LE DOSSIER DU
Quels sont les enjeux des mobilités de demain ? Les nouvelles solutions de mobilité sont-elles une réponse aux attentes d’une meilleure qualité de vie ? Cécile Maisonneuve et Paulo Moura, deux experts, s’expriment sur cette problématique
n décembre , la vente de véhicules électriques représentait % des parts de marché. Et le gouvernement a annoncé un plan de millions d’euros pour permettre d’ici à la fin d’équiper les aires de service en bornes de recharge rapide. La France est bel et bien en état de marche en matière d’écomobilité...
Paolo Moura. La France compte désormais beaucoup de solutions d’écomobilité. Il faut maintenant travailler sur le comportement des usagers. Ils sont prêts à % à changer de mobilité mais ils ont besoin d’être accompagnés, de connaître concrètement l’offre de mobilité qui leur est proposée en échange d’un autosolisme pas forcément souhaité.
Le principal enjeu des nouvelles mobilités serait donc social ?
Cécile Maisonneuve.
Les mobilités de demain doivent parvenir à répondre à quatre enjeux indissociables en même temps : social bien sûr, mais aussi réglementaire, financier et environnemental. Mais d’un point de vue social, il est certain que, pour inciter les usagers à utiliser des mobilités propres, il faut être capable de leur proposer d’autres alternatives. On ne peut pas, par exemple, décider de faire payer très cher les parkings d’un centre-ville, sans proposer une autre solution de mobilité qui réponde parfaitement aux besoins des usagers.
L’enjeu est avant tout social. Car pour être adoptées par le plus grand nombre, ces nouvelles mobilités doivent être capables de répondre à une demande de services des consommateurs. Et l’idée n’est pas d’oublier sa voiture, mais de commencer
P. M.
Présidente de La Fabrique de la Cité
par privilégier une multimobilité en réfléchissant à une meilleure organisation personnelle. Un seul et même trajet peut, par exemple, se composer de trottinette électrique et de tram ou encore de voiture et de train. Il faut faire comprendre aux usagers que l’usage des mobilités propres fait gagner en qualité de vie.
Justement, en quoi les solutions d’écomobilité (transports en commun, voiture électrique, covoiturage) sont-elles garantes d‘une meilleure qualité de vie ? C. M.
Les principaux intérêts des nouvelles mobilités sont un gain de temps et un gain d’argent. Certaines autoroutes françaises ont d’ores et déjà fait le choix de réserver une voie aux véhicules de covoiturage et aux bus express. Ce qui permet de réduire considérablement les temps de trajet. Quant à l’aspect financier, les usagers se sont très vite rendu compte qu’ils pouvaient faire des économies. Le succès des bus longue distance et des plateformes de covoiturage, dès leur apparition, en est la parfaite démonstration.
Le gain de temps est énorme avec les mobilités propres. Être passager d’un train ou d’un bus circulant sur autoroute permet de dégager du temps pour bouquiner par exemple. Chose que l’on ne peut absolument pas faire quand on est accroché au volant de sa voiture ! Utiliser un vélo permet de pratiquer une activité physique tout en se rendant sur son lieu de
P. M.
Paulo MOURA
Responsable Innovations et Partenariats à l’IMREDD
travail. L’autre avantage, c’est la qualité de l’air que l’on respire, qui est forcément bien meilleure à vélo ou au volant d’un véhicule électrique que lorsque l’on conduit une voiture à moteur thermique.
C. M. Les pouvoirs publics ont encore beaucoup à faire pour construire le système de ou . Il faut construire un cadre économique qui implique notamment de clarifier qui supportera par exemple les coûts de raccordement pour les bornes électriques. Il faut travailler sur la régulation du coût de la recharge qui varie d’un opérateur à l’autre. Le conducteur doit maintenant avoir la certitude de pouvoir voyager en voiture tout électrique sur de longues distances sans se soucier de savoir s’il pourra facilement, rapidement et à un tarif compétitif, recharger la batterie de sa voiture.
Il faut que les acteurs du monde économique et les collectivités travaillent en étroite collaboration sur les services recherchés par les consommateurs de telle sorte à pouvoir leur proposer les meilleures solutions de mobilités ou inventer des mobilités qui leur correspondent.
P. M. Comment optimiser mieux encore l’usage des mobilités propres ?
1. Fondé en 2010 à l’initiative de son mécène, le groupe VINCI, « La Fabrique de la Cité » est un organe de réflexion dédié à la prospective urbaine
2. L’Institut Méditerranéen du Risque de l’Environnement et du Développement Durable, impulse, en relation avec le monde économique, des actions de recherche partenariale dans le champ du développement durable et de la Smart City autour notamment du thème de la mobilité.