Monaco-Matin

Les goélands sont-ils de méchants oiseaux ?

Devant les attaques qui se multiplien­t au détriment des mangeurs de sandwichs, des pigeons, des cygnons... on finit par avoir peur de ces volatiles. Dangereux ? Surtout opportunis­tes...

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Le goéland ? Un super pro du vol à l’arraché. Sahra nous a raconté la mésaventur­e qu’elle a vécue à Nice, il y a quelques jours, alors qu’elle s’apprêtait à déguster un casse-croûte avec son chéri, sur une des chaises bleues des Ponchettes. « J’ai sorti mon sandwich... Je n’ai rien vu venir, mais j’ai brusquemen­t senti quelque chose dans mon dos. » C’était un goéland. Qui louchait probableme­nt depuis une base arrière, sur le pain renfermant jambon, fromage et salade. Un drôle d’effronté : « J’ai senti sa patte sous mon oeil... Il a piqué mon sandwich en entier puis il est reparti avec dans son bec ! La scène était énorme. Autour de nous, les gens rigolaient. Avec mon amoureux, on a quand même mis un temps pour réaliser. »

Le pan-bagnat aussi

Ce qu’a vécu la pauvre Sahra, à qui on a enlevé le pain de la bouche, selon l’expression consacrée, une autre jeune femme, Chloé, l’a subi au bord du rivage cannois. « Il faisait beau, raconte Tiffany. Je mangeais mon pan-bagnat sur la plage. Tout d’un coup, ma tête a été précipitée dans le pain. Comme si on m’avait donné une grosse claque par l’arrière. J’ai senti une aile qui s’abattait sur moi. Celle d’un goéland. J’ai rentré mon visage entre mes jambes. L’oiseau est reparti. J’ai continué à manger. Mais il est revenu. Derrière moi. On lui a balancé des glaçons et il n’a pas obtenu gain de cause, même s’il a réussi à faire tomber un morceau de nourriture. J’ai eu peur. Maintenant, lorsque je vais grignoter sur la plage, je regarde d’abord derrière moi...»

Des établissem­ents scolaires n’échappent pas à la gloutonner­ie de ces espèces marines métamorpho­sées en rapaces.

Pillages tous azimuts

Dans certaines cantines désormais à ciel ouvert pour les raisons sanitaires liées à la Covid, des enfants sont obligés de se gendarmer pour éviter que leur repas ne finisse dans le gosier d’un goéland.

Des épisodes aussi sauvages, on en entend depuis que le goéland s’est urbanisé. Mais pas vraiment civilisé. Son cri rauque, son extrémité cornée impression­nante rappelant le fuselage tronqué du Concorde, sa masse, son envergure, sont guère engageants. Sur les marchés en plein air de la ville, comme à Libération, ils sont des nuées à attendre leur heure près des bancs aux poissons. ça pique dur. Le bon comme le mauvais, car malgré son bec puissant, l’oiseau n’est pas du genre bec fin. A défaut de poiscaille, ça ne le répugne pas de crever les sacs poubelles et de piocher dans tous les détritus éparpillés. Sous les fenêtres de notre rédaction, place Wilson, les scènes de pillage sont quotidienn­es. Inédit aussi : des hôteliers niçois, dont Michel Tschann, responsabl­e du Splendid, boulevard VictorHugo, déploraien­t des rafles en vols piqués depuis les rooftops : adieu petitsdéje­uners et même téléphones portables ! Mais si le chapardage peut prêter à sourire, d’autres comporteme­nts imputables au volatile, sont franchemen­t odieux autant que répugnants. Des pigeons massacrés, éventrés, éviscérés composent souvent la pitance des goélands. N’importe où. Y compris sur la chaussée. Mieux que Jack l’éventreur ! Ne parlons pas des fois, où ces volatiles ont déchiqueté d’innocents cygnons aux abords de Cagnes-surMer, laissant maman cygne éplorée par la perte de ses poussins.

Limité par les palmes

Le seul obstacle à l’appétit vorace de ces oiseaux, c’est qu’ils n’ont pas de serres au bout des pattes. Mais des palmes. Pratique pour nager, pas pour piquer. Tout ce qu’ils chapardent, ils l’emportent dans leur bec.

Ce qui réduit la taille de la proie. Mais pas l’audace persistant­e de ces bestioles. Une idée peut-être : si on demandait à Mèfi, l’aigle nissart qui préside aux destinées de chaque match à l’Allianz Riviera, de s’occuper du sort de l’envahisseu­r. Goéland, fais gaffe, il y a un contrat sur ta tête !

 ?? (Photo Eric Ottino) ?? Place Saint-François, un goéland ne se gêne pas pour se régaler d’un poisson qu’il a piqué sur un banc. Avec ce volatile, l’audace a toujours le mot de la... faim !
(Photo Eric Ottino) Place Saint-François, un goéland ne se gêne pas pour se régaler d’un poisson qu’il a piqué sur un banc. Avec ce volatile, l’audace a toujours le mot de la... faim !

Newspapers in French

Newspapers from Monaco