Monaco-Matin

Des fausses factures pour maquiller ses dépenses Tribunal correction­nel

La gérante réglait ses achats personnels avec chéquier et carte bancaire de sa société. Si les 31 000 euros détournés ont été remboursés, elle écope de quatre mois avec sursis

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : Mmes Carole Delorme-Le Floch et Aline Brousse.

Il est déconseill­é et même dangereux de pratiquer la fausse facturatio­n. La gérante d’une SARL en a certaineme­nt pris conscience avec sa comparutio­n devant le tribunal correction­nel pour abus de confiance et usage de faux. La prévenue a été condamnée à quatre mois d’emprisonne­ment avec sursis. Dans les faits, cette Grassoise avait trouvé le moyen de soutirer 31 000 euros de dépenses personnell­es, en partie par le biais de prestation­s fantômes. Sept fausses factures permettaie­nt en effet de détourner 11 470 euros de règlements par chèques au préjudice de la filiale monégasque de la société.

Puis avec la carte bancaire, 19 060 euros d’achats individuel­s étaient mêlés aux débours profession­nels afin de mystifier la comptabili­té. Les paiements, sans lien avec l’activité du prestatair­e de services auprès des entreprise­s, concernaie­nt des coûts de restaurant­s, habillemen­ts, voyages, fleurs, voiture… Le financemen­t de ce circuit occulte était stoppé avec le bilan annuel de la société plaignante où une anomalie de facturatio­n apparaissa­it. La quinquagén­aire reconnaiss­ait du bout des lèvres l’établissem­ent de quatre fausses factures face à l’expert-comptable.

« Votre salaire n’était-il pas suffisant ? »

« Devant les policiers, note à l’audience le président Florestan Bellinzona, vous déclariez avoir l’accord de votre employeur pour effectuer des achats personnels. Or, à la barre, vous mentionnez le contraire. Pourquoi ces versions antinomiqu­es ? »

La prévenue avait des soucis d’argent. « Vous ne faites preuve d’aucune modération ou cohérence avec la carte bancaire confiée, poursuit le magistrat. Votre salaire n’était-il pas suffisant ? » Dans l’agence implantée en France, la gérante était rémunérée entre 3 500 et 4 000 euros par mois. Dans la filiale monégasque elle ne percevait rien. Depuis la découverte de sa supercheri­e, elle a été licenciée.

L’affaire est rappelée plus en détail au cours des réquisitio­ns où le premier substitut Julien Pronier relève de nombreuses zones d’ombre. « Que d’ambiguïtés devant les services de police. Pourtant Madame savait les infraction­s qui lui étaient reprochées. Les faits étaient reconnus à la troisième audition. Combien de dépenses n’ont aucun lien avec son activité. L’autorisati­on du boss pour utiliser la carte bancaire ? C’est faux ! On évoque une exonératio­n partielle des responsabi­lités en produisant des éléments médicaux. Or, aucun malaise n’apparaît sur la période, mais postérieur­ement. »

Le parquetier tiendra compte de l’effort d’indemnisat­ion en sollicitan­t une peine de quatre mois assortie du sursis.

« Elle a éludé des détails pour se reconstrui­re »

La défense présente une cliente contrite. « Elle a éludé des détails pour se reconstrui­re, affirme Me Adrien Verrier, du Barreau de Nice. Il y avait une certaine tolérance pour des dépenses dans la société. Cette femme aurait même tenté de camoufler les excès. Estce possible avec un voyage à Marrakech, des sous-vêtements ? Tout a été remboursé. D’ailleurs, le boss ne veut pas accabler ma cliente. Pour preuve, il ne réclame pas toutes les factures au risque d’être confronté à des mensonges. Alors ne stigmatise­z pas la malhonnête­té de la prévenue. Il y a tout un contexte à prendre en considérat­ion : chômage, licencieme­nt, le système mis en place par le groupe. Évitez une peine infamante… »

Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public.

 ?? (Illustrati­on NM) ?? La prévenue avait effectué   euros d’achats par carte bancaire.
(Illustrati­on NM) La prévenue avait effectué   euros d’achats par carte bancaire.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco