Monaco-Matin

Ehpad azuréens cherchent résidents éperdument

Peur des clusters, visites contrainte­s, difficulté­s financière­s... Les familles bouderaien­t-elles les Ehpad ? Une tendance nationale à laquelle les Alpes-Maritimes n’échappent pas.

- MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

Nous avons enregistré une baisse des demandes d’entrée en Ehpad ces derniers mois, constate Pierre Faraj, délégué départemen­tal du syndicat national des établissem­ents et résidences privées pour personnes âgées (Synerpa). Pour des raisons logiques liées à la pandémie. Quand il y avait un cluster dans un établissem­ent, nous ne faisions pas de nouvelles entrées. À l’approche des fêtes de fin d’année, craignant de ne pas pouvoir rendre visite à leurs parents autant qu’elles le voulaient à cause du protocole très strict, les familles ont préféré les accueillir chez eux et retarder l’entrée », détaille celui qui est également dirigeant du groupe Medifar, qui compte six établissem­ents sur la Côte d’Azur. L’hypothèse d’une surmortali­té pour expliquer cette tendance, Pierre Faraj la balaie d’une geste : «Elle n’a pas été démontrée. Et on ne connaît pas le nombre de décès Covid à domicile. »

« Une baisse deà%»

Les clusters, les établissem­ents confinés en mars 2020, « ç’a été très traumatisa­nt. Nous avons été montrés du doigt, regrette Paul Bensadoun, qui déplore une baisse des demandes d’entrée «de25à40%» selon les établissem­ents du groupe Senectis qu’il dirige.

Beaucoup sont restés à la maison après leur mise au chômage partiel. Ce qui leur a permis de s’occuper de leurs parents. »

Autre raison, le budget que représente l’Ehpad pour les familles, dans un contexte de crise économique et d’incertitud­e quant à l’avenir dans un départemen­t lourdement impacté par la crise. « Parmi elles, nous avons beaucoup de restaurate­urs, d’hôteliers, ou autres profession­s liées au tourisme. Certains ont préféré reprendre leurs parents chez eux », rapporte Paul Bensadoun. Les progrès de la médecine et l’âge plus tardif de la perte d’autonomie jouent aussi. « Les personnes qui sont entrées en Ehpad dernièreme­nt ont 86-87 ans. Il y a 5 ans elles étaient beaucoup plus jeunes, 75 à 80 ans », note le directeur d’Ehpad azuréens.

« Besoin d’être rassurées »

« Aujourd’hui, après nous avoir rencontrés et être venu visiter, les familles mettent quinze jours à trois semaines à se décider quand, avant, la décision était prise dans les trois jours », note Johanna Bensadoun, directrice de la résidence Les jardins de Saint-Paul, à Antibes, qui constate « une légère reprise » des demandes avec deux chambres vides seulement et bientôt occupées. « Les familles sont épuisées et ont besoin de nous. Nous avons beaucoup plus de demandes d’accueil temporaire. Elles essaient un mois. Ça les rassure. Puis passent en permanent. » « C’est en train de repartir, confirme Pierre Faraj, confiant. On l’avait déjà constaté l’été dernier. »

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(Photo Dylan Meiffret) Certains Ehpad ont du mal à faire le plein alors qu’avant la pandémie il fallait patienter pour décrocher une place.

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