JO : l’archet niçois Pierre Plihon joue sa qualif’ cette semaine
Le Niçois Pierre Plihon va tenter de décrocher son billet pour les Jeux, cette semaine à l’Euro d’Ankara ou fin juin à Paris. Ce ne sera pas simple mais l’archer de 31 ans y croit.
Pierre Plihon est entré dans le vif du sujet. Il a trois semaines pour envoyer les Tricolores à Tokyo ( juillet- juillet) et sa mission débute cette semaine à Ankara, théâtre des championnats d’Europe. En Turquie, il tentera d’accrocher un quota individuel. S’il n’y parvient pas, le Niçois de ans aura une dernière flèche : un tournoi de qualification olympique à Paris (TQO, - juin) où un quota par équipes est en jeu (avec ses partenaires Jean-Charles Valladont et Thomas Chirault). Ce quota collectif offrirait également aux Bleus trois places en individuel. La semaine passée, au crépuscule d’un stage à Poitiers (Vienne), sur la route du retour entre Angoulême et Bordeaux, le licencié de l’Arc Club de Nîmes s’est projeté sur les deux échéances à venir. Il en a profité, aussi, pour saluer sa grand-mère qui vit à Saint-Roch. « Eliane Chiossone compte énormément pour moi. Elle m’a toujours soutenu. Elle est exceptionnelle et lit Nice-Matin tous les jours ». Le message est passé.
Pierre, comment vous sentez-vous à l’heure de l’Euro et du TQO ?
Ça va bien. J’ai une chance inouïe de voyager et pratiquer mon sport quand une grande partie de nos compatriotes ne l’ont pas eue pendant des mois. Je me sens privilégié.
Vous ressentez une certaine pression ?
J’ai un tempérament plutôt anxieux, mais je me prépare de manière plus consciencieuse. C’est l’avantage. A l’approche des échéances, il y a une grosse phase de stress, mais je suis prêt et l’équipe est prête. J’ai confiance en mes coéquipiers. On a tout pour se qualifier pour les Jeux.
Avant de telles échéances, sur quoi planchez-vous ?
Le gros travail physique et technique a été fait en amont. L’exécution du geste est devenue quasi automatique, presque guerrière. On a un plan et on le déroule sans en déroger. Désormais, on est surtout dans une démarche mentale. On n’est plus ce gamin qui apprend à marcher. Il s’agit d’avancer d’un pas sûr.
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Au moment où je mets les doigts sur la corde, le monde s’arrête”
Vous sortez d’un stage à Poitiers…
On a travaillé avec le Centre d’analyse d’images et de performance sportive (CAIPS) qui fait de la recherche.
On a bossé sur l’aspect technologique et sur l’optimisation du matériel. Je suis rassuré, s’il y a défaillance, elle vient du sac de viande qu’il y a derrière l’arc.
Avec Chirault, Valladont et Plihon, on parle des vice-champions du monde par équipes…
On a déjà déplacé des montagnes. On termine vice-champions du monde après avoir été avant-derniers des qualifications. On se connaît et dans les moments de stress, on sait se dire les choses. Cette relation ne se construit pas en une saison. Il y a des raisons d’être optimistes parce qu’on ne pourra pas avoir meilleure équipe. Même s’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Un million de choses pourraient nous faire échouer. On manque le quota aux Mondiaux () pour une flèche et mm.
Chacun a un rôle bien défini dans ce trio…
Thomas a grandi. En , c’était le premier de la classe très timide et dans l’autoflagellation. Aujourd’hui, c’est un vrai tireur et un compétiteur.
Il a éclos. Il fait les choses avec de la vie, il n’est plus robotique. Je l’aime beaucoup, il fait du bien aux gens. J.C., c’est le papa. On est copains comme cochons. On aime la pêche, la chasse et la nature. Ça fait quinze ans qu’il est en équipe de France. Il a tout connu, c’est le vécu, notre Indiana Jones.
Qu’avez-vous retenu de votre première aux Jeux, à Rio (éliminations en e en individuel, en / par équipes) ?
J’en garde des souvenirs extraordinaires et une expérience humaine. C’est J.C. (Valladont) qui décroche sa médaille (argent). Je ne suis plus la même personne depuis. J’ai progressé. Mes erreurs avaient été dans la préparation, pas sur les Jeux. J’ai gagné en rigueur. J’étais tout jeune, je venais d’entrer dans le collectif France. J’étais dans ma période d’ascension et de folie. J’ai aussi été en conflit avec l’entraîneur de l’époque, je suis tête de mule et je n’agissais pas forcément dans mon intérêt. J’ai compris ce que je cherche dans le tir à l’arc. Je suis en paix et je fais les choses pour devenir maître dans ma discipline. Le sportif ne vend que du kiff, c’est tout ce qu’on produit. Si on prend notre pied, les gens prendront le leur.
Au TQO, à Paris, vous allez tirer devant spectateurs. Ça doit faire plaisir…
Ce qui fait plaisir, c’est qu’il y aura du public. Après, franchement, s’il y a spectateurs pour un tournoi de tir à l’arc, on sera bien… Ce que j’aime dans ce
sport, c’est qu’au moment où je mets les doigts sur la corde, le monde s’arrête. Il n’y a plus que moi et la cible. Donc pour reprendre un président (Chirac), public ou pas, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre.
Craignez-vous l’annulation des Jeux à cause de la crise sanitaire ?
C’était une source d’angoisse lors des premiers confinements, mais j’ai fait un gros travail avec ma psychologue Anaëlle Malherbe. J’aborde désormais les choses sans anticiper. Je m’occupe de ce qui est à hauteur d’homme. Il peut se passer tellement de choses, comme un faux test positif à la Covid.
J’en ai déjà eu un avant les sélections nationales en février… Là, je suis philosophe et détaché. Je suis vivant, j’ai mes proches et je me lève chaque matin avec ma copine (l’archère suédoise Erika Jangnas) et mon chien. La vie est belle.