Monaco-Matin

Pays des Paillons : un pas de plus vers l’implosion ?

Altercatio­n musclée entre élus, reproches sur le manque de projets à venir, ambiance « lourde »... La Communauté de communes du Pays des Paillons (CCPP) n’est toujours pas apaisée.

- OLIVIER SCLAVO osclavo@nicematin.fr

Dernier épisode en date, un boycott pur et simple des maires de cinq communes (Blausasc, Châteauneu­f-Villevieil­le, Drap, Peille, Peillon) – sur les 13 de la Communauté de communes du Pays des Paillons (CCPP) – ont décidé de ne pas se présenter lors du vote du budget le 8 avril.

« Et on n’est pas près de me revoir », assène Michel Lottier, maire LR de Blausasc. « Quand je lis que le président Lavagna à dit qu’on prenait des décisions à la légère. S’il n’a pas compris qu’on existe ça ne sert à rien de continuer. Il n’a pas un discours rassembleu­r et le pire c’est qu’ils ne sont même pas bons à se remettre en question », continue-t-il. C’est peu de dire que le maire de Blausasc est remonté. Il n’est pas le seul...

Une ancienne altercatio­n musclée

Si l’ambiance est « lourde » comme le déplore Edmond Mari, maire de Châteauneu­fVilleviei­lle (DVG) et ancien président de la CCPP, c’est aussi à cause d’une altercatio­n musclée entre deux élus «il y a deux mois» . Joël Gosse, maire de Bendejun et Robert Nardelli, premier magistrat de Drap ont failli en venir aux mains. « Nous avons dû les retenir physiqueme­nt », ce qui n’a pas empêché les deux hommes de s’échanger des « propos d’une violence rare », précise-t-il.

Francis Tujague, le maire de Contes (PCF), confirme un incident « inacceptab­le » qui « ne portait sur rien » .Maisil se questionne sur «lapart de problèmes relationne­ls et la part de la volonté de certains de faire exploser la communauté ou d’aller voir ailleurs ».

Le président Lavagna a bien tenté de rabibocher les deux élus. Sans succès. « M. Gosse était prêt à présenter ses excuses, mais M. Nardelli ne s’est pas rendu au rendezvous ». De son côté, Robert Nardelli rapporte qu’il a « voulu présenter ses excuses à Joël Gosse » mais que c’est le maire de Bendejun qui a refusé de les présenter devant les autres maires. Loin d’être un détail, cet incident semble illustrer le fossé qui s’est creusé entre les deux camps. Mais, il ne serait pas l’unique raison de la décision des élus frondeurs de boycotter le vote du budget de la CCPP. «Iln’y a plus de vision collective, on n’arrive plus à travailler ensemble sur des projets », regrette le maire de Châteauneu­f-Villevieil­le qui pense que « des visions particuliè­res qui rejoignent des postures politiques sont l’embryon du fossé » . Et pour lui il y a un coupable : Francis Tujague « entièremen­t responsabl­e de la situation actuelle ».

« Désastreux »

« Je trouve cela désastreux qu’ils se focalisent là-dessus, réagit Joël Gosse (PCF). Ce n’est pas en boudant qu’on va faire avancer les choses. Ils souhaitent parler de l’avenir ? Le vote du budget c’était l’occasion de se projeter ». Pour l’élu de Bendejun, ce sont surtout des considérat­ions politiques à l’approche

des élections régionales et départemen­tales [deux scrutins menacés de report : lire pages 4-5] qui seraient à l’origine de ce boycott.

Alors que le maire de Drap trouve « le manque de respect » trop important et estime que ceux qui ont voté le budget « s’en foutent qu’on soit là ou pas là ». Selon lui, ils sont « une minorité qui se prend pour une majorité parce qu’ils parlent fort » .Il note que le président de la CCPP n’a pas fait de réunion pour crever l’abcès et mettre les choses à plat alors que le conflit s’enlise.

Les terrains Lafarge pour sauver la Communauté ?

« On est à un point de non-retour », lâche Edmond Mari. Ça me fait très mal de le dire parce que j’y suis attaché mais la fin de la CCPP est programmée. Elle va imploser ».

Pourtant il y a un projet qui pourrait redonner de la vie et un but à la communauté : l’avenir des terrains du cimentier Lafarge qui se désengage de la vallée du Paillon.

Francis Tujague y voit «un atout considérab­le si on sait s’en saisir. La commune de Contes a pris l’initiative de mobiliser un cabinet d’études. J’ai rencontré le directeur national de Lafarge, on a convenu qu’on allait travailler de concert. La CCPP sera intégrée à cette réflexion. S’il n’y avait qu’une raison de rester ensemble et construire une vision d’avenir ce serait celle-ci ».

Du côté d’Edmond Mari, la vision est différente. « Le foncier de Lafarge, c’est une réflexion qui dépasse Drap et Contes. C’est tout le Pays des Paillons, évoque le maire. Je m’étonnais qu’on n’ait pas eu de réunion pour discuter d’un projet de territoire. J’ai envoyé un e-mail pour proposer une réflexion afin d’installer un satellite d’entreprise­s innovantes, un mini Sophia Antipolis. Il n’y a pas eu de réponse ».

Pour Maurice Lavagna, qui se dit prêt à « tendre la main » età « travailler avec tout le monde », « un contrat de plan vient de se terminer avec la constructi­on des salles des fêtes et de la dernière crèche ». Et il le concède «il faut préparer un nouveau plan ». Un plan auquel participer­ont les 13 communes des Paillons ?

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(Photos J.-P. B.) Maurice Lavagna, maire de Berre-les-Alpes et président de la CCPP, ici en .

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