Monaco-Matin

L’Azuréenne Alexia Barrier dévoile ses projets

En cette Journée mondiale des océans, la navigatric­e azuréenne Alexia Barrier a fait le tour des sujets : ses ambitions, son engagement pour la planète, sa vie... Elle s’est confiée à coeur ouvert

- Propos recueillis par : Philippe HERBET et Antoine DELGOULET Photos : François VIGNOLA et Anne MILLET

Pour sa première circumnavi­gation, l’ambassadri­ce de l’Unesco a su dompter « l’Everest des mers », boucler ce tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, à bord de son fidèle Pingouin (rebaptisé TSE/4MyPlanet), la plus vieille « machine » de toute la flotte, mise à l’eau en 1998 pour Catherine Chabaud. Un peu plus de 111 jours à défier les océans, et parfois à s’interroger, aussi... Mais la Biotoise, qui est aujourd’hui rentrée dans le cercle très fermé de ces marins d’exception ayant pu jeter l’étrave de leurs bateaux sur tous les océans du globe, n’est pas du genre à laisser bien longtemps le doute s’installer. Alors elle en est déjà persuadée : elle sera forcément au départ de la 10e édition du Vendée Globe, en 2024. Mais avec un nouveau destrier et d’autres ambitions ! Avant de se plonger ensuite, corps et âme, dans d’autres défis, plus XXL encore… En cette Journée mondiale des océans, la parole de celle qui, depuis toujours, porte haut, sur le mât de ses conviction­s, la défense de la planète, résonne donc encore plus fort…

Le Vendée, vous l’avez dit, c’est le défi de toute une vie. Avec un peu de recul, que vous inspire le fait de l’avoir réussi ?

C’était quelque chose que je voulais absolument faire, depuis l’âge de mes  ans et cette première édition que j’avais suivie à la télé. Mais en arrivant, je me suis surtout dit que rien n’est jamais impossible. Qu’il faut toujours conserver ses rêves d’enfant. Et vivre ses passions. Ce qui est également tout aussi important, c’est de rester dans le partage.

Peu de marins, aujourd’hui, ont franchi la ligne aux Sables d’Olonne…

Depuis  ans, il n’y a eu que  finishers, alors qu’ils sont plus de  à avoir été dans l’espace. C’est visiblemen­t plus facile d’aller là-haut que de

terminer le Vendée Globe… Être sur la ligne de départ, c’était déjà extraordin­aire, finir l’est encore plus…

Six femmes sur cette e édition, un record ! Ça vous inspire quoi ?

Nous, les voileuses, on n’aime pas trop être cataloguée­s comme des nanas. C’est l’un des seuls sports mixtes, avec l’équitation, où l’on figure sur la même feuille de match. En course au large, en tout cas, on a autant de chances de gagner que les garçons. Parce qu’il n’y a pas que la force pure qui compte, mais il y a aussi la technique, l’aspect mental des choses… Et de ce côté, on sait autant se préserver, que préserver le bateau. C’est notre force !

Est-ce que la course a été plus compliquée que ce que vous aviez imaginé ?

Ça n’a jamais été simple. En fait, la grosse contrainte avant le départ - et qui nous avait été imposée par la jauge Imoca - a été de changer la quille du bateau. Et pour un tout petit budget comme le nôtre, le challenge était énorme. On a pu le faire, malgré tout, mais seulement un mois avant le départ. Du coup, et avec la Covid, je n’ai quasiment pas pu m’entraîner en . Alors, ducoup,etmêmesiça­a été parfois très dur, j’avais une énorme envie de naviguer. Et pris aussi un plaisir fou à découvrir de nouveaux océans, comme à batailler avec des concurrent­s qui, comme moi, étaient en fin de peloton. J’ai aussi appris, grâce à mon équipe à terre, à réparer des choses à bord que je ne savais pas réparer avant. Parce que comme le dit à juste raison Jean (Le Cam), « Un Vendée, c’est une emmerde par jour », et là, on est bien obligé de se surpasser…

On ne dira jamais assez l’importance de cette équipe à terre…

Effectivem­ent ! On dort très peu et, parfois, notre lucidité est bien dégradée. Grâce à eux, on obtient les clés pour réparer correcteme­nt le matériel quand c’est nécessaire.

Qu’est-ce qui vous a le plus émerveillé durant ce Tour du monde ?

On m’a toujours dit que le Grand sud, c’était beau, que le bateau y allait vite, avec de longues vagues. Je m’attendais donc à y faire de grands surfs paisibles. En vrai, j’ai l’impression d’avoir eu affaire à des mythomanes (rires). En fait, je n’ai eu que du vent violent, pas stable du tout. Alors certes, on était sur une édition particuliè­re, avec des fichiers météos moins précis à cause de la Covid, mais ce n’était pas ce à quoi je m’attendais. En revanche, dans ce Grand sud, un milieu plutôt hostile a priori, j’ai pu observer combien la nature y était encore protégée. On croise énormément d’animaux et ils sont juste peinards…

 skippers sur le Vendée,  histoires différente­s, mais une édition qui a fait rêver énormément de monde…

Personnell­ement, je me suis éclaté à partager mon aventure. D’autant que je savais qu’à terre, avec le confinemen­t, c’était très dur. Nous aussi étions confinés, mais on l’avait choisi ! J’espère qu’on leur a offert une petite bouffée d’oxygène, en leur faisant découvrir de nouveaux horizons.

Le sauvetage de Kevin Escoffier par Jean Le Cam aura aussi marqué les esprits...

Le jour où Kevin est passé à l’eau, on a tous retenu notre souffle. C’était fort ! Mais j’étais rassurée de savoir que c’était Jean qui était sur place. On sait aussi, quand ça arrive, que les seuls sur qui tu peux compter, ce sont tes concurrent­s. C’est ça qui fait la solidarité entre marins.

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C’est plus facile d’aller dans l’espace que de finir un Vendée Globe”

Dimanche  février, h : Alexia franchit la ligne d’arrivée du Vendée Globe aux Sables d’Olonne après  jours de course. dit-elle.

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« J’étais sur un nuage »

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