Monaco-Matin

Menton : des associatio­ns demandent la fermeture du centre de « rétention » des migrants

- SAMUEL RIBOT / ALP

C’est l’histoire d’un centre de rétention qui ne dit pas son nom, ne satisfait personne et fonctionne néanmoins depuis plus de quatre ans.

À Menton, des locaux jouxtant ceux de la Police aux frontières servent depuis 2017 à accueillir les étrangers faisant l’objet ou risquant de se voir notifier un refus d’entrée sur le territoire. Une structure que dénoncent depuis l’origine les associatio­ns de défense des migrants, qui pointent à la fois des conditions d’hébergemen­t indignes et une privation de liberté pour ceux qui se retrouvent contraints d’y passer la nuit. Hier, devant le Conseil d’État, Médecins sans frontières et l’Associatio­n nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) ont tout simplement demandé la fermeture d’une structure «qui se situe en dehors du cadre du droit », estime leur avocat Patrice Spinosi. Un constat appuyé par les observatio­ns faites sur le terrain par les membres de l’Anafé, qui évoquent des conditions d’accueil «déplorable­s » : les étrangers contraints de passer la nuit dans ce que le ministère de l’intérieur appelle un centre de « mise à l’abri » dorment en effet sur des bancs et disposent de deux WC pour plusieurs dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants. Surtout, ils sont privés de liberté le temps de leur séjour dans ces locaux, qui peut s’étirer jusqu’à 13 h d’affilée.

La faute à l’Italie selon la France

Tout cela, assure à l’audience Pascale Léglise, représenta­nte du ministère, c’est la faute de l’Italie, qui ne met pas suffisamme­nt de moyens à dispositio­n pour venir chercher les migrants refoulés de France. Et si ce centre existe, « c’est pour des raisons humanitair­es ». « On ne pouvait pas laisser ces gens dans la rue, donc on a mis en place cette structure alors que rien ne nous y obligeait, explique Mme Léglise, mais quoi qu’on fasse, ça ne suffit jamais. » Aujourd’hui, plusieurs dizaines de personnes en attente de reconduite en Italie ou désireuses de déposer une demande d’asile sont retenues chaque nuit dans ces bâtiments. «On vous propose une solution radicale : fermez ces locaux », avance Maître Spinosi. À défaut, cet habitué des couloirs du Conseil d’État a une autre solution à vendre au juge des référés : « Si vous ne prononcez pas une fermeture, vous pouvez contraindr­e l’administra­tion à garantir le respect de ces personnes et leur droit à la dignité », en ordonnant à la fois une améliorati­on des conditions matérielle­s d’hébergemen­t et en mettant fin à la privation de liberté appliquée aux étrangers retenus à Menton. Le juge doit se prononcer d’ici la fin de la semaine.

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