À l’aéroport de Nice, les tests s’enchaînent par centaines
Rudolf est assis un banc. De retour d’Italie, cet Allemand de 83 ans part pour le Luxembourg. On peut faire plus simple. Dix minutes d’attente pour un test antigénique dont le résultat ne fait aucun doute : il est vacciné, deux doses de Pfizer, l’affaire est classée.
Pour Conny, un mauvais moment à passer. Écouvillon dans le nez, il doit produire un test, lui aussi, pour se rendre au Danemark. Où sa voiture l’attend pour rentrer en Suède.
À l’écart, un jeune homme en blouse blanche prépare un lot d’échantillons pour le labo qui, à intervalles réguliers, dépêche un coursier. Il s’appelle Maxime, a vingt ans, est étudiant en médecine. La pharmacie de l’aéroport lui a proposé un CDD pour prélever à longueur de journée. Ils sont plusieurs, heureusement, car l’activité ne faiblit pas. Cent tests antigéniques et autant de PCR, minimum, par session. Avec un record à six cents, paraît-il, pendant le Grand Prix de Monaco.
Au comptoir de Corsica Airlines, Nadia répète à l’envi les consignes. Pour l’île de Beauté, c’est deux doses, la dernière depuis 14 jours au moins. Sauf Janssen : une dose depuis 28 jours. Seule alternative, un test PCR de moins de 72 heures ou un test antigénique sur l’instant. À raison de six vols par jour sur ATR 70 places, les avions ne font pas encore le plein, mais le trafic reprend. Quelques passagers ont été refoulés, faute de se plier aux règles sanitaires. Depuis ce mercredi, celles-ci sont légèrement assouplies.
«Onnesaitplus qui demande quoi »
Pour Amina, c’est une tout autre histoire. Cette jeune maman de 29 ans doit se rendre le 20 juin prochain à Tunis pour un jugement concernant la garde de ses enfants, après sa séparation d’avec le papa retourné au pays. Déjà deux heures d’attente devant le comptoir de Tunisair. « Sur le site du gouvernement français, il est indiqué que j’ai besoin soit du vaccin, soit d’un antigénique. À l’enregistrement, cela n’a pas l’air d’être aussi clair. » La Tunisie étant classée en orange, les arrivants doivent se soumettre à une « septaine » que pas grand monde, selon Amina, ne respecte. Elle, oui : « Une semaine d’isolement volontaire, j’ai fait un mot à la maîtresse pour l’absence de mon fils. » Elle sait qu’il faudra recommencer, d’ailleurs il faut justifier d’un motif impérieux pour avoir une chance de passer : « Le décès d’un proche, une convocation judiciaire… » Son père avait un billet pour ce dimanche : « Le vol est annulé, reprogrammé lundi. Personne n’a prévenu. S’il s’était présenté avec un test PCR, celui-ci aurait été périmé, il n’aurait jamais pu embarquer. »