Monaco-Matin

Philharmon­ique : la saison du courage et de l’excellence

Elle s’est achevée, hier, en apothéose sous la direction d’une femme chef d’orchestre, Alondra de la Parra qui a fait lever les foules avec son « Bolero de Ravel ». Immersion.

- ANDRÉ PEYREGNE

Le pari était fou ! Maintenir la saison de concerts malgré la crise sanitaire alors que, partout dans le monde, les salles étaient fermées. Il fallut pour cela la triple volonté du gouverneme­nt princier, de la direction de l’orchestre assumée par Kazuki Yamada et Didier de Cottignies, et des musiciens.

« Vous êtes des privilégié­s »

Le pari a été tenu et gagné. La saison s’est déroulée d’un bout à l’autre et s’est achevée hier en feu d’artifice. Certes, les jauges du public ont été réduites, les gestes barrière imposés. Mais la saison a été sauvée.

Elle a suscité la jalousie des mélomanes de l’Europe entière. Combien en a-t-on eu au téléphone qui appelaient pour vérifier que les concerts avaient bien eu lieu. Ils n’en croyaient pas leurs oreilles. Avant de raccrocher, ils nous disaient inévitable­ment : « Vous êtes des privilégié­s ! »

Oui, nous l’avons été. Et doublement ! Cette saison a été non seulement celle du courage mais aussi celle de l’excellence. Plusieurs concerts ont été « historique­s ». Par exemple ceux de l’intégrale des cinq concertos de Beethoven interprété­s par le pianiste Krystian Zimerman. (Est-il besoin de rappeler, à ce propos, que Krystian Zimerman reviendra à Monaco mardi prochain pour un concert de musique de chambre?). La présence du chef d’orchestre Charles Dutoit à la tête de l’orchestre dans l’ « Oiseau de feu » de Stravinsky a été quelque chose d’inoubliabl­e. De même que l’interpréta­tion du 3e concerto de Prokofiev par une Martha Argerich qui, à la veille de ses 80 ans, a déployé une vigueur d’athlète. On pourrait encore citer la phénoménal­e interpréta­tion d’un autre concerto de Prokofiev par le pianiste Alexandre Kantorow, qui a été l’ « artiste en résidence de l’année », ou tant d’autres moments.

Des privilégié­s, oui ! Et jusqu’au dernier concert, hier, où nous avons eu droit à une interpréta­tion époustoufl­ante du concerto de Gershwin par le pianiste Joge Luis Prats. L’orchestre, magnifique à tous ses pupitres, était placé sous la direction d’une des rares femmes chefs d’orchestre qui fasse autorité sur la scène internatio­nale, la Mexicaine Alondra de la Parra. Sachant allier la fermeté masculine au charme féminin, elle a suscité une standing ovation avec son Boléro de Ravel. Un final en apothéose pour une saison dont on se souviendra.

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(Photo Jean-François Ottonello) La chef d’orchestre Alondra de la Parra.

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