Monaco-Matin

Refuges de montagne : les incertitud­es sont de retour

De nombreux refuges du Mercantour attaquent leur saison ce week-end. Au contexte sanitaire s’ajoute la tempête Alex, qui entrave l’accès de plusieurs établissem­ents emblématiq­ues.

- A. L. alouchez@nicematin.fr

Une drôle de saison s’annonce pour les refuges du Mercantour. Comme l’an dernier, il faudra à nouveau faire avec les contrainte­s sanitaires. Distanciat­ion, réservatio­n obligatoir­e… Des règles en contradict­ion avec l’esprit d’un refuge, où l’on partage le couvert et le gîte avec des inconnus.

À cela s’ajoute la tempête Alex. A priori pas de dégâts directs, mais les accès sont compliqués pour quatre refuges emblématiq­ues. On fait le point.

Quand commence la saison ?

Les refuges sont ouverts de mijuin à fin septembre. Cette année, c’est le 12 juin pour ceux appartenan­t au Club alpin français (Caf). Sauf pour la Cougourde, au-dessus du Boréon, qui sait déjà que les accès ne seront dégagés qu’au début du mois de juillet (voir par ailleurs). À noter que le refuge de Longon, appartenan­t à la commune de Roure et situé sur le GR5, sera fermé cet été, pour rénovation.

Quels refuges sont touchés par Alex ?

Quatre sont indirectem­ent concernés. Et pas n’importe lesquels : « Ils représente­nt presque 50 % de nos nuitées », tranche Georges Torelli, vice-président du Caf NiceMercan­tour.

Côté Roya, le refuge des Merveilles et celui de la Valmasque sont touchés par le manque d’accès au lac des Mesches et à Castérino, les portes d’entrée traditionn­elles.

Côté Vésubie, la Cougourde est tributaire de la rénovation de l’accès au Boréon et des sentiers de randonnées. Le refuge de la Madone des Fenestres, à SaintMarti­n-Vésubie, sera lui privé de son accès routier.

Les montagnard­s du dimanche viendront-ils ?

Dans quelle mesure les randonneur­s du dimanche vont-ils être refroidis ? Les sentiers endommagés sont ceux fréquentés par les dilettante­s, les familles, les touristes à la journée… Sans route, les clients habituels du refuge la Madone ne pourront pas venir.

Aux Merveilles, le refuge habituelle­ment le plus fréquenté du Mercantour : «Ce ne sera plus la même chanson, s’inquiète Georges Torelli. Si on doit partir de SaintDalma­s-de-Tende plutôt que du lac des Mesches, on passe de 450 à 1 700 mètres de dénivelé… Ça oblige les gens à y passer la nuit. » Certes, il y a un projet de piste du Speggi mais il n’offre aucune certitude.

Quel impact ?

Résultat : c’est l’incertitud­e totale. Pour le Caf, qui récolte l’argent des nuitées, comme pour les gardiens, qui se font leur beurre sur le reste (principale­ment la restaurati­on). « Sur la saison dernière, on a perdu 30, 35 % de nuitées avec la Covid, reprend Georges Torelli. Là, si on arrive à tourner à 50 %, on sera satisfait. Mais si c’est trop compliqué, peut-être que des gardiens arrêteront au bout de deux mois. Si les problèmes d’accès routiers perdurent plusieurs années, il va falloir revoir l’exploitati­on de ces refuges, ou on ne trouvera plus de gardien ». La profession compte monter au créneau. Le but : demander des aides, pour compenser les surcoûts d’approvisio­nnement et de perte d’exploitati­on.

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(Photo E. O.) Le refuge de Nice, dans la vallée de la Gordolasqu­e, en haute Vésubie, ouvrira le  juin.

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