Monaco-Matin

Rwanda : Macron « reconnaît » les responsabi­lités de la France

Dans un discours au Mémorial du génocide de Kigali, le Président français a toutefois rappelé que notre pays « n’a pas été complice ».

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Le président Emmanuel Macron a reconn, hier, à Kigali les « responsabi­lités » de la France dans le génocide des Tutsis de 1994 au Rwanda, dans un discours très attendu où sans présenter d’excuses, il a dit espérer le pardon des victimes. « En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, je viens reconnaîtr­e nos responsabi­lités », a déclaré le chef de l’Etat français, tout en affirmant que la France n’avait «pas été complice » du génocide ayant fait plus de 800 000 morts.

Son discours a été salué par son homologue Paul Kagame lors d’une conférence de presse commune : « Ses paroles avaient plus de valeur que des excuses. Elles étaient la vérité », a-t-il réagi, en évoquant le « courage immense » de son «ami» Emmanuel Macron.

Renouer des relations

Les deux présidents ont promis, selon les mots d’Emmanuel Macron, de renouer des relations « puissantes et irréversib­les » entre leurs deux pays. Les rescapés du génocide ont accueilli avec des émotions partagées le discours du chef de l’Etat français.

« J’ai aimé le ton et les mots qu’il a utilisés [...] Même s’il n’y a pas eu le mot “pardon”, quand même, il a fait un grand pas », selon Marie Grace Mukabyagaj­u,

âgée de 59 ans. Pour sa part, Egide Nkuranga, le président de la principale organisati­on de rescapés Ibuka, a regretté que le Président français n’ait « pas présenté clairement des excuses au nom de l’Etat français » ni « même demandé pardon ». Mais « il a vraiment essayé d’expliquer le génocide et la responsabi­lité de la France. C’est très important, ça montre qu’il nous comprend », a-t-il reconnu. Emmanuel Macron s’est justifié en estimant que l’évocation d’« excuses », également souhaitée par des responsabl­es politiques français, n’était pas « appropriée » et qu’il préférait la «reconnaiss­ance des faits ». Quant au pardon, « ce n’est pas moi qui peux le donner », a-t-il ajouté.

Le don du pardon

Dans son discours empreint de solennité au mémorial du génocide de Kigali, où reposent les restes de plus de 250 000 victimes du génocide, il a déclaré espérer que ceux qui « ont traversé la nuit » du génocide des Tutsi puissent « faire le don de nous pardonner ». La France a fait « trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de la vérité », a-t-il regretté. L’objectif affiché d’Emmanuel Macron était de « finaliser » la normalisat­ion des relations avec le Rwanda après « vingtsept années de distance amère [...] d’incompréhe­nsion, de tentatives de rapprochem­ent sincères mais inabouties ».

En 2010, Nicolas Sarkozy, le seul président français à s’être rendu à Kigali depuis le génocide, avait déjà reconnu de « graves erreurs » et « une forme d’aveuglemen­t » des autorités françaises ayant eu des conséquenc­es « absolument dramatique­s ». Pour Emmanuel Macron, la France n’a cependant « pas été complice » des génocidair­es, ce qu’avait également conclu le rapport d’historiens dirigé par Vincent Duclert remis en mars.

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(Photo AFP) « Je viens reconnaîtr­e nos responsabi­lités », a déclaré, hier à Kigali, Emmanuel Macron

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