LE DOSSIER DU
Et si nous avions tous un rôle à jouer ? Comme dans tout changement, l’évolution des mobilités requiert une remise en cause de nos habitudes. Mais sommes-nous prêts à changer de comportements ?
Et si le changement de mobilité n’était finalement qu’une question de comportement ? Le point sur cette question avec Jérôme Palazzollo, professeur de psychologie clinique et médicale, spécialisé en thérapies comportementales et cognitives.
Quel rôle notre comportement peut-il jouer dans l’évolution des mobilités ?
Jérôme Palazzollo :
L’homme adopte deux types de comportements : individuel et collectif. D’un point de vue individuel, pour qu’un changement soit maintenu dans le temps, il doit absolument apporter un bénéfice. C’est ce que l’on appelle une dynamique de renforcement positif. Si ce n’est pas le cas, le changement sera très vite abandonné.
Jérôme PALAZZOLO
Professeur de psychologie clinique et médicale
Donc nous sommes prêts à changer nos habitudes...
Bien sûr, nous sommes tous prêts à tester de nouvelles choses, à nous mettre en mode apprentissage. L’essentiel étant d’y gagner quelque chose. Si l’individu constate qu’avec un autre type de mobilité, il a moins de difficultés à se garer, il arrive plus souvent à l’heure ou il y gagne de l’argent, alors, il abandonnera sans aucun problème son ancien mode de transport pour adopter cette nouvelle mobilité définitivement.
Et dans notre comportement collectif, l’intérêt a autant d’importance ?
Dans notre comportement collectif, l’intérêt est tout aussi important. Mais les choses sont un peu différentes. On va avoir tendance à reproduire, à faire comme les autres. C’est ce que l’on appelle l’apprentissage social. Par exemple, si un groupe adopte la voiture électrique, on va avoir tendance à vouloir s’y essayer tout naturellement. Mais pour qu’une dynamique de groupe s’installe, l’individu doit toujours y trouver un intérêt. Sinon, il y aura, ce que l’on appelle un « phénomène d’extinction ».
Cette dynamique de groupe n’est-elle pas le secret pour faire changer nos habitudes ?
Oui, si on prend par exemple les réseaux sociaux, on voit bien le succès de cette dynamique d’apprentissage social. Longtemps critiqués, ils ont beaucoup de poids et sont même aujourd’hui utilisés par les pouvoirs publics. C’est bien la preuve que le comportement collectif peut faire changer les mentalités.
C’est le comportement collectif qui pourrait alors nous faire changer de mobilités ?
Si on souhaite que les mobilités deviennent demain plus collectives, il faut réussir à faire adhérer positivement la population en donnant du sens. On ne pourrait pas obliger les gens, du jour au lendemain, à rouler en électrique. Ça ne fonctionnerait pas !
Comment s’y prendre alors ?
La communication explicative qui consiste à dire, par exemple, « roulez électrique parce que c’est bénéfique pour la planète » serait déjà mieux perçue. Mieux encore, la communication participative qui consiste à s’impliquer directement dans le projet va forcément optimiser l’engagement de la personne. Et rien n’empêche non plus de mixer communication explicative et participative pour un meilleur résultat encore. Comme lorsque vous avez des responsables politiques qui décident de montrer l’exemple. On est à la fois sur une communication explicative et participative. Le message du politique qui va opter pour une voiture électrique sera:« Roulez en électrique, c’est meilleur pour la planète, regardez moi-même je le fais ! »
L’important serait-il de continuer à évoluer ?
Quel que soit le projet, on constate que plus l’investissement de temps ou d’argent est grand, plus il a de chances de réussir.
Et ça marche très bien pour le changement de mobilités. La technique qui consiste à demander un peu au départ pour s’engager plus après en est une bonne illustration. Cela consiste, par exemple, en termes de mobilité, par commencer à rouler en hybride pour ensuite passer au tout électrique.