Monaco-Matin

Macron prudent sur les réformes post-Covid

Face aux « inquiétude­s » des Français éprouvés par l’épidémie, Emmanuel Macron a écarté hier une reprise « en l’état » de la réforme des retraites.

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Je ne peux pas gérer l’été en pente douce », a averti hier le chef de l’État au cours d’une rencontre de trois heures avec des retraités tranquille­s dans la cité médiévale de Martel (Lot). « Je vais devoir prendre des décisions, certaines sur la relance, d’autres difficiles » pour que la dernière année du quinquenna­t soit « une année utile », a-t-il ajouté.

Dans une ambiance bon enfant, Emmanuel Macron a été interpellé sur l’immigratio­n, la vaccinatio­n, les déserts médicaux ou le sort de la « France éternelle », brièvement troublées par deux ou trois invectives sur le chômage ou les violences policières sur un air de « gilets jaunes ».

Valeur travail, premier de cordée et ISF

Il compte poursuivre ses rencontres lors d’une dizaine de déplacemen­ts en juin-juillet, avant de trancher sur des choix clés pour le reste du quinquenna­t. Tout en défendant mordicus ses principes du début de quinquenna­t, comme la valeur travail, la métaphore du « premier de cordée » ou la suppressio­n de l’ISF, le chef de l’État a dit vouloir d’abord comprendre l’état d’esprit du pays avant de se décider sur de nouvelles réformes d’ampleur. À commencer par celle des retraites.

Des accents de 

« Je ne pense pas que la réforme qui était initialeme­nt envisagée puisse être reprise en l’état », a-t-il confié devant la presse. « Elle était très ambitieuse, extrêmemen­t complexe et, du coup, porteuse d’inquiétude », or il faut « prendre en compte » ces «peurs» et le contexte créé par la crise sanitaire. «Ilesttropt­ôt» selon lui pour se prononcer.

« On doit prendre le pouls du pays même quand on n’est pas en campagne », a justifié le président, répondant aux critiques de certains opposants qui lui reprochent d’être entré « en mode élection » à l’approche des régionales et à moins d’un an de la présidenti­elle.

Emmanuel Macron dans la cité médiévale de Martel.

Avec des accents de 2017, il a de nouveau défendu son choix de ne pas augmenter les impôts des plus riches. « Est-ce qu’on peut massivemen­t taper les gros contribuab­les, idée qu’on adore chez nous ? On peut le faire, mais les gros s’en vont ! », a-t-il lancé à un retraité contestata­ire « On m’a dit “le Président des riches”, je m’en fous ».

Quant à la garantie jeunes universell­e, un projet dans les cartons, il a dit vouloir aider les jeunes en formation mais rejeté catégoriqu­ement « l’idée qu’on donne de l’argent sans condition ». Une réponse aux propositio­ns de la gauche d’un RSA pour les 18-25 ans.

Sur l’immigratio­n, il a plaidé pour une « politique d’intégratio­n plus ambitieuse » mais noté : « est-ce qu’on ferait travailler le BTP, la restaurati­on ou l’agricultur­e si on avait zéro immigré » ?

Société violente

Il a terminé en s’enflammant contre « la cancel culture », selon lui «un drame » et à laquelle il oppose « une politique de la reconnaiss­ance ». Mais Emmanuel Macron a aussi reconnu s’inquiéter d’une société «de plus en plus violente ». Pour répondre au sentiment d’insécurité des Français, il a préconisé une réponse de politique publique mais aussi « de valeur en termes de civilisati­on et de culture ».

Une majorité de Français ( %) est « plutôt favorable » àla dépénalisa­tion du cannabis pour la première fois depuis les années , selon un sondage Ifop pour CBD-grams.com. Ils étaient  % en ,  % en  et  % en , précise l’Ifop. Également,  % des Français interrogés sont favorables à la légalisati­on, soit une autorisati­on de la consommati­on et de la production dans un cadre établi par la loi selon les termes de l’Ifop. Si Emmanuel Macron a soudaineme­nt proposé, mi-avril, à un an de la présidenti­elle, de « lancer un grand débat sur la consommati­on de drogue », l’exécutif se montre opposé à toute légalisati­on.

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(Photo AFP)

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