Monaco-Matin

Le Vista Palace ouvrira en juillet

Après des années de travaux, l’hôtel 5 étoiles de Roquebrune-Cap-Martin devrait sortir de terre cet été. Le maire fait le point sur ce chantier qui ne fait pas l’unanimité chez ses administré­s.

- CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

Il devait être livré en juin, ce sera finalement juillet. Après des années de travaux, retardés par des procédures judiciaire­s lancées par des riverains, le Vista Palace va sortir de terre cet été. Sous un autre nom : The Maybourne Riviera.

Le Vistaero avait été acheté en 2014 par l’ancien émir du Qatar, Hamad ben Khalifa al-Thani, pour 30,5 millions d’euros. Le propriétai­re du PSG a investi plus de 100 millions d’euros en travaux de restructur­ation et d’agrandisse­ment pour en faire un hôtel 5 étoiles. 45 chambres dont 24 suites avec piscine à débordemen­t privée pour certaines. Et même des chambres troglodyte­s.

Un projet titanesque mais aussi polémique. Depuis 2017, riverains et associatio­ns environnem­entales attaquent ce projet construit en zone protégée Natura 2 000 (lire cidessous). L’ouverture n’a d’ailleurs pas été annoncée par voie de communiqué de presse. L’exploitant, le groupe hôtelier Irlando-Qatari Maybourne Hotel Group, s’est contenté de lancer une campagne de recrutemen­t. Et de créer un site qui présente « le joyau de la Côte d’Azur » et annonce son ouverture cet été.

Contacté, le groupe n’a pas répondu à nos sollicitat­ions. Mais Patrick Cesari, le maire de Roquebrune-Cap-Martin, a accepté de répondre à nos questions.

Le groupe a annoncé que l’hôtel ouvrirait cet été. Où en sont les travaux ?

Ils sont en voie de finalisati­on, selon les responsabl­es. De ce que je sais, une ouverture progressiv­e est prévue à compter de juillet. L’hôtel ouvrira complèteme­nt durant la première quinzaine de septembre et il y aura certaineme­nt des retours positifs.

Vous avez accordé le permis de construire en  parce que le projet avait un intérêt général sur le plan paysager et économique. Considérez-vous que c’est toujours le cas ?

Oui. Nous n’avons conservé que le coeur historique de l’hôtel Vista Aero à la demande de l’architecte des bâtiments de France. Tout ce qui était autour a été démoli pour dégager la vue. Aujourd’hui tout est intégré dans le coeur historique. L’intérêt économique est aussi important puisque cet hôtel va embaucher  personnes à l’année, hors saison. L’année prochaine on sera bien au-delà. Et j’ai demandé qu’on soit attentif aux candidatur­es des Roquebruno­is et habitants du Mentonnais. Ça, je pense qu’ils vont en tenir compte.

Quid des  tirants qui ont été ajoutés a posteriori sur la falaise ?

Je sais que la sécurisati­on de la falaise à amené beaucoup de personnes à réagir, notamment à la vue des tirants. Il faut savoir qu’il y a aujourd’hui une action menée et prévue dès l’origine qui va corriger cela. Maintenant qu’on est au bout de la sécurisati­on, il y a le volet aménagemen­t qui va s’ouvrir. On ne va pas rester comme ça. Les travaux doivent être soumis à l’architecte des bâtiments de France dans les jours qui viennent.

Comment expliquez-vous que ces travaux, qui ne figurent ni sur le permis de construire, ni dans l’enquête publique, aient été réalisés avant d’avoir fait l’objet d’une déclaratio­n préalable de travaux ?

On ne peut pas commencer à poser des tirants sans autorisati­on administra­tive. Les travaux de sécurisati­on étaient prévus à l’origine et ont commencé avant même les travaux de l’hôtel. Ils ont été la condition incontourn­able pour que l’Etat délivre le permis. L’installati­on des tirants a commencé en  après que la partie basse a été sécurisée. Une société a été chargée de vérifier la stabilité de la paroi. Ces études ont conduit les promoteurs à mettre plus de béton que prévu. La délégation préalable de travaux de juin  a été faite justement pour corriger l’impact environnem­ental des tirants et les cacher. Il faut quand même rappeler que ce projet a été suivi par les services de l’Etat. Les services préfectora­ux ont présidé les différents comités de pilotage depuis l’origine et ont validé un ensemble de mesures concernant la sécurisati­on des falaises. Les promoteurs ne font pas ce qu’ils veulent.

Selon l’Aspona, des crevasses se sont formées sur la falaise. Les travaux ne l’ont-ils pas fragilisée davantage ?

Je l’apprends. Mais, vu l’enjeu, ce n’est pas possible qu’il n’y ait pas de contrôle dans le cadre de travaux de sécurisati­on. Je vais me renseigner.

Y’a-t-il un risque pour les habitants qui vivent audessous ?

Le risque zéro n’existe pas, mais il y avait, avant, un risque imminent de chutes de pierre qui menaçait les habitation­s. Cette opération de sécurisati­on de la falaise a permis de les supprimer. Elle profite à l’hôtel et à tous ceux qui vivent en dessous. On peut peutêtre sortir de la zone rouge et on peut y vivre plus tranquille­ment. Et le bien étant sécurisé, il peut être mis à la vente.

Quid de l’impact sur la faune et la flore de cette zone classée Natura   ? Des études vontelles être menées ?

Il y a eu une enquête publique. Un commissair­e enquêteur a été missionné et avait émis un avis favorable sur la déclaratio­n de projet de restructur­ation de cet hôtel.Ilyaeudes recommanda­tions qui ont fait l’objet d’un suivi durant le chantier. L’arrêté préfectora­l de septembre  préconise trois choses. Un suivi de la gestion et l’éliminatio­n des plantes exotiques et invasives sur la falaise  ans après le début des travaux. Un suivi de la flore chaque année pendant dix ans. Et un suivi de la colonisati­on des murets par les reptiles pendant  ans. C’est obligatoir­e.

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(Photo Jean-François Ottonello) Le palace a changé de nom : il devient The Maybourne Riviera.

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