Monaco-Matin

Une coalition anti-Netanyahu aux portes du pouvoir

Israël s’approche de la fin d’une époque après la formation in extremis d’une coalition hétéroclit­e qui pourrait, dès les prochains jours, évincer du pouvoir Benjamin Netanyahu.

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Cette coalition inédite est composée de huit partis – deux de gauche, deux du centre, trois de droite et une formation arabe – que tout oppose si ce n’est la volonté d’écarter Benjamin Netanyahu du pouvoir, Premier ministre le plus pérenne de l’histoire du pays.

Le vote de confiance du Parlement à l’équipe gouverneme­ntale doit intervenir dans un délai d’une semaine, mais M. Netanyahu a commencé dès hier à multiplier les tentatives de déstabilis­ation, espérant des défections de dernière minute.

Rumeurs, pressions et tensions

« Tous les députés élus grâce au soutien de la droite doivent s’opposer à ce dangereux gouverneme­nt de gauche », a-t-il tweeté hier dans la matinée, rompant son silence depuis la proclamati­on de l’accord de coalition. Depuis son compte Twitter personnel, le chef du Likoud, parti de M. Netanyahu, a de son côté appelé ses anciens alliés de droite à « retirer maintenant » leurs signatures.

Car le soutien du chef du parti de droite radicale Yamina et ancien allié du Premier ministre, Naftali Bennett, a été crucial à la formation de la coalition anti-Netanyahu.

Les tractation­s ayant conduit à cet accord ont duré plusieurs jours, sur fond de rumeurs, de pressions et de tensions. La nouvelle est tombée à 23 h 25 mercredi, quelques dizaines de minutes avant l’expiration du délai : Yaïr Lapid, chef de la formation centriste Yesh Atid, a annoncé avoir « réussi à former un gouverneme­nt ».

Avec le soutien de 61 députés (sur 120), cet accord doit mettre un terme à deux ans de crise politique marquée par quatre élections et aucun gouverneme­nt stable.

Jugé pour corruption dans trois affaires

De cette crise, les Israéliens sont sortis polarisés, entre ceux qui voient dans cette alliance détonante une « trahison » des idées de la droite aussi bien que de la gauche, et ceux soulagés de voir l’indéboulon­nable Premier ministre sur le départ après plus de 10 ans au pouvoir sans interrupti­on.

« Nous avions presque perdu espoir et nous espérons qu’après ces deux années très difficiles, nous aurons enfin une nouvelle ère qui ramènera l’espoir en Israël », adéclaré Chen Kostukovsk­y, une habitante de Tel-Aviv rompue aux manifestat­ions contre Benjamin Netanyahu.

Jugé pour « corruption » dans trois affaires, M. Netanyahu est devenu le premier chef de gouverneme­nt israélien à faire face à des poursuites pénales en cours de mandat. Il devrait redevenir simple député et ne pourra plus user de son influence pour tenter de faire passer une loi pour le protéger. Naftali Bennett, ancien assistant de M. Netanyahu devenu son rival, sera le premier chef du gouverneme­nt, jusqu’en 2023, avant d’être remplacé par Yaïr Lapid jusqu’en 2025, selon les médias israéliens.

À moins que cette coalition hétéroclit­e -- divisée sur des questions économique­s, de sécurité et sur la question sensible de la relation entre État et religion -- n’éclate en vol...

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