Les clubs libertins rouvrent et c’est Madame qui décide
C’est une activité un peu plus confidentielle, mais qui a probablement le mérite d’exister. Les clubs libertins, eux aussi, ont rouvert hier. Avec des règles inchangées : Madame y est reine.
L’amour libre. On y vient sans filet. Mais toujours protégé. Ils en avaient gros sur la patate, les clients des clubs libertins. Privés d’activité depuis des mois, cruellement empêchés d’échanger. Depuis hier, à l’instar des cafés, ces antres de plaisirs partagés reprennent du service avec une jauge modérée. Exemple avec le Boudoir Cosy Bar, dans le quartier Saint-Augustin, à Nice. L’entrée est discrète, la sortie aussi. Mais dedans, c’est douillet. Tout de suite, des poufs. Et quelques autres pièces d’un mobilier rutilant. Où des canapés se devinent au loin, baignant dans la pénombre puisque partout, ici, la lumière est délicatement tamisée. Les yeux s’habituent, la vision s’accommode, le décor recèle des surprises, on repère une chaise à porteurs tapissée de velours rouge et une cabine téléphonique où l’on vient s’en griller une, à portée d’extracteur. Moins incongrus, le bol de préservatifs et la machine à hot-dogs. On cherchera vainement un distributeur de masques, de l’ordre du superflu ; l’ambiance est plus Hustler que cluster.
L’essentiel se joue derrière les rideaux. Parce que personne ne vient ici pour enfiler des perles, le patron, Robert, a prévu quelques aimables distractions. Pour l’instant, si l’ambiance est torride, c’est surtout dans le sauna et le hammam. Il est tôt, on ne compte qu’une poignée d’habitués, les festivités n’ont pas tout à fait commencé.
Derrière les rideaux
Ah, si. On n’y avait pas prêté attention, mais une sonore agitation traverse une cloison ajourée. En s’approchant – dans les limites de la décence pour ne pas faire offense –, on entrevoit une dame en chair, à son affaire. Les quatre fers en l’air. Elle souffle, hoquette, chuinte. Un jeune homme vient de rejoindre celui qui paraît être le compagnon légitime d’icelle, car le premier a demandé la permission
C’est cosy, c’est boudoir, mais l’essentiel se joue derrière les rideaux.
au second. Et c’est elle qui répond. Une façon pour le joyeux trio de s’envoyer en l’ère médiévale, car le recoin regorge d’ustensiles tout droit inspirés de l’An Mille. Un sling. Entre string géant et balancelle en peau. Un carcan où l’on vient s’entraver les mains et la tête. Une croix de saint André avec menottes pour chevilles et poignets. Il y a même une cage, un cheval d’arçons et un banc de fessée. De quoi méchamment s’amuser.
C’est SM et elle aime. Attention cependant, il ne faudrait pas s’y tromper, le boss semble vouloir insister : c’est toujours Madame qui décide.
« La femme est reine »
Robert rappelle que, dans son club comme ailleurs, « les gens se respectent » et « les règles sont strictes ». Parlons-en, de ces usages. « Dans l’univers libertin, il faut que le couple soit solide. La femme est reine. » C’est joliment dit. L’un dans l’autre, cela se vérifie : « Certaines veulent quatre, sept, voire vingt hommes. Mais ce sont elles qui choisissent. » Il le martèle : « Un refus n’a pas à être expliqué. » Quand c’est non, c’est non. Tout au fond, les couinements ont fait place à une litanie de petits cris. Pour la dame replète, et bientôt repue, aujourd’hui, c’était oui.