Gifle à Macron : des failles dans la sécurité ?
L’agression mardi à Tain-l’Hermitage remet en question la protection du Président et expose les risques souvent pris par le chef de l’Etat.
Yaurait-il eu des failles dans la protection d’Emmanuel Macron ? Alors que l’épisode de la gifle relance le débat sur sa sécurité, des experts estiment que le risque zéro n’existe pas avec un chef de l’Etat qui veut continuer à « aller au contact ».
« On peut assurer le filtrage à l’entrée d’un site, mais éviter que quelqu’un lance un crachat, une parole malheureuse, un acte de cette nature, c’est strictement impossible. Le risque zéro n’existe pas », insiste Frédéric Auréal, ex-patron de la sécurité du président jusqu’en 2019, hier, sur France Inter, exposant « la difficulté de concilier proximité et sécurité ».
D’autant qu’en France, le chef de l’Etat va où il veut et décide toujours en dernier ressort, contrairement par exemple aux Etats-Unis où le service de sécurité peut imposer son veto au Président. Avec Emmanuel Macron, qui raffole des bains de foule et aime « aller au contact », les sueurs froides sont assurées pour les équipes chargées d’assurer sa protection.
« Si on faisait vraiment de la sécurité, il n’y aurait pas d’images et le président ne serrerait plus une seule main », résume Pierre-François Degand, officier de sécurité au Service de protection des hautes personnalités (SDLP) dans le Dauphiné libéré.
Remise en question
Mais en descendant de sa voiture à l’improviste mardi dans la Drôme pour aller serrer des mains, avant de se prendre une gifle, Emmanuel Macron a pris un risque plus élevé, selon des professionnels.
« Le président, en chemise, sort de son véhicule pour aller au contact de la foule ». Il arrive à petites foulées, « un peu avant sa bulle de sécurité, cela casse le triangle, ne nous le cachons pas », a commenté Frédéric Auréal mardi sur BFMTV. « Mais l’officier de sécurité a la bonne réaction au bon moment, il l’exfiltre. »
« La sécurité a manqué d’anticipation », « le GSPR s’est laissé dépasser par leur autorité [le président] du fait de sa jeunesse et de ce qu’il veut montrer », abonde Christian Prouteau, ex-patron du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République) sur Radio Classique. « Cette fraction de seconde où l’homme lui prend le bras pose un problème sur ce qu’il pourrait se passer si les intentions avaient été audelà de l’offense. » Ils devront, selon lui, effectuer « une remise en question ».
« Pas d’alerte particulière »
« Il n’y a pas eu d’alerte particulière » de la part des services de sécurité sur la dangerosité de ce bain de foule, a assuré, hier, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, démentant une information de BFMTV selon laquelle sa sécurité l’avait mis en garde juste avant, en lui déconseillant de descendre de voiture. Critique, le fondateur du GSPR Alain Le Caro, interrogé par l’Agence France Presse (AFP), dénonce un « manquement ». « Pourquoi cet homme était-il là ? Pouvait-on l’en empêcher ? Est-il normal que le président se mette dans la position d’être frappé ? », se demande-t-il.
« Sa sécurité ne peut pas l’empêcher d’aller au contact mais peut lui dire d’attendre quelques instants, qu’elle examine la situation », ajoute-t-il. «Iln’y a pas de faute, parce que, au final, il n’y a qu’un coup, sans atteinte à l’intégrité physique du président », nuance PierreFrançois Degand. « Mais les conseillers en image nous demandent de nous écarter pour privilégier de belles images, d’élargir un peu le cercle. C’est là que ça pose problème. »
Hier soir, on apprenait que Damien T., l’homme qui a giflé Macron, serait jugé, cet après-midi, en comparution immédiate.