Interpellation musclée à Nice : une plainte classée sans suite
Le commissaire Souchi, mis en examen pour « violences volontaires » après une charge contre des « gilets jaunes », avait déjà été sur la sellette, 3 mois plus tôt, après une intervention lors d’une manif de lycéens.
On voit un policier casqué attraper des manifestants par les cheveux, les jeter au sol sans ménagement, alors même que l’un d’eux est déjà sous la garde d’un autre fonctionnaire. Les images sont issues du réseau de surveillance de la ville de Nice. Elles remontent au 6 décembre 2018, lors d’une manifestation houleuse de lycéens devant le Parc Impérial.
Elles ont été révélées lundi par le journal Libération qui explique les avoir obtenues de sources internes à la police ne supportant plus les méthodes de « chien fou » d’un de leur collègue... Et non des moindres, puisque l’auteur de ces arrestations musclées ne serait autre que le commissaire Rabah Souchi (nos éditions d’hier). Responsable du service de voie publique ce gradé est déjà mis en examen pour « complicité de violences volontaires » dans l’affaire Geneviève Legay. Il gérait en effet le dispositif de maintien de l’ordre lorsqu’en mars 2019, une militante niçoise de 73 ans, avait été blessée à la tête alors que la police tentait de disperser une manifestation interdite de « gilets jaunes » sur la place Garibaldi à Nice.
Plainte déposée par un mineur
Le commissaire niçois avaitil déjà dérapé quelques mois plus tôt ? Le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, a confirmé hier une information de Nice-Matin selon laquelle une enquête avait bien été ouverte sur les conditions de son intervention lors de ce rassemblement de lycéens au cours duquel des poubelles avaient été incendiées. « Il n’y avait alors eu qu’un seul plaignant, un mineur qui à l’époque s’estimait avoir été victime de violences de la part d’un policier qui avait été identifié comme étant M. Souchi. » L’IGPN – la police des polices – avait été saisie, mais cette plainte pour violence policière avait finalement été classée sans suite en mai 2019, soit deux mois après l’affaire Legay.
Le procureur en poste à l’époque, Jean-Michel Prêtre, avait alors estimé qu’il n’y avait pas matière à poursuivre le commissaire niçois.
Reste à savoir si son successeur à la tête du parquet partage le même avis à la lumière de la divulgation de cette vidéo. Xavier Bonhomme confie n’être pour l’heure saisi d’« aucune plainte ». Le représentant du ministère public n’en demeure pas moins maître de l’opportunité d’éventuelles poursuites. Sa décision n’est toutefois pas prise : « Les faits sont en cours d’évaluation », explique-t-il.
Des images « accablantes »
Pour le représentant du syndicat SGP Police, Laurent Martin de Frémont, ces images n’auraient « rien d’anormal ». « Je ne suis pas choqué », a-t-il déclaré. «Onvoit des collègues qui font leur boulot en allant interpeller des fauteurs de troubles lors d’une manifestation bouillante... Il n’y a pas de tabassage », estime-t-il. Ce n’est pas l’avis de David Nakache du collectif Tous Citoyens 06, qui trouve au contraire ces images de violence « accablantes ». Pour lui, une « mise à pied immédiate et des poursuites pénales s’imposent ».