Les goélands sont-ils de méchants oiseaux ?
Devant les attaques qui se multiplient au détriment des mangeurs de sandwichs, des pigeons, des cygnons... on finit par avoir peur de ces volatiles. Dangereux ? Surtout opportunistes...
Le goéland ? Un super pro du vol à l’arraché. Sahra nous a raconté la mésaventure qu’elle a vécue à Nice, il y a quelques jours, alors qu’elle s’apprêtait à déguster un casse-croûte avec son chéri, sur une des chaises bleues des Ponchettes. « J’ai sorti mon sandwich... Je n’ai rien vu venir, mais j’ai brusquement senti quelque chose dans mon dos. » C’était un goéland. Qui louchait probablement depuis une base arrière, sur le pain renfermant jambon, fromage et salade. Un drôle d’effronté : « J’ai senti sa patte sous mon oeil... Il a piqué mon sandwich en entier puis il est reparti avec dans son bec ! La scène était énorme. Autour de nous, les gens rigolaient. Avec mon amoureux, on a quand même mis un temps pour réaliser. »
Le pan-bagnat aussi
Ce qu’a vécu la pauvre Sahra, à qui on a enlevé le pain de la bouche, selon l’expression consacrée, une autre jeune femme, Chloé, l’a subi au bord du rivage cannois. « Il faisait beau, raconte Tiffany. Je mangeais mon pan-bagnat sur la plage. Tout d’un coup, ma tête a été précipitée dans le pain. Comme si on m’avait donné une grosse claque par l’arrière. J’ai senti une aile qui s’abattait sur moi. Celle d’un goéland. J’ai rentré mon visage entre mes jambes. L’oiseau est reparti. J’ai continué à manger. Mais il est revenu. Derrière moi. On lui a balancé des glaçons et il n’a pas obtenu gain de cause, même s’il a réussi à faire tomber un morceau de nourriture. J’ai eu peur. Maintenant, lorsque je vais grignoter sur la plage, je regarde d’abord derrière moi...»
Des établissements scolaires n’échappent pas à la gloutonnerie de ces espèces marines métamorphosées en rapaces.
Pillages tous azimuts
Dans certaines cantines désormais à ciel ouvert pour les raisons sanitaires liées à la Covid, des enfants sont obligés de se gendarmer pour éviter que leur repas ne finisse dans le gosier d’un goéland.
Des épisodes aussi sauvages, on en entend depuis que le goéland s’est urbanisé. Mais pas vraiment civilisé. Son cri rauque, son extrémité cornée impressionnante rappelant le fuselage tronqué du Concorde, sa masse, son envergure, sont guère engageants. Sur les marchés en plein air de la ville, comme à Libération, ils sont des nuées à attendre leur heure près des bancs aux poissons. ça pique dur. Le bon comme le mauvais, car malgré son bec puissant, l’oiseau n’est pas du genre bec fin. A défaut de poiscaille, ça ne le répugne pas de crever les sacs poubelles et de piocher dans tous les détritus éparpillés. Sous les fenêtres de notre rédaction, place Wilson, les scènes de pillage sont quotidiennes. Inédit aussi : des hôteliers niçois, dont Michel Tschann, responsable du Splendid, boulevard VictorHugo, déploraient des rafles en vols piqués depuis les rooftops : adieu petitsdéjeuners et même téléphones portables ! Mais si le chapardage peut prêter à sourire, d’autres comportements imputables au volatile, sont franchement odieux autant que répugnants. Des pigeons massacrés, éventrés, éviscérés composent souvent la pitance des goélands. N’importe où. Y compris sur la chaussée. Mieux que Jack l’éventreur ! Ne parlons pas des fois, où ces volatiles ont déchiqueté d’innocents cygnons aux abords de Cagnes-surMer, laissant maman cygne éplorée par la perte de ses poussins.
Limité par les palmes
Le seul obstacle à l’appétit vorace de ces oiseaux, c’est qu’ils n’ont pas de serres au bout des pattes. Mais des palmes. Pratique pour nager, pas pour piquer. Tout ce qu’ils chapardent, ils l’emportent dans leur bec.
Ce qui réduit la taille de la proie. Mais pas l’audace persistante de ces bestioles. Une idée peut-être : si on demandait à Mèfi, l’aigle nissart qui préside aux destinées de chaque match à l’Allianz Riviera, de s’occuper du sort de l’envahisseur. Goéland, fais gaffe, il y a un contrat sur ta tête !