Philharmonique : la saison du courage et de l’excellence
Elle s’est achevée, hier, en apothéose sous la direction d’une femme chef d’orchestre, Alondra de la Parra qui a fait lever les foules avec son « Bolero de Ravel ». Immersion.
Le pari était fou ! Maintenir la saison de concerts malgré la crise sanitaire alors que, partout dans le monde, les salles étaient fermées. Il fallut pour cela la triple volonté du gouvernement princier, de la direction de l’orchestre assumée par Kazuki Yamada et Didier de Cottignies, et des musiciens.
« Vous êtes des privilégiés »
Le pari a été tenu et gagné. La saison s’est déroulée d’un bout à l’autre et s’est achevée hier en feu d’artifice. Certes, les jauges du public ont été réduites, les gestes barrière imposés. Mais la saison a été sauvée.
Elle a suscité la jalousie des mélomanes de l’Europe entière. Combien en a-t-on eu au téléphone qui appelaient pour vérifier que les concerts avaient bien eu lieu. Ils n’en croyaient pas leurs oreilles. Avant de raccrocher, ils nous disaient inévitablement : « Vous êtes des privilégiés ! »
Oui, nous l’avons été. Et doublement ! Cette saison a été non seulement celle du courage mais aussi celle de l’excellence. Plusieurs concerts ont été « historiques ». Par exemple ceux de l’intégrale des cinq concertos de Beethoven interprétés par le pianiste Krystian Zimerman. (Est-il besoin de rappeler, à ce propos, que Krystian Zimerman reviendra à Monaco mardi prochain pour un concert de musique de chambre?). La présence du chef d’orchestre Charles Dutoit à la tête de l’orchestre dans l’ « Oiseau de feu » de Stravinsky a été quelque chose d’inoubliable. De même que l’interprétation du 3e concerto de Prokofiev par une Martha Argerich qui, à la veille de ses 80 ans, a déployé une vigueur d’athlète. On pourrait encore citer la phénoménale interprétation d’un autre concerto de Prokofiev par le pianiste Alexandre Kantorow, qui a été l’ « artiste en résidence de l’année », ou tant d’autres moments.
Des privilégiés, oui ! Et jusqu’au dernier concert, hier, où nous avons eu droit à une interprétation époustouflante du concerto de Gershwin par le pianiste Joge Luis Prats. L’orchestre, magnifique à tous ses pupitres, était placé sous la direction d’une des rares femmes chefs d’orchestre qui fasse autorité sur la scène internationale, la Mexicaine Alondra de la Parra. Sachant allier la fermeté masculine au charme féminin, elle a suscité une standing ovation avec son Boléro de Ravel. Un final en apothéose pour une saison dont on se souviendra.