Monaco-Matin

Bière et barbecue, stars de la grande distributi­on

A la belle saison et a fortiori s’il fait chaud, nos comporteme­nts valorisent des produits alimentair­es dits « météosensi­bles ». Résultat : augmentati­on de la consommati­on et coup de chaud sur les prix.

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Olivier Dauvers, expert en consommati­on, rappelle que la météo en est plutôt l’alliée. À ceci près que la grande distributi­on craint les pics de chaleur. Mais c’est aller un peu vite en besogne et promotions. L’explicatio­n : « Il existe des produits météosensi­bles dont les ventes décollent littéralem­ent dès que se présentent quelques degrés en plus. » La bière. La glace. La viande. Dans le détail, voici l’addition : « Pour le même effet, c’est-à-dire le dessert, un pot de crème glacée se vend plus cher qu’un lot de quatre yaourts. C’est donc une meilleure valorisati­on. » Un coup de chaud et l’on se rue sur le « snacking ». Et sur les brochettes et autres grillades ou joyeusetés liées à l’art du barbecue, donc à celui de l’apéro et de la conviviali­té. « Quand vous êtes chef d’un rayon boucherie et que vous savez qu’il va faire beau, vous êtes obsédé par la nécessité de ne pas manquer, sans quoi l’on perd des ventes. Ce n’est pas un petit sujet. C’est une réalité. »

La météo et son influence directe

Le barbecue dope les ventes estivales des grandes enseignes alimentair­es.

sur l’activité. « La météo vous ouvre sur l’extérieur, plutôt qu’elle ne vous replie sur vous. Elle crée des occasions de consommati­on pour lesquelles on est prêt à dépenser davantage, tout simplement. »

Écran total

Attention à ne pas se laisser aveugler par cet écran total. Le coup de chaleur n’a pas que des avantages. « À l’extrême, s’il fait 35°, le client ne sort pas. On a bien vu les mois de juillet-août, les années précédente­s, en pleine canicule, on ne voit personne dans les rayons entre 11 heures et 17 heures. »

Seule exception : le ventilateu­r. Un pic, c’est la ruée. Des pales qui soufflent la tempête sous un crâne de chef de rayon. « En général, tous les magasins tombent en rupture d’un produit dont ils savent qu’ils vont le vendre, mais dont ils ignorent quand ils vont le vendre. En gros, la météo tend les distribute­urs nerveux, en tout cas sur le qui-vive, parce qu’elle donne des fenêtres de tir très resserrées et qui, pourtant, portent un potentiel commercial énorme. » Idem pour les climatiseu­rs mobiles, avec une explosion en cours de saison, si la canicule arrive d’un coup.

Envie de dépenser

Point positif, les clients ont envie de se lâcher. « On sentait une appétence, ce qui montre bien, accessoire­ment, que nous sommes dans une société de consommati­on. On en pense du bien, du mal, c’est comme ça », philosophe Olivier Dauvers. À son niveau, Philippe Desjardins, président de la fédération du commerce et de l’artisanat Nice-Côte d’Azur, est confiant : « On est un peu comme les paysans. On regarde le ciel le matin, et si tout est bien, on sait que notre business sera florissant. » Il rappelle que, même si l’on travaille, « vous le premier, moi le premier », on a l’impression d’être en vacances. Euphorie, envie d’acheter. Terrasse de restaurant et habillemen­t, « tout est tiré vers le haut », la vie et l’embellie.

Eric Chaumier, vice-président du Commerce à la CCI 06, adjoint au maire de Mandelieu, se réjouit à la perspectiv­e d’un été chaud. « L’activité démarre très fort dans la restaurati­on, avec des grosses journées, comparable­s à celles d’un mois de juillet. Malgré le couvre-feu. » L’été promet d’être porteur : «Nousdevrio­ns vraiment avoir une belle saison. Plutôt française, mais avec des Belges, Allemands, Luxembourg­eois qui ont ici leur résidence secondaire. » La clientèle sera toutefois essentiell­ement locale, avec un pouvoir d’achat moindre. Mais une envie sacrée et bien ancrée de profiter.

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(Photo Patrice Lapoirie)
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(Photo Laurent Martinat)

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