Monaco-Matin

Vaccin pour les - ans : probableme­nt dès la rentrée

S’il s’agit d’une vaccinatio­n essentiell­ement altruiste, au bénéfice des plus fragiles, elle pourrait aussi éviter des évictions scolaires, très délétères psychologi­quement, selon les pédiatres.

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

L’Agence européenne du médicament (EMA) n’a finalement pas beaucoup tardé à emboîter le pas de son homologue américain, la FDA. Après avoir mené une évaluation accélérée des données transmises par Pfizer et BioNTech, les développeu­rs du vaccin COMIRNATY contre la Covid-19, elle vient de donner un avis favorable à son utilisatio­n chez les 1215 ans. Une annonce que le Dr Hervé Haas, pédiatre et infectiolo­gue au CHPG à Monaco, a accepté de commenter.

Que pensez-vous de l’élargissem­ent de la vaccinatio­n aux - ans ?

Comme la plupart de mes confrères, j’y suis très favorable, même si le rationnel de cette vaccinatio­n est différent de celui des adultes.

Qu’entendez-vous par là ?

S’agissant des adultes, et des personnes âgées en particulie­r, le bénéfice individuel est majeur puisque le vaccin protège des formes graves vis-à-vis desquelles elles sont fortement à risque. Concernant les enfants, on sait que le risque de formes graves est extrêmemen­t réduit. Même cet hiver encore, on a dû hospitalis­er en réanimatio­n quelques enfants atteints de syndromes inflammato­ires multisysté­miques. Heureuseme­nt, tous ont été guéris sans séquelles.

La vaccinatio­n des enfants aurait donc pour seule vocation de protéger les adultes ?

Il s’agit effectivem­ent d’une vaccinatio­n d’abord altruiste,

Le Dr Hervé Haas, est aussi secrétaire du groupe de pathologie­s infectieus­es pédiatriqu­es au sein de la Société française de pédiatrie (SFP).

destinée à protéger les plus fragiles, en limitant la circulatio­n du virus. Mais pour les adolescent­s de  à  ans, il y a aussi un bénéfice individuel, surtout en termes de scolarisat­ion.

Éviter la rupture avec l’école ?

Exactement. Même si on a peu fermé les écoles en France, les mois passés ont eu un très gros impact psychologi­que pour cette population. Les consultati­ons en pédopsychi­atrie explosent : enfants victimes d’anxiété majeure, d’idées noires, en situation de rupture scolaire… Grâce à la vaccinatio­n, on pourrait éviter les évictions scolaires, et diminuer ainsi l’angoisse chez les jeunes de la catégorie d’âge  à  ans.

On peut néanmoins s’inquiéter de possibles effets indésirabl­es, quand les bénéfices à attendre du vaccin sont aussi faibles ?

Concernant ces effets indésirabl­es, regardés à la loupe, quelques cas de myocardite [inflammati­on au niveau du muscle cardiaque, ndlr] ont été décrits dans les essais conduits outre-Atlantique ; mais leur incidence n’est pas supérieure à celle attendue dans cette tranche d’âge. En clair, il n’a pas été conclu à ce stade de surrisque avec la vaccinatio­n.

Quelques précisions supplément­aires concernant ces myocardite­s ?

Elles ont été observées  jours après l’injection de la deuxième dose et ont affecté surtout des garçons. Autre précision : tous ces cas ont évolué favorablem­ent, aucun événement grave n’a été observé par la suite. Mais il est évident que l’on doit continuer de surveiller très attentivem­ent l’apparition d’éventuels effets indésirabl­es. Les cas de thromboses associés à AstraZenec­a ont assez marqué les esprits. Une transparen­ce totale sur ce que l’on sait – et ce qu’on ne sait pas – s’impose.

Quand la campagne de vaccinatio­n des enfants devrait-elle débuter en France ?

Probableme­nt à la rentrée.

Pourquoi attendre septembre, alors que le Canada et les USA ont déjà entamé la vaccinatio­n ?

Ils ne sont pas dans la même situation que la France ; eux ont fermé les écoles plus de

 jours, contre une quarantain­e nous concernant. On imagine l’impact terrible que cela a eu. Du coup, ils sont infiniment pressés de renvoyer les enfants à l’école. Nous sommes dans une situation un peu différente ; continuons de prioriser les adultes avec les doses dont nous disposons, et dans le délai, on pourra bénéficier d’encore plus de recul en termes de tolérance.

D’un point de vue organisati­onnel, la vaccinatio­n des jeunes avec un vaccin à ARN pourrait-elle s’avérer compliquée, sachant les conditions de stockage ?

Plus pour très longtemps. Les laboratoir­es Pfizer vont bientôt livrer des vaccins qui pourront, après décongélat­ion, être maintenus un mois dans un frigo. Dès lors, tout le monde : pédiatres, généralist­es… pourra vacciner ces enfants. Et il est probable que ces vaccinatio­ns se passeront en milieu scolaire… en ayant pu les organiser en amont cet été.

Seriez-vous favorable à un élargissem­ent de la vaccinatio­n aux moins de  ans ?

Ce sera probableme­nt le cas dans un avenir prochain, mais à mon sens, ça se discute davantage, il y a moins d’urgence. Ce sont les adolescent­s, je le répète, qui sont, aujourd’hui, en souffrance et pour lesquels on doit tout mettre en oeuvre pour éviter dans les prochains mois de nouvelles ruptures scolaires.

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