« Dès qu’on parle d’autisme, les gens sont réfractaires »
L’inclusion des enfants en situation de handicap, c’est un combat que Marie Falda et Ling Ling Seng Fu ne connaissent que trop bien. En 2018, ces deux Mentonnaises ont fondé AUDRA – contraction d’autisme et de Dravet, du nom des maladies que portent leurs enfants – une association d’aide aux familles impactées par tout type de handicap. « Nous voulions aider les personnes qui sont dans notre situation, et aider aussi nos enfants, leur garantir un meilleur futur », résument les deux femmes, qui ont dû, chacune à leur façon, «se battre » pour l’insertion de leurs enfants tout au long de leur scolarité. « Dès qu’on parle d’autisme ou d’un autre trouble, les gens sont réfractaires, déplorent-elles. Ce sont des handicaps invisibles, alors il y a beaucoup de préjugés, de la peur, du déni... C’est un combat permanent pour que les enfants soient acceptés. » Les deux mamans ont connu plusieurs péripéties durant les parcours scolaires de leurs enfants : « C’est arrivé que l’enfant soit mis dans un coin, à faire du coloriage pendant que les autres travaillent normalement. Ou bien qu’il soit exclu de la classe et mis dans le couloir, car soi-disant il gênait. On peut aussi lui dire de venir à 9 h, prétextant que c’est mieux pour lui, au lieu des horaires habituels de la classe. L’enfant comprend tout, il va arriver à 9 h tout seul et ne voir personne... » Autre problématique, les écoles qui ne sont « pas formées à temps plein », souligne Ling Ling Seng Fu, « ce qui empêche les parents de travailler à temps plein ». Globalement, c’est le manque d’information et de formation sur le sujet du handicap que les deux Mentonnaises dénoncent. « Quand les enfants sont intégrés dans des classes spécialisées, c’est déjà plus simple car les enseignants sont sensibles à ces sujets », analysent-elles. Seulement, ces classes spécialisées sont encore trop rares, surtout dans les petites communes. « Il y a un manque de structures à tous les niveaux, regrette Marie Falda. Certains jeunes adultes nécessitant un accueil en FAM (Foyers d’accueil médicalisés) se retrouvent isolés à la maison par manque de places. Avec en moyenne sept élèves par classe, les unités spécialisées ne sont pas suffisantes. Mais en créer plus nécessiterait que l’Éducation nationale mobilise du personnel, des budgets...»
Une permanence au CCAS
En dehors du cadre scolaire aussi, l’inclusion est un combat. À Menton, les deux mamans souhaiteraient voir plus d’événements et d’activités adressés aux enfants en situation de handicap.
« À Monaco, il y a l’association Frankie qui nous a permis de faire des sorties en jet-ski ou en hélicoptères.
‘‘ Il y a un manque d’information et de formation”
À Roquebrune-Cap-Martin, il y a une plage réservée aux personnes en situation de handicap, énumèrent-elles. Disposer d’un local pour y organiser des événements, un accueil permanent ou, par exemple, du soutien scolaire, ce serait bien. » Ralentie par les confinements et la crise sanitaire, l’association manque également de ressources et de temps pour mener à bien toutes ces envies.
Pour l’heure, elle apporte surtout un soutien moral et administratif à des familles en demande dans toute la région, et assure une permanence au CCAS*, tous les vendredis après-midi, sur rendezvous.
*CCAS de Menton, 4 promenade Maréchal Leclerc, 06500 Menton. Tél. : 04.92.41.76 00.