Monaco-Matin

Le procès banal d’un proche du terroriste de Nice

Détenu à La Farlède, dans le Var, l’un des individus soupçonnés d’avoir aidé le terroriste de la promenade des Anglais a été jugé à Toulon pour deux recels de téléphone.

- E. M.

En voyant apparaître à l’écran Ramzi Arefa, on a du mal à imaginer que ce Niçois âgé de 22 ans est renvoyé devant la cour d’assises de Paris pour « associatio­n de malfaiteur­s terroriste ».

Jugé hier par visioconfé­rence pour deux téléphones portables découverts en septembre et en novembre 2019 à la prison de Toulon-La Farlède, ce détenu est soupçonné d’avoir aidé le terroriste de la promenade des Anglais à se procurer une arme.

Dans ce dossier, Ramzi Arefa est le destinatai­re du dernier SMS envoyé par Mohamed Lahouaiej Bouhlel avant son périple mortel – 86 tués – au volant d’un camion, le 14 juillet 2016.

« Je parle avec ma mère »

« Je sais très bien que si je suis ici devant vous, c’est un peu à cause de cette affaire », dit Ramzi Arefa à la juge qui l’interroge.

« Si on devait renvoyer tout le monde devant le tribunal correction­nel pour un téléphone en prison, on ne s’en sortirait plus… », s’indigne son avocat toulonnais, Me Morgan Daudé-Maginot. Le prévenu reconnaît les faits qui lui valent cette comparutio­n devant une juge toulonnais­e. « Je venais d’arriver dans cet établissem­ent. Avec ce téléphone, je désigne un avocat, je parle avec ma mère, avec ma famille… »

« Quand on regarde ce qu’il y a dans le téléphone, il y a beaucoup plus de messages qui ont trait à des parachutag­es de drogue », fait observer la juge en référence aux paquets lancés par-dessus les murs de la prison. « Ce téléphone, on était plusieurs à l’utiliser », répond le prévenu.

« Moi, je suis un Niçois. À Toulon, je ne connais personne, ça me permettait de garder le contact. J’essaie de me tenir tranquille en prison, j’essaie de me réinsérer » ,insiste Ramzi Arefa qui a été placé en détention provisoire quelques jours après l’attentat de Nice. « Je n’ai jamais été lié à tout ça, j’ai été mis en cause du jour au lendemain… », tentet-il emmitouflé dans un sweat-shirt estampillé d’un « Believe me… » (Croyezmoi). Avant d’être interrompu par la présidente : « Vous n’êtes pas jugé pour ça.»

« Croyez-moi »

Pour autant, la procureure de l’audience ne manque de le présenter comme « impliqué dans une affaire de terrorisme ».

Elle requiert huit mois de prison ferme à l’encontre du Franco-Tunisien condamné à sept reprises par le passé (usage de stups, vols, violences…)

De son côté, Me Daudé-Maginot appelle le tribunal «à nuancer tout cela » . Et de s’en remettre à l’exploitati­on du téléphone réalisé par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) : « J’attire votre attention sur ses recherches sur Internet : le film Avengers : Endgame ,le site de La Redoute… »

Le délibéré est tombé en moins d’une minute : huit mois de prison ferme.

 ?? (Photo doc Laurent Martinat) ??
(Photo doc Laurent Martinat)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco