TER : moins de personnel, hausse des incivilités
Des documents internes à la SNCF font état d’une augmentation des atteintes aux biens et aux personnes en Paca, dans les trains et en gare. Rien de neuf, pour une fédération d’usagers.
La peur, les incivilités, ça a toujours existé. Quand la ligne Cannes-Grasse a été créée, les gens étaient inquiets. Puis on s’y fait », indique le président de l’association Les naufragés du TER Grasse-Vintimille, Eric Sauri. Pour le secrétaire général de la CGT cheminots de Nice, Najim Abdelkhader, la situation s’est effectivement dégradée, mais elle ne doit rien au hasard. «En 2019, on a supprimé la moitié des effectifs de contrôleurs. Sans un agent qui accompagne le train de bout en bout, on assiste à une hausse de l’insécurité et une explosion de la fraude. Qui ne sont pas près de s’arrêter », prédit-il.
«Onafait des propositions »
Alors, que mettent en avant ces fameux documents confidentiels, internes à la SNCF, que Le Figaro a pu se procurer (lire ci-contre) ? Une augmentation globale de 59 % des nuisances à bord des trains et en gare. Et 57 % des victimes seraient des agents SNCF. Autre constat : les consignes seraient moins suivies et les sanctions feraient moins peur. « Sur les lignes TER, le conducteur se retrouve seul à gérer la sécurité et la sûreté à bord. C’est bien pour ça qu’ils sont en grève depuis un mois [notre édition du 18 mai] », souligne Najim Abdelkhader. Le cheminot précise d’ailleurs que la Côte d’Azur est une région qui a toujours été compliquée en termes de sécurité. «Onafaitdes propositions mais elles ont des coûts. L’été, par exemple, on sait qu’il y a des tensions entre Riquier et Villefranche. Si, pendant 15 jours, on y concentre les forces SNCF et de police, on assiste à un retour à la normale », assure-t-il. Les documents en question établissent également un palmarès des gares les plus touchées par cette hausse des incivilités.
« Tout est fermé »
Avec 6 128 faits, la gare de Nice ville caracolerait en tête de classement. Et, à Saint-Augustin, on assisterait à la plus forte hausse des incidents (+156 %). « Dans les petites gares, il n’y a plus d’agent au guichet. Même dans les grandes, à 22 heures, tout est fermé. Les gens sont moins tranquilles », regrette le président de l’association des amis du rail azuréen, Germain Nallino. Des décisions pour préparer l’après-confinement de 2020 seraient également évoquées : un « groupe de partenariat opérationnel » pour lutter contre les flux migratoires serait par exemple mis en place à Cannes, tout comme un prototype de train équipé de portes de WC ouvrant vers l’extérieur pour – selon nos confrères – faciliter les opérations d’inspection. « En attendant, dans les trains qui vont à Vintimille, il n’y a plus de toilettes.
Les CRS cassent les portes à coups de hache pour sortir les migrants », soulève le président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) Paca, Philippe Crétin. Et les rames continuent de rouler, malgré le matériel défectueux. « Quand c’est cassé, il faut attendre que le matériel monte à Marseille pour être réparé. Christian Estrosi nous avait promis un centre de maintenance à Nice en 2021, qui a finalement été reporté à 2024 », sourit Germain Nallino.
Sollicitées, la SNCF a préféré ne pas faire de commentaires et la Région n’est pas revenue vers nous.