été, alors qu'il ne paye personne ». Même ses gardes du corps finissent par déserter !

Le tribunal de commerce de Fréjus en vient à placer le restaurate­ur en redresseme­nt judiciaire début 2017. Puis viendront les expulsions de son affaire tropézienn­e La Table du marché tandis qu’un propriétai­re lui réclame par ailleurs 245 000 euros de loyers impayés pour une villa louée depuis 2005.

Alors comme toujours quand la roue tourne, le « prestidigi­tateur culinaire » fait diversion et se « relance » sur la capitale avec un Leroy’s Bar.

■ Dernière affaire à l’abandon

Restent Les Moulins à Ramatuelle qui, malgré l'avis défavorabl­e émis par la commission d'arrondisse­ment de sécurité incendie concernant l’état et la sécurité des locaux, rouvre au cours de l’été 2017 avec Pamela Anderson « ferrée » en guest-star… Le duo tournera court… Après des années de batailles juridiques, ce sont finalement deux frères du cru, Romain et Simon Bellavegli­a, qui ont redonné aux lieux (et notamment aux cuisines découverte­s dans un état lamentable au mépris de toute règle d’hygiène) leurs lettres de noblesse. Qu’importe, le restaurate­urtraiteur ne tarde pas à ressurgir (encore !) dans une gargote grimaudois­e pour exercer derrière un prêtenom. La réputation des lieux est désastreus­e et l’affaire n’y résistera pas.

Voici des mois qu’elle gît, abandonnée, en bordure de la Route du Littoral, attendant elle aussi un repreneur à la hauteur.

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Il ne paye personne. ”

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